Interrogé sur le secret d'une réforme réussie dans l'éducation, François Bayrou confiait en substance, quelques mois après avoir quitté le ministère de la rue de Grenelle : "Il faut que le ministre renonce à aller claironner au JT de 20h qu'il a réussi à réformer". Sous-entendu : il faut laisser suffisamment de grain à moudre aux syndicats pour qu'ils puissent se prévaloir d'une victoire, et qu'ils acceptent de laisser passer, presque en contrebande, quelques mesures moins favorables ou écornant leurs dogmes ou avantages acquis.
Si cette analyse est juste, alors il faut se méfier de la satisfaction affichée par Vincent Peillon à l'annonce d'un accord avec les syndicats sur les textes qui régissent "le métier d'enseignant" dans les collèges et les lycées. Réforme "serpent de mer" a claironné le ministre, nettoyage de textes datant d'il y a 60 ans, présents dans le débat "ces quinze dernières années" sans que "personne l'ait jamais fait". Un tour de force. Historique. Et la preuve, selon le ministre, que "dès lors qu'on reconnaît le travail qui est le leur, dans sa complexité, dans sa difficulté, dans le dévouement qu'il demande, eh bien ils évoluent".