D’après votre expérience, quelle particularité du système d'enseignement supérieur français vous vient à l'esprit en premier lieu ?
Je parlerai d'abord des étudiants : ils me semblent d'une certaine manière assez matures, et avoir une culture générale plus importante qu'au Chili. Ils ont un rapport aux études plus intellectuel, plus académique. Chez nous, au contraire, les étudiants sont beaucoup plus focalisés sur des attentes de diplômes avant tout professionnalisants et misent fortement sur leur insertion professionnelle.
Comment expliqueriez-vous cette différence ?
D'ores et déjà, il faut comprendre que les frais d'inscription en France sont beaucoup moins élevés qu'au Chili. Les universités chiliennes, qu'elles soient publiques ou privées, appliquent des tarifs non réglementés, qui avoisinent souvent les 5.000€ annuels. Les bourses, certes, concernent près de 40% des étudiants, mais ne prennent en charge que la moitié des coûts, le reste pouvant être apporté par un crédit bancaire dont l'état peut se porter caution.
Comment analysez-vous le fonctionnement de la recherche en France ?
C'est un peu le même schéma que pour les étudiants : j'y remarque une forte interdisciplinarité, mais aussi une collégialité plus forte qu'au Chili. Par exemple, en France, ce sont les pairs qui jugent de la qualité des professeurs et des travaux de recherche. Le poids de la communauté est important, les mandarinats existent, et le prestige des chercheurs peut peser dans les décisions de financement ou de promotion. Le système français est très tribal !
Au Chili, en revanche, vous pouvez ne pas avoir de réseau, mais pour autant recevoir des subventions de l'État car vous aurez publié dans une revue américaine reconnue.
Au Chili, l'État se veut neutre vis-à-vis des établissements et pourvoit ses subventions de recherche après une mise en compétition des équipes
D’un point de vue global, en quoi les approches de la politique universitaire des deux pays se distinguent-elles fortement ?
Au Chili, le paradigme de la politique universitaire est clairement défini par le marché et l'autorégulation. L'État se veut neutre vis-à-vis des établissements et pourvoit ses subventions de recherche après une mise en compétition des équipes. Et il peut laisser mourir une université si celle-ci n'obtient pas de résultats : au Chili, si vous n'êtes pas bon, vous n'êtes pas puni par l'État, mais par le marché universitaire !
En fait, la poussée libérale que l'on rencontre dans le monde se confronte à une résistance forte dans la communauté universitaire française. Au Chili, le même phénomène est en plein développement.
Comment tisser un partenariat avec une université du top 100 mondial ? C’est la question à laquelle les intervenants répondront lors de notre conférence le vendredi 15 novembre 2013.
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