Pouvez-vous nous rappeler votre feuille de route ?
Ma première mission est de passer en phase opérationnelle pour l’exécution du plan stratégique d’actions voté par le conseil d’administration de l’Idex. Il s’agit de construire un écosystème propice à la production d’innovations et au développement d’activités industrielles. Mon rôle est d’animer le réseau des acteurs de l’innovation dans chacun des établissements – sans me substituer à eux.
La priorité est à l’interaction entre tous les acteurs du plateau de Saclay : établissements d’enseignement, organismes de recherche, partenaires industriels mais aussi les collectivités territoriales. Notre objectif est de figurer d’ici dix ans, dans les dix premiers campus internationaux, en matière de recherche, formations et innovations.
Sur quels critères allez-vous mesurer cette ambition ?
Les trois principaux critères sont la visibilité internationale, l’attractivité des meilleurs chercheurs, étudiants et entreprises et enfin, la réactivité. Sur la question de la masse critique par exemple, et si l’on parle en création de brevets, l’objectif est de doubler leur nombre à l’horizon 2020. En 2010, on comptait 205 dépôts de brevets sur l’ensemble des acteurs de la recherche académique de Paris Saclay. Quant à notre incubateur, Incuballiance, qui compte la création de 25 entreprises innovantes par an, l’objectif est également de doubler ce nombre d’ici dix ans.
En ce qui concerne la réactivité, il s’agir de définir une procédure pour accroître la réactivité de l’écosystème et répondre à des demandes ou accompagner des projets internes ou externes.
Avez-vous en tête un modèle précis de campus innovant ?
Même si l’on a tous en tête ces écosystèmes performants que sont le MIT, Standford, Oxford ou Cambridge, chacun a ses spécificités et, compte-tenu des composantes culturelles, ils ne sont ni clonables ni transposables.
En revanche, il y a des fondamentaux comme la logique de proximité du campus. La visite de laboratoires académiques par des industriels ou de laboratoires industriels par des chercheurs sera facilitée si les uns et les autres peuvent s’y déplacer en quinze minutes.
Quelles sont les premières actions de cette phase opérationnelle ?
Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail. Par exemple, un groupe porte sur l’attractivité et réfléchit à la mise en commun des données pour une plus grande visibilité internationale. Un autre groupe de travail porte sur la mise en réseau et les actions nécessaires pour favoriser l’interaction et l’échange d’informations. Enfin, un groupe intitulé "projets d’innovation et entrepreneuriat" a pour mission de repérer les initiatives les plus originales et appréciées des étudiants sur l’entrepreneuriat, afin de les amplifier.
Qu’en est-il des innovations pédagogiques ?
Outre cette cartographie des modules dédiés à l’innovation et l’entrepreneuriat, nous travaillons, avec ma collègue en charge de la formation, à la création d’un master innovation, qui sera transversal aux neuf "schools" qui structureront le volet formations. Ce master devrait ouvrir à la rentrée 2015.
Un master innovation, transversal aux neuf "schools", devrait ouvrir à la rentrée 2015
Quelles sont vos premières échéances ?
Nous allons lancer fin octobre un appel à projets auprès de tous les laboratoires pour le financement de pré-maturation des résultats de recherche au sein de la SATT. Chaque projet retenu sera doté d’un financement de 50.000€. Avec l’Idex, nous disposons d’une enveloppe globale de 5 millions d'euros jusqu’en 2016 pour le financement d’appels à projets. Autres dossier en cours : le club d’entreprises en relation avec les établissements qui vient d’être lancé.
A plus long terme, c’est-à-dire sur les trois prochaines années, nous allons travailler à la création de chaires industrielles, de réseaux thématiques et de partenariats avec des groupes européens et internationaux. Par exemple, nous disposons d’un fonds de plus d’un million d'euros pour cofinancer des chaires industrielles fédérant plusieurs établissements autour d’un même besoin.
Docteur en génie des procédés de l’Ecole des Mines, Pierre Gohar rejoint le CEA en 1986 . Après cinq ans de recherches, il quitte le CEA pour devenir chargé d'affaires de l'Anvar (futur Oséo). Puis, il fonde son entreprise New Option Wood (SA NOW) qui réalise l’industrialisation d’une innovation de rupture : un procédé de transformation du bois à haute température sous atmosphère contrôlée.
Après une année consacrée à réaliser le transfert de cette technologie pour le compte d’industriels, il est nommé, en 1998, adjoint au directeur de la valorisation du CEA. Dès 2000, il prendra la direction d’un incubateur d’entreprises innovantes qu'il pilotera pendant 7 ans.
De 2008 à 2010, il est directeur à la valorisation à l'Université de technologie de Compiègne (UTC) puis il rejoint le CNRS en 2010 où il occupera jusqu’en septembre 2013 le poste de directeur de l’innovation et des relations avec les entreprises.