Qu'est-ce qui vous a motivé à accepter cette mission à la tête de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion) ?
C'est une manière de mettre en adéquation mes actes et mes convictions. Je travaille sur les questions d'évaluation depuis plus de 20 ans. J'ai commencé ma carrière dans l'administration, où j'ai notamment participé en 1990 à la mise en place du premier dispositif d'évaluation interministériel. J’ai consacré un peu plus tard ma thèse à l’évaluation des formations.
Depuis que je suis à la présidence, un terme revient souvent, concernant la CEFDG : celui d' "institution". Il signifie que celle-ci s'est installée dans le paysage, que des habitudes ont été prises et que des choses sont désormais tenues pour acquises dans les standards affichés par la commission. Ce qui, franchement, n'était pas gagné d'avance...
Comment envisagez-vous votre rôle d'évaluateur ?
L'évaluation est une pratique vertueuse si elle est réaliste. Outre un travail continu d'actualisation de nos standards, nous devrons être attentifs à la qualité du dialogue avec les directions des écoles. Et au-delà de l'audition classique, qui constitue un moment crucial, nous ne nous priverons pas, lorsque ce sera nécessaire, de mener des expertises sur site.
La "commission Chanut" a été installée le 3 octobre 2013. Quelles sont ses priorités?
La feuille de route prévoit la mise en place, échelonnée dans le temps, d'une douzaine de groupes de travail correspondant aux dossiers structurants des quatre années à venir : nous prévoyons notamment pour septembre 2014 un resserrage du rapport demandé aux écoles, autour d'une note stratégique soulignant la cohérence entre la stratégie de l'établissement et la formation évaluée. Nous attacherons aussi une attention particulière au règlement pédagogique, qui fournit des informations importantes sur le mode de sélection, le recrutement des élèves, les stages...
Ce travail nous permet de nous attaquer au toilettage de nos indicateurs. Certains, comme le taux d'insertion par exemple, mériteraient d'être explicités. Il serait peut-être utile d'en ajouter d'autres. Je pense notamment au taux d'encadrement administratif qui a un impact important sur le suivi des stages, ou encore à des indicateurs spécifiques sur les étudiants internationaux.
Un groupe de travail va aussi réfléchir à la manière de prendre en compte la pédagogie dans nos évaluations. Difficile à mesurer, c'est un peu "l'impensée" de notre système. Il n'est pas question de l'opposer à l'effort de recherche des écoles, mais c'est un aspect important de la qualité des formations et pour l'évaluer, il va nous falloir faire preuve de créativité. Pour commencer, nous allons demander aux écoles la pratique pédagogique dont elles sont le plus fières. Les réponses données devraient nous permettre d'aboutir à des critères d'évaluation, ou du moins à une observation plus fine de ces pratiques.
Enfin, nous allons travailler sur le format de la synthèse des avis publiée sur notre site, aujourd'hui un peu plate. Comme Franck Bournois avant moi, je serais favorable à une publication in extenso, mais les esprits ne semblent pas encore prêts.
En août 2010, Frank Bournois promettait la publication sur le site www.cefdg.fr d'une série de chiffres-clefs, école par école. Comme il nous l'expliquait au printemps, ce chantier a pris du retard. Où en est-on ?
Nous avons travaillé avec les statisticiens du ministère de manière à alléger le travail des écoles : celles-ci recevront à la fin de chaque année civile une fiche pré-remplie à partir des données fournies dans le cadre des différentes enquêtes menées par le ministère.
Elles n'auront plus ensuite qu'à le corriger. Le formulaire devrait être opérationnel fin 2014 pour une publication des chiffres à compter d'avril 2015. Mais on devrait pouvoir envisager d'ici là une mise en ligne des premières données disponibles.
La publication des chiffres-clés des écoles de commerce sera disponible à compter d'avril 2015
Vous souhaitez également développer la mission d'expertise de la CEFDG...
La commission a plus de 10 ans, et il est temps d'affirmer ce rôle d'expertise inscrit dans ses statuts. L'instruction des dossiers restera notre cœur de métier, mais dans le contexte actuel, nous sommes de plus en plus appelés à faire valoir cette mission de conseil et d'expertise, notamment dans le cadre des réformes en cours comme la constitution des communautés d'universités et établissements ou les évaluations de site. Nous souhaitons nous organiser pour être force de proposition sur ces sujets.
Nous devons aussi définir notre positionnement institutionnel par rapport aux autres acteurs de l'évaluation, que sont la CTI (Commission des titres d'ingénieur), avec laquelle nous comptons de plus en plus de dossiers communs ou le nouveau Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur. Nous allons le formaliser à travers un protocole et envisager peut-être une représentation de la CEFDG au sein de cette instance.
Nous devons aussi réfléchir à la manière d'adapter notre évaluation aux mutations du paysage des écoles de commerce, ainsi qu'aux nouveaux modes de recrutement et de sélection, sur lesquels nous sommes de plus en plus sollicités par les établissements. Enfin, le rapport d'activité rédigé chaque année par la CEFDG devra livrer non seulement un bilan chiffré, mais aussi une véritable vision.
Frank Bournois penchait pour la création d'un grade licence pour les bachelors. Qu'en pensez-vous ?
Cela fait partie des thèmes sur lesquels nous devrons plancher. Et à moyen terme, faire des propositions. Face à l'explosion du marché, il y a en effet une demande forte sur le sujet.