Le centre Bronica pour l'entrepreneuriat a été créé en 2004 au sein du Technion. En quoi cette initiative était-elle alors originale et qu'en est-il aujourd'hui ?
Aujourd'hui, chaque université ou presque dispose d'un centre pour l'entrepreneuriat. Ces structures peuvent se différencier par leurs activités et leurs objectifs, mais le concept s'est généralisé. Il y a treize ans, il s'agissait encore d'une initiative atypique, et à ma connaissance, la première du genre au sein du monde académique israélien.
En dehors des cours qu'il dispense, le centre Bronica ambitionne de créer un point de rencontre avec l'écosystème high-tech local, notamment au travers de sa compétition pour jeunes pousses BizTec (voir encadré), de son club d'entrepreneurs ou via ses activités de consulting. Quelle est sa principale mission ?
L'objectif majeur du Centre Bronica est d'initier des étudiants spécialisés en ingénierie ou en sciences à la dimension commerciale du développement d'une innovation technologique. Il s'agit de leur apprendre comment transformer cette invention un succès économique. Et également de les motiver pour devenir de futurs entrepreneurs au cours de leur carrière.
L'objectif majeur du Centre Bronica est d'initier des étudiants à la dimension commerciale du développement d'une innovation technologique.
Quelle est la spécificité de ce centre, en comparaison à d'autres structures semblables en Israël ou ailleurs ?
Le Technion reste un lieu à part à bien des égards. Rares sont les universités à rassembler sous un même toit une école de médecine, des facultés d'ingénierie, de design et d'architecture, ou encore de business. De plus, l'esprit entrepreneurial israélien, qui est à l'origine de la "Start-up Nation", est très favorable à nos activités.
Au total, près de 500 étudiants du Technion, pour la plupart en premier cycle, assistent chaque année à des cours d'entrepreneuriat, au sein du Bronica Center comme au sein de nos différentes facultés. Ces cours sont facultatifs mais ils peuvent faire partie d'une mineure en entrepreneuriat prévoyant la validation de trois cours obligatoires.
Les lauréats du concours Biztec 2015 organisé par le centre Bronica du Technion. // © Technion
De quels moyens le Centre dispose-t-il ?
Il s'appuie sur trois personnes à plein temps ainsi que sur cinq étudiants à temps partiel. Nous fournissons plus de 100 séances d'accompagnement par an aux étudiants dont le projet requiert un accompagnement. En général, il s'agit de coacher ces entrepreneurs en herbe sur leur modèle de business, la propriété intellectuelle, la stratégie client, etc.
Nous sommes adossés à la faculté d'ingénierie industrielle et de management, qui s'est imposé comme un centre de recherche de référence sur l'entrepreneuriat. Ses travaux prennent en compte les données que nous leur fournissons, sur la base par exemple des caractéristiques démographiques de nos participants.
Le Technion qui compte aussi des "start-up MBA" a tout récemment lancé "Drive", un nouveau programme censé investir chaque année 100.000 dollars dans dix start-up fondées par des enseignants, des étudiants, ou d'anciens alumni de l'Institut.
Voilà plus d'une décennie que le Technion a développé des moyens pour commercialiser les technologies initiées au sein de ses différents départements. "Drive" est un outil supplémentaire pour encourager les étudiants les plus prometteurs et stimuler le corps enseignant. L'idée est de transformer de jeunes initiatives en autant de business florissants. Certaines équipes ayant suivi nos programmes (tels que BizTec) y ont postulé.
Vous avez pris la direction du Centre Bronica il y a trois ans, après un parcours de près de quarante ans dans des entreprises de hautes technologies. Quelle impulsion souhaitez-vous donner ?
J'ai mené ma carrière en pilotant la recherche et le développement, un domaine censé favoriser la créativité et faire la part belle aux résultats. Des valeurs que je souhaite diffuser en priorité aux étudiants du centre Bronica, avant même leur entrée dans le monde du travail.
Encourager des ingénieurs à devenir des managers ou des entrepreneurs, cela va-t-il de soi ? Pour le prix Nobel de Chimie et "star" du Technion, Dan Shechtman, par exemple, un scientifique ne devrait jamais – autant que possible – occuper le siège d'un patron...
Ne généralisons pas. Il existe d'excellents scientifiques, dotés d'un très bon sens du commerce et de réelles compétences entrepreneuriales. Et des chercheurs formidables, qui s'avèrent de mauvais managers ou de piètres hommes d'affaires. D'une façon générale, nous devrions nous concentrer sur nos points forts et sur ce qui nous permet le plus de nous épanouir...
Créé en 2005, dix ans plus tard, le concours BizTec avait produit plus de 120 start-up, ayant totalisé 100 millions de dollars de levée de fonds. C'est l’une des compétitions les plus prisées par les étudiants-entrepreneurs du pays. Ouverte à tous les campus d’Israël (même si, en 2015, 60 % des participants venaient du Technion), ce concours récompense le plus souvent des "success stories", comme ce fut le cas pour Windward (lauréate en 2010) ou Breezometer (2013).
Du 14 au 19 mai 2017, EducPros organise son deuxième voyage d'étude en Israël. L'objectif : mettre en relation les universités et les grandes écoles françaises avec l'écosystème d'innovation israélien.
Au programme : visites du Technion, de l'Institut Weizmann, de l'université hébraïque de Jérusalem, de l'incubateur MindCet, du Jerusalem Venture Partners, mais aussi des échanges avec des patrons de start-up innovantes et le French Tech Hub.
Programme complet de la #LexSN et inscriptions.