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Olivier Dugrip (recteur de Bordeaux) : "L’académie ne forme pas assez de scientifiques"

Cécile Peltier Publié le
Olivier Dugrip (recteur de Bordeaux) : "L’académie ne forme pas assez de scientifiques"
Olivier Dugrip, recteur de Bordeaux // DR // © 
Après cinq ans aux commandes de l’académie de Toulouse, Olivier Dugrip a pris la tête en juillet 2013 de sa voisine bordelaise. Une académie "dynamique", qui malgré sa bonne couverture en matière de formation, doit faire progresser le taux de poursuite d’études dans le supérieur, notamment dans les disciplines scientifiques.

Qu'est-ce qui vous a surpris à votre arrivée dans l'académie de Bordeaux en juillet 2013 ?

Je n'ai pas été surpris. Au contraire, j'ai trouvé l'académie conforme à l'image que l'on s'en fait : dynamique. L'Aquitaine est une région attachée à son école, exigeante. Elle a compris que le développement de son territoire dépendait de la symbiose entre le système scolaire et les acteurs socio-économiques.

Quels sont les atouts de cette académie ?

C'est une académie très attractive qui voit ses effectifs scolaires et étudiants (688.288 élèves, apprentis et étudiants à la rentrée 2013) croître chaque année dans des proportions supérieures à la moyenne nationale.

La couverture du territoire en matière d'offre de formation est excellente. Au niveau bac+2 (BTS, IUT), l'académie compte par exemple 26 sites de formation et d'accueil des étudiants. Enfin, elle enregistre de bons résultats aux examens.

Cette excellence a été reconnue par l'Etat dans le cadre de l'opération Campus et des Investissements d'avenir. L'université de Bordeaux a en effet été parmi les trois premiers lauréats de l'Idex.

Inversement, quels sont ses handicaps ?

L'académie enregistre un taux insuffisant de poursuite d'études dans l'enseignement supérieur. L'Aquitaine se situe environ quatre points en-dessous de la moyenne nationale, qui a elle-même connu une baisse au cours des quatre ou cinq dernières années. C'est une situation préoccupante qu'on ne devrait pas connaître dans ces proportions compte tenu de l'offre de proximité dont nous disposons.

Par ailleurs, l'académie forme moins de scientifiques et en particulier, d'ingénieurs, et ce alors que la région abrite des industries de pointe. L'implantation des écoles d'ingénieurs est peut-être inférieure à celle qu'elle devrait être. Mais nous sommes en train de développer les formations scientifiques. L'implantation récente de l'Institut d'Optique à Bordeaux va faire de cette ville l'un des pôles les plus innovants en la matière au plan national.

Enfin, les établissements d'enseignement supérieur de l'académie doivent davantage travailler sur leur attractivité. Si le solde global de l'académie reste positif, les échanges d'étudiants avec notre voisine toulousaine sont à son bénéfice.

Quelles sont vos priorités ?

Nous devons renforcer la liaison bac-3/bac+3 afin d'améliorer les poursuites d'études. C'est un objectif national qui trouve une raison d'être particulière dans l'académie de Bordeaux. Il y a toute une démarche à mener avec les établissements d'enseignement supérieur et les lycées, afin de donner un peu plus d'ambition à nos jeunes et leurs familles, notamment dans les zones rurales.

Dans ce cadre, nous travaillons sur l'orientation de nos bacheliers scientifiques, afin de les inciter à poursuivre dans les sciences ou l'ingénierie.

La loi ESR prévoit la fixation de quotas de bacheliers pro et techno dans les filières d'IUT (institut universitaire de technologie) et de BTS (brevet de technicien supérieur). Où en êtes-vous ?

A l'origine, nous nous situons dans la moyenne nationale. Dès cette rentrée, nous avons enregistré des résultats satisfaisants, avec une augmentation sensible de la proportion de bacheliers pro en BTS (en 2013, 81,4% des élèves de terminale professionnelle admis dans l'enseignement supérieur le sont en BTS contre 80,9% en 2012) et techno en IUT (16,9% des élèves de terminale techno admis dans l'enseignement supérieur, contre 14,7% en 2012).

Mais nous avons encore une marge de progression, en particulier en IUT. Cette situation ne résulte pas de la politique mise en œuvre par les instituts, mais des choix de poursuite d'études de nos bacheliers. Nous devons inciter un plus grand nombre de bacheliers techno à choisir l'IUT plutôt que le BTS.

Cette année, la proportion de bacheliers professionnels en BTS et technologiques en IUT a augmenté

Trois des quatre universités bordelaises ont annoncé leur décision de fusionner. Quel regard portez-vous sur cette reconfiguration du paysage ?

La fusion sera effective le 1er janvier 2014. Le processus préparatoire suit son cours, avec l'adoption des statuts et la prochaine mise en place des institutions de gouvernance. La NUB (nouvelle université de Bordeaux) va faire de Bordeaux le troisième site universitaire de France. Cette université pluridisciplinaire couvrira la plupart des champs de l'enseignement et de la recherche, exceptées les sciences humaines, l'université Montaigne Bordeaux-3 ayant pour l'instant souhaité rester à l'écart de ce processus. Il conviendra de regarder très attentivement comment les choses vont se passer dans les mois et les années qui viennent.

C'est une situation susceptible d'évoluer, d'autant que toutes les universités du site travaillent ensemble au sein de la communauté d'universités et d'établissements d'Aquitaine, qui intègre également l'université de Pau et des Pays de l'Adour.

Cécile Peltier | Publié le