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L'enseignement supérieur français... vu de Corée du Sud

Cécile Josselin Publié le
L'enseignement supérieur français... vu de Corée du Sud
Hye-Gyeong Kim-de Crescenzo, université de Provence // ©  DR
Les universités coréennes sont bien plus compétitives qu'en France, ce qui met beaucoup de pression sur les étudiants de ce pays. Hye-Gyeong Kim-de Crescenzo, maître de conférences au département d’études asiatiques de l’université de Provence, compare pour EducPros les systèmes universitaires des deux pays.

Quelles sont les principales différences entre les deux systèmes ?

L'entrée dans une bonne université est un enjeu capital en Corée du Sud. Les universités y sont très hiérarchisées. Pour leur donner le plus de chances possible d'intégrer la meilleure, presque tous les parents inscrivent leurs enfants dans des cours du soir supplémentaires, extrêmement exigeants, jusqu'au bac. Les enfants y subissent une énorme pression !

Ils intègrent telle ou telle université en fonction de leurs notes et selon des tests d'entrée. Dès qu'ils sont retenus, ils se “lâchent”, car cela représente alors un véritable sas de décompression avant le début de leur vie professionnelle.

La deuxième différence qui m'a le plus surprise à mon arrivée ici est l'organisation de l'année d'études. En France, elle est découpée en quatre périodes, les grandes vacances de trois mois et trois petites vacances. En Corée, la rentrée commence le 1er mars et les étudiants ont deux périodes de grandes vacances de deux mois chacune.

Autre grande différence : le cursus. La licence se fait ici en trois ans contre quatre en Corée.

Et au niveau des relations profs-étudiants ?

En Corée, la politesse et le respect sont des vertus cardinales. Il est très étonnant pour nous, par exemple, de voir un étudiant français croiser un professeur qu'il ne connaît pas dans un couloir sans le saluer. En Corée, il baisserait au moins la tête ou s'inclinerait en signe de respect.

La notion de solidarité y étant également très importante, l'année universitaire commence par une sortie commune entre profs et étudiants, le “Membership training”, qui dure un week-end hors du campus.

Concernant la carrière du professeur d'université, quelles sont les principales différences ?

Dans la répartition du travail, il y a beaucoup de ressemblances. Les professeurs font de l'enseignement comme de la recherche... Pour autant, il existe de vraies différences.

Pour enseigner dans une université coréenne, il faut “juste” avoir le doctorat. Les profs coréens n'ont pas à passer de qualification comme en France.

Il est essentiel de publier au minimum deux-trois articles par an dans des revues renommées. Les enseignants sont également évalués par leurs élèves sous forme de QCM.

En France, les parents et la société respectent beaucoup plus les choix d'études et de carrière des jeunes.

Quel est, pour vous, le meilleur système ?

Je ne peux pas vous dire. Aucun système n'est parfait. Je trouve que tout être humain peut s'améliorer. Or, en Corée du Sud, il faut réussir à un certain moment. Si le jeune a une adolescence difficile, toute sa vie risque d'en être affectée.

En France, les parents et la société respectent beaucoup plus les choix d'études et de carrière des jeunes.

L'enseignement supérieur en Corée du Sud
La Corée du Sud compte près de 3,7 millions d’étudiants et 433 établissements d’enseignement supérieur qui suivent un classement très précis, selon l’ambassade de France en Corée du Sud.

Parmi eux, 227 universités (dont 48 publiques et 179 privées), 163 collèges universitaires (équivalents de nos IUT) et 43 écoles supérieures, auxquels s’ajoutent quelques établissements spécialisés.

Avec des droits de scolarité de 6.500 euros par an en moyenne, la Corée du Sud se place au deuxième rang des pays de l’OCDE juste derrière les Etats-Unis sur la question des frais d'inscription.

Hye-Gyeong Kim-de Crescenzo

Maître de conférences au département d’études asiatiques de l’université de Provence où elle travaille depuis 2003, Hye-Gyeong Kim-de Crescenzo est une des rares professeurs de coréen en France qui a commencé sa carrière d’enseignante dans son pays natal.

Cécile Josselin | Publié le