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EdTech : les quatre tendances mondiales qui redessinent le secteur

Svenia Busson Publié le
EdTech : les quatre tendances mondiales qui redessinent le secteur
Les EdTech changent notre façon d'appréhender l'erreur. // ©  Marine Miller
Maker culture, applications de feedback, adaptative learning... Svenia Busson, blogueuse EducPros, revient sur les quatre évolutions technologiques et culturelles qui impactent le secteur de l'éducation.

Les applications de feedback et communication

Elles facilitent les échanges parents/profs/élèves et encouragent ces derniers à s'exprimer plus facilement en classe et en dehors. Pour améliorer la communication entre professeurs et parents, ainsi que l'implication et la motivation des élèves, on peut citer Remind, Edmodo et ClassDojo, parmi les plus connues aux États-Unis.

ClassDojo est déjà utilisée dans 50 % des écoles américaines. Les professeurs peuvent y noter la participation des élèves, l'assiduité dans le rendu des devoirs ainsi que le comportement en classe en direct sur l'application mobile.

Ces applications se diffusent également dans l'enseignement supérieur. Ainsi, en France, les outils Wisembly, Klaxoon et Speecheo permettent aux étudiants de poser des questions pendant le cours, de façon anonyme. Le professeur peut les consulter, y répondre et adapter ses prochaines interventions en fonction des plus récurrentes.

La "Maker Culture"

Grâce à la technologie, l'apprenant devient un véritable créateur plutôt qu'un consommateur. Il peut créer des jeux vidéos, des applications web, des spots vidéos et ajouter de l'interactivité à ses rendus. Dans ce processus, l'apprenant fait ses propres expériences et chaque échec devient un apprentissage. Les EdTech sont ainsi au service d'un "growth mindset" et changent notre façon d'appréhender l'erreur.

L'apprenant fait ses propres expériences et chaque échec devient un apprentissage.

Certaines pédagogies, comme la pédagogie par projet ("project-based-learning") ou par investigation ("inquiry-based-learning"), promeuvent cette culture du "faire". Elles favorisent l'autonomie et la créativité chez les apprenants, en les laissant développer des projets de leurs choix en groupes (création d'une application web, détermination d'une stratégie de communication pour la sortie d'un nouveau produit, réalisation d'une publicité vidéo).

Cela stimule les capacités de collaboration, d'imagination et de communication des apprenants, tout en les rendant plus attentifs et productifs.


Les déploiements de matériel informatique à large échelle

Souvent plus une question politique qu'une stratégie dictée par une approche pédagogique innovante, à large échelle, les "devices rollouts" [déploiements de matériels périphériques] débouchent dans la plupart des cas sur un échec. Les exemples du Los Angeles Unified School District et de l'opération "One Laptop Per Child" (au Pérou notamment) sont les plus connus.

Dans ces deux derniers cas, le matériel informatique a été plus valorisé que la pédagogie, le contenu et l'infrastructure. Dans le cas du Los Angeles Unified School District, les besoins des professeurs n'avaient pas été pris en considération dans le contenu des Ipads, fourni par Pearson. Et, pour la plupart, ceux-ci ont refusé de l'utiliser.

À l'école comme à l'université, le matériel informatique doit servir un changement de paradigme.

Au Pérou, des ordinateurs avaient été distribué à chaque élève du pays sans que l'infrastructure du réseau Internet ait été prévue en conséquence et donc sans la possibilité de mettre à jour le contenu des ordinateurs, qui a vite été obsolète.

Dans ces deux exemples, aucune formation des professeurs n'avait été prévue pour leur présenter une pédagogie alternative à l'enseignement traditionnel. À l'école comme à l'université, le matériel informatique doit servir un changement de paradigme et non être perçu comme une solution miracle.

L'adaptive learning et le pouvoir des algorithmes

Dans le domaine éducatif, les applications de l'intelligence artificielle se traduisent par l'apparition des technologies d'adaptive learning. Celles-ci utilisent la big data pédagogique et l'analysent afin de personnaliser le niveau d'un exercice ou proposer une playlist d'apprentissage adaptée au niveau de chaque apprenant, leur offrant une expérience personnalisée.

L'éducation n'est pas un stock de connaissances à engranger, mais un flux continu. L'intelligence artificielle permet de donner une toute nouvelle dimension à ce renouvellement, en automatisant l'évaluation et en permettant au professeur de se recentrer sur son rôle d'accompagnateur.

Udacity, une start-up américaine qui veut réinventer l'enseignement supérieur, utilise l'intelligence artificielle, pour analyser les données d'apprentissage de chacun, afin d'augmenter le taux de rétention et de complétion de ses cours en ligne. Ceci permet à la start-up de comprendre les moteurs d'engagement de chaque utilisateur pour qu'apprendre devienne aussi addictif que de jouer aux jeux vidéos.

Mais l'usage de ces algorithmes ne sont pas sans risque pour la confidentialité des données des apprenants, car on ignore en réalité ce qu'il advient d'elles. Pour l'évolution de ces technologies, un cadre juridique strict, dans le respect de leurs utilisateurs, est donc nécessaire.

Svenia Busson | Publié le