Ces journées nationales de Resosup sont en grande partie consacrées aux outils de suivi des parcours d'étudiants. N'est-ce pas parce que cela répond à une demande forte des universités ?
Avec la problématique des conditions de vie étudiante, ce thème sera en effet un fil conducteur de nos échanges. Plusieurs ateliers permettront de confronter des expériences de suivis de cohortes d'étudiants au sein des établissements mais aussi une fois qu'ils sont diplômés. Le réseau des Observatoires qui s'est constitué en 2006 sur la problématique de l'insertion professionnelle travaille de plus en plus sur le suivi des étudiants. C'est en adéquation avec la préoccupation de plus en plus forte des universités sur le devenir de leurs élèves, notamment en première année de licence. Il s'agit d'avoir une meilleure visibilité sur ce que font les étudiants qui sortent du système universitaire.
De quoi affiner le regard sur le décrochage ?
Oui. Cela permet de nuancer fortement les représentations sur le décrochage à l'université. Par exemple, des travaux de l'Observatoire de l'université de Tours sur un suivi de cohorte sur quatre ans montrent que 9% des étudiants décrochent effectivement. On est loin des 50% souvent entendus. Un tel suivi permet de montrer que la situation est plus complexe qu'il n'y paraît, entre les étudiants qui se réorientent, ceux qui sont en attente, ceux qui construisent leur projet de façon non linéaire, etc.
Le réseau des Observatoires a récemment critiqué l'utilisation par certains médias des données statistiques sur l'insertion professionnelle pour établir des palmarès. En quoi ces classements vous posent-ils problème ?
Nous sommes opposés aux classements réalisés par certains médias à partir des chiffres de l'insertion professionnelle qui utilisent des taux bruts. Ces taux ne tiennent pas compte d'éléments de contextualisation. L'insertion est fortement liée au marché du travail national mais aussi régional. Ce n'est pas uniquement la formation qui joue sur l'insertion, comme le montrent par exemple les enquêtes du Céreq. En revanche, les chiffres publiés par le ministère sur la réussite en licence qui mentionnent la valeur ajoutée constituent une avancée. Cette valeur ajoutée permet de voir l'écart entre un taux réel et un taux simulé de réussite qui intègre différents critères (sexe, type de bac, indicateur socio-professionnel...). C'est la méthode qui est utilisée pour les classements de lycées. Elle est plus juste car elle tient compte de la diversité des populations dans les établissements.
Percevez-vous une pression du public étudiant qui demanderait plus de classements des universités ?
La pression porte plus sur un besoin d'informations que sur des classements. Il y a notamment une demande forte sur des chiffres concernant la réussite en licence. Les universités y répondent de mieux en mieux, surtout en première année de licence où le recrutement est surtout local. Quant aux classements, ils intéressent plus les étudiants à partir du master pour lequel le recrutement est national.