Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans l'enseignement supérieur en France ?
D'abord les classes préparatoires, qui n'existent nulle part ailleurs. Je m'interroge sur leur pertinence, en particulier en ce qui concerne les études de commerce et de management. En effet, les étudiants reçoivent un enseignement généraliste très poussé avant d'entrer dans une grande école. Mais, au final, ils auront côtoyé le monde de l'entreprise pendant seulement trois ans, au lieu de cinq ans comme cela est pratiqué à l'étranger. Je ne suis pas sûr que ce soit à leur avantage dans leur recherche d'emploi à l'international.
De plus, l'existence même des grandes écoles est surprenante du point de vue de pays comme l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche, dans lesquels la très grande majorité des cadres supérieurs sortent d'une université. Ce qui induit une autre différence fondamentale : les études de management et commerce y sont quasiment gratuites, alors qu'elles sont onéreuses en France.
Comment analysez-vous leurs stratégies, en termes de marketing, d'alliances ou d'innovation ?
Dans un contexte de forte concurrence, il est clair qu'elles cherchent constamment à innover. Que ce soit dans le numérique, à travers des parcours à l'étranger, ou encore des enseignements en langues étrangères. Du coup, les étudiants français vivent une situation de laboratoire.
Par ailleurs, certaines ESC deviennent "Écoles de management", tandis que d'autres prennent des noms assez surprenants : Audencia, Kedge... Ici, une nouvelle école émerge, là, deux écoles fusionnent, ouvrent un campus à l'étranger avant de le fermer...
Ces changements sont tout à fait étonnants vu de l'étranger, notamment en Allemagne où les établissements, universitaires pour la plupart, ne sont pas en réelle concurrence. On en vient parfois à se demander si les écoles sont encore focalisées sur leurs compétences centrales, à commencer par l'enseignement, ou bien si elles se laissent distraire par ce qui semble être un mouvement stratégique mais qui, au fond, n'est qu'un passe-temps...
Sur le plan de la recherche, que retenez-vous de la politique française ?
Ces dix dernières années, j'ai pu observer le ralliement des établissements français vers le système de recherche anglo-saxon, avec une incitation à publier croissante. Or, le rattrapage est brutal et conduit à une politique de la recherche soumise à une approche quantitative excessive, via la bibliométrie. On est passé d'un extrême à un autre, au détriment d'un regard sur la qualité des publications, et c'est très regrettable. Mais je pense que nous reviendrons à un juste milieu.
Comment tisser un partenariat avec une université du top 100 mondial ? C’est la question à laquelle les intervenants répondront lors de notre conférence le vendredi 15 novembre 2013.
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