Pourquoi êtes-vous candidat à la tête de la CPU ?
Je pense qu'il est possible de faire quelque chose de plus de la CPU que ce qu'elle est déjà, en l'installant comme le lieu incontournable de l'expression des universités et des débats sur l'enseignement supérieur et la recherche. Cela a évidemment déjà commencé, mais il faut renforcer ce positionnement. J'espère également accentuer sa dimension "groupe de pression", de "lobby", en allant voir les parlementaires, les syndicats, etc.
Nous ne sommes plus, et depuis longtemps, la courroie de transmission du ministère de l'Enseignement supérieur. La voix de la CPU doit être ferme et claire, en débutant toujours en amont par l'étape difficile de la recherche de consensus au sein des présidents.
Quelle serait votre priorité ?
La question des moyens des universités est centrale, avec la nécessaire sécurisation de la masse salariale, mais aussi l'augmentation des moyens de fonctionnement. La promotion des étudiants dans les entreprises, en particulier les docteurs, me semble également fondamentale.
Vous adressiez il y a quelques mois un avertissement à la ministre de l'Enseignement supérieur : "We want our money back". Cette demande reste-t-elle d'actualité ?
Plus que jamais ! Le GVT (Glissement Vieillesse-Technicité) 2012 n'est toujours pas là. Il manque donc environ 45 millions € aux universités. On ne peut afficher comme priorité l'enseignement supérieur et la recherche sans faire cet effort envers les universités.
L'actualisation de la masse salariale n'est pas au rendez-vous non plus pour l'instant : les 2.2% d'augmentation du budget 2013 ne couvrent pas le GVT. Nous nous sommes chargés de l'enquête GVT cette année, et nous devrions avoir une vision exacte très bientôt. Celui-ci devrait être de l'ordre de 0.5% de la masse salariale.
Vous candidatez à la tête de la CPU avec les présidents Gérard Blanchard et Khaled Bouabdallah. Quel est le sens de ce ticket ?
Nous sommes tout d'abord trois présidents qui nous connaissons depuis longtemps, s'apprécient et veulent travailler ensemble. C'est tout sauf un ticket de "bric et de broc" ou de dernière minute.
Nous sommes également des présidents de deuxième mandat. Nous avons donc tous fait le tour de nos universités, leurs rouages… et leurs chausse-trappes. C'est important car il y a énormément de travail à faire sur le compagnonnage auprès des nombreux nouveaux présidents.
Nous sommes trois présidents des marges de la ville, chacun très attentif à la question de l'ascension sociale de nos étudiants
Paris 13, La Rochelle, Saint-Etienne... Vous êtes chacun à la tête d'une université en périphérie des grands centres universitaires.
Effectivement, c'est le temps de la périphérie... et de la pluridisciplinarité ! Cela ferait d'ailleurs une alternance : le bureau actuel représente des universités de centre ville.
Nous sommes trois présidents des marges de la ville, chacun très attentif à la question de l'ascension sociale de nos étudiants. Au-delà de l'incantation des 30% de boursiers, il faut véritablement organiser l'ascension de tous nos étudiants, ce qui passe par des questions aussi basiques que les places en bibliothèque, la gratuité des repas à la fac, ou l'accès à un véritable apprentissage des langues vivantes… La future loi doit d'ailleurs s'intéresser à ces questions, en plaçant l'étudiant au cœur du dispositif.
Qu'attendez-vous justement des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche qui arrivent à leur terme fin novembre avec le rendez-vous national, et de la future loi ?
Concernant l'organisation des universités, je pense qu'il faut refonder la loi LRU, en mettant en place un nouveau système de fonctionnement – sans revenir à l'ancien.
Beaucoup d'universités attendent la possibilité de mieux organiser la subsidiarité et la collégialité. Notamment en décentralisant certains pouvoirs au plus près des acteurs concernés. Cela n'a par exemple aucun sens d'avoir retiré ses pouvoirs au CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire). Cette subsidiarité est d'autant plus nécessaire que nous arrivons à la fin du cycle "1968", et qu'il faut reconstruire la "grande" université.
La loi LRU a également inscrit l'insertion professionnelle dans nos missions, il s'agit maintenant de la concrétiser rééllement.
Vous êtes proche du parti socialiste, est-ce un avantage pour se faire élire au moment où un gouvernement de gauche est au pouvoir ?
C'est un inconvénient pour se faire élire, avec le risque d'être accusé d'être la roue de secours d'un ministère de gauche, mais aussi un avantage : connaitre un grand nombre de responsables est toujours utile.
La biographie de Jean-Loup Salzmann
La biographie de Gérard Blanchard
La biographie de Khaled Bouabdallah
Les biographies des dirigeants actuels du bureau de la CPU : Louis Vogel, Yvon Berland et Anne Fraïsse