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"Les doctorants allemands envisagent plus facilement un poste en entreprise"

Cécile Peltier Publié le
"Les doctorants allemands envisagent plus facilement un poste en entreprise"
Vue de l'UFA (Université franco-allemande) à Sarrebruck (Allemagne). Elle a signé avec l'ABG (Association Bernard-Grégory) une convention de partenariat pour l'insertion professionnelle des docteurs. // © 
Chargée de mission à l’antenne franco-allemande ABG-UFA, Bérénice Kimpe s'attache à accompagner avant, pendant et après leur thèse, les doctorants français et allemands. Et constate que nos voisins envisagent plus facilement une carrière en entreprise.

Quels doctorants recevez-vous dans le cadre de vos missions ?

Je reçois des doctorants, de sciences dures et de SHS, en quête de conseils professionnels, notamment des Français et des Allemands en recherche de mobilité. L'Allemagne est le premier partenaire économique de la France. Ses besoins importants en profils qualifiés dans les sciences dures liées au vieillissement de sa population et sa bonne santé économique en font un espace attractif. Ils entrent en contact avec l'antenne via Google, notre mailing list, une rencontre lors d'un événement ou par le responsable de leur collège doctoral avec l'envie de faire le point sur leur situation, d'obtenir des conseils pour leur carrière...

Le taux de chômage des jeunes docteurs en France est de 9% contre 3% pour l'OCDE, d'après une étude du Commissariat général à la stratégie et la prospective. En cause, le sous-investissement en R&D du privé, la préférence donnée aux ingénieurs pour la recherche... Est-ce le cas outre-Rhin ?

C'est un peu différent. En Allemagne, les grandes écoles n'existent pas et le doctorat, très reconnu, n'est pas seulement vu comme un passeport vers une carrière académique. En chimie, par exemple, il est presque indispensable pour décrocher un poste à responsabilité dans une grande entreprise. Résultat : presque tous les étudiants en master font un doctorat.

Les doctorants allemands envisagent aussi plus facilement un poste en entreprise. Les Français, eux, sont plus centrés sur l'enseignement et la recherche publics et ont tendance à considérer la R&D comme le seul débouché alors qu'il existe des perspectives dans le conseil, le marketing, le commercial, les RH, la création d'entreprise, en particulier les biotechnologies... Les doctorants, quelle que soit leur nationalité, doivent davantage travailler leur projet professionnel, la valorisation de leur ­parcours et de leur projet de recherche.

L'Allemagne peut-elle constituer une source d'inspiration pour la France ?

Oui, et inversement. Il existe en Allemagne une véritable coopération entre le système éducatif et le monde économique, notamment via l'alternance qui est très répandue. Dans les Fachhochschulen, beaucoup de professeurs sont issus de l'entreprise. Un autre point fort concernant l'intégration des jeunes diplômés en entreprise consiste à leur faire découvrir différents services dans le cadre des Trainee Programms ou des PhD Programms (exemple : ProMotion, de BMW).

Les Allemands, eux, nous ­envient notre convention industrielle de formation par la recherche qui permet de réaliser un doctorat en entreprise. Le taux d'insertion de ces doctorants formés aux codes de l'entreprise, à la communication avec le privé est meilleur. En Allemagne, le dispositif n'existe pas en tant que tel et ce type d'opportunité est limité à quelques grandes entreprises.

Quelles actions peuvent faciliter l'insertion professionnelle des doctorants ?

J'axe mon accompagnement sur des actions très concrètes, individuelles ou par petits groupes. J'interviens dès le master afin de les faire réfléchir à la plus-value d'une formation doctorale. Ensuite, je les pousse à s'interroger sur ce qu'ils aiment faire, à confronter leurs envies avec la réalité du terrain et à prendre conscience des compétences valorisables auprès d'un recruteur : la gestion d'un projet de longue durée, avec des objectifs et une obligation de résultats, la recherche de financement, parfois la gestion d'équipe intéressent les entreprises... ­

J'essaye bien sûr de créer un lien avec l'entreprise – les PME constituent notamment des débouchés intéressants pour les docteurs car ce sont elles qui font le plus de R&D. L'année dernière, les doctorants ont apprécié les visites d'entreprises individuelles avec des rencontres de chercheurs et de cadres maison. Nous les incitons à "réseauter" sans ­attendre la fin du doctorat. C'est l'esprit de nos "Apéro Doc". Je crois beaucoup à l'échange d'expérience et à l'impact des "modèles".

L'UFA, une université pas comme les autres
Créée en 1997 par l'accord de Weimar et financée à moitié par la France et l'Allemagne, l'UFA n'a vraiment d'université que le nom. "C'est un réseau d'universités françaises et allemandes qui soutient des programmes de formation bio-nationaux. Elle évalue la qualité des formations dispensées par ces établissements et leur accorde des financements", précise Bérénice Kimpe.
Sa mission première : encourager la mobilité franco-allemande au niveau étudiant et doctoral et former des personnes pour un marché de l'emploi international.
Interface, la lettre des relations écoles-universités-entreprises

Comment optimiser sa récolte de la taxe d’apprentissage ? Comment améliorer l’insertion professionnelle de ses jeunes diplômés ? De quelle manière établir des partenariats avec des PME ? La réponse est dans Interface, la nouvelle lettre bimensuelle qui facilite les relations entre l’enseignement supérieur et le monde économique.

Lancée par l’Etudiant-EducPros et l’Entreprise, Interface s’adresse aux professionnels des relations écoles-universités-entreprises (directeurs d’établissements, responsables des relations entreprises, BAIP, mais aussi campus managers, recruteurs, RH…).

Dans chaque numéro, huit pages de conseils, d’analyses et de bonnes pratiques mais aussi toute l’actualité du secteur, les manifestations et les nominations qui comptent.

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Cécile Peltier | Publié le