Mastère Spécialisé : acquérir une expertise en plus
Créé par la Conférence des grandes écoles, le Mastère Spécialisé est destiné aux étudiants titulaires d'un diplôme de niveau bac+4 au minimum, ou aux cadres en activité qui souhaitent acquérir une expertise de haut niveau. Il en existe près de 400. Portrait d'un programme labellisé à l'enseignement pointu.
Né en 1986, le MS (Mastère Spécialisé) est un programme original dans le paysage des diplômes français. Il se situe en dehors du système LMD (licence, master, doctorat), puisqu’il s’adresse en priorité aux étudiants déjà titulaires d’un bac+5. Ce n’est pas un diplôme d’État (notez la différence d’orthographe avec le “master” universitaire) mais une marque collective déposée, propriété de la CGE (Conférence des grandes écoles). Tous les MS sont en effet dispensés au sein des établissements membres de cette association.
Des spécialités rares et pointues
Leurs promesses ? Apporter à de jeunes généralistes de haut niveau une compétence très pointue dans une fonction, un métier ou un secteur en plein essor. À côté des spécialisations dans des domaines assez familiers tels que le management, la finance ou les systèmes d’information, il existe des MS dans l’immobilier, la culture, l’édition…
Certaines spécialités de “niche” sont encore plus inattendues : créateur de solutions drones, technologies et usages innovants (Arts et Métiers) ; urgentiste bâtiment et infrastructure (ESTP Cachan) ; photogrammétrie, positionnement et mesures de déformation (ENSG Marne-la-Vallée) ; directeur technique du spectacle vivant (INSA Lyon)… pour ne donner que quelques exemples.
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Un MS est une poursuite d’études très indiquée lorsque le domaine choisi répond vraiment à un objectif professionnel. C'est donc essentiellement sur la cohérence de leur projet que les étudiants sont sélectionnés.
L’exigence d’un label de qualité
Le MS doit correspondre à un très sérieux cahier des charges. Une formation n’obtient le droit de porter ce nom recherché que lorsque sa formule est approuvée par la commission d’accréditation de la CGE.
Avant d’accorder le label pour la première fois, celle-ci examine la qualité de la procédure de sélection des candidats, les savoirs et savoir-faire acquis en cours de formation, la qualité des intervenants, les enseignements d’ouverture et les langues étrangères, la place accordée au mémoire de recherche, ainsi que la participation des entreprises et des partenaires académiques. Ce label est ensuite renouvelé pour un, trois ou six ans selon l’ancienneté et les garanties présentées par le programme.
En effet, la formation doit comprendre au minimum 350 heures d’enseignement incluant des cours théoriques, des travaux pratiques et des travaux de groupe. Une mission en entreprise d’au moins quatre mois (stage, contrat d’alternance) est aussi exigée. La durée du programme doit être supérieure à douze mois et ne pas excéder deux ans. Les enseignements peuvent être dispensés à temps plein ou à temps partiel, selon le public visé. Les postulants ne valident leur diplôme qu'après avoir effectué une soutenance de thèse professionnelle, à l'issue d'un projet personnel de recherche lié à leur séjour en entreprise.
Des cursus innovants
Chaque année, des MS se créent, d’autres, dont le nombre d'inscrits se révèle insuffisant, disparaissent. Par ailleurs, les écoles font évoluer leurs spécialités en fonction du contexte économique.
Le secteur de l’innovation et du numérique est au cœur des nouvelles formations, comme le MS management du changement et innovation durable d’Arts et Métiers ParisTech. L’École des ponts, qui consacre déjà plusieurs programmes à cette filière, ouvre cette année un MS Smart Mobility-transformation numérique des systèmes de mobilité. Du côté des écoles de commerce, l’EM Normandie propose un MS start-up et développement numérique, l’objectif étant de préparer les futurs entrepreneurs aux défis d’une économie en pleine transition. Ceux-ci bénéficieront d’une double compétence entrepreneuriat-innovation.
La cybersécurité fait l’objet d’une demande croissante de la part des entreprises et les écoles d’ingénieurs sont de plus en plus nombreuses à y répondre : MS ingénierie de la cybersécurité à Télécom Lille, MS technologies du Web et cybersécurité à l’IMT Atlantique, ou MS expert forensic et cybersécurité à l’UTT.
Le secteur des big data suscite également un grand intérêt. Citons le MS expert Big Analytics et métriques (UTT) ou le MS assurance, actuariat et Big Data (ESILV). C’est aussi le cas dans le secteur pétrolier : l’IFP School (Institut français du pétrole) et l’ENSG (École nationale des sciences géographiques) lancent le MS Petroleum Data Management pour former les spécialistes de la gestion des données dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation des ressources naturelles (gaz, eau, pétrole…).
L’ancienneté de l’école et du diplôme, une référence
Dispensé au sein des grandes écoles, le MS procure à ses étudiants des services traditionnels et bien rodés en matière d’insertion professionnelle. Dans certains établissements, les élèves de MS peuvent bénéficier d'une aide à l’élaboration de leur CV, d’offres de stage, de forums, voire de journées spécifiques de rencontres avec les recruteurs dans le domaine qui les intéresse.
Avant de vous orienter, assurez-vous que la formation présentée comme un Mastère Spécialisé que vous visez en est bien un ! Pour ce faire, il suffit de consulter le site de la CGE, qui publie une liste à jour des MS accrédités. Cependant, même accrédités, tous les MS ne se valent pas. La notoriété de l’école joue pour beaucoup dans leur prestige. Mais pas seulement : leur ancienneté est aussi un signe de qualité.
Un répertoire des diplômés
Le succès d’un MS repose beaucoup sur le bouche-à-oreille, et les anciens reviennent proposer des offres aux étudiants. Par ailleurs, les cursus les plus réputés disposent de sites Internet très complets. On y trouve, exposés dans le détail, le programme et les modalités de la formation, la liste des professeurs et des intervenants. Un MS de qualité doit aussi présenter de manière précise les perspectives de carrière et les profils des promotions, avec la provenance des inscrits : étudiants ou professionnels, français ou étrangers…
Enfin, en 2013, la Conférence des grandes écoles a lancé MSalumni, un répertoire de tous les diplômés depuis l’attribution des premiers diplômes, il y a plus de trente ans. Cet annuaire, consultable par tous sur le site de l’association, permet de repérer d’anciens étudiants de la formation qui vous intéresse, afin de prendre contact avec eux.
Mastère Spécialisé : Qui ? Comment ? Combien ?
À qui s'adressent les MS ?
• Aux diplômés de niveau bac+5 (issus d’une école d’ingénieurs, d’une école de management habilitée à délivrer le grade de master, titulaires d'un master universitaire) et aux bac+4 (master 1 ou équivalent) justifiant de trois années d’expérience professionnelle.
• À titre dérogatoire (30 % au maximum des effectifs du MS), aux diplômés de master 1 sans expérience professionnelle.
Quelle est la procédure d’admission ?
La plupart des spécialités de MS recrutent sur dossier de candidature et entretien(s) d'admission, auxquels peuvent s’ajouter des tests d’aptitude au management (GMAT, TAGE MAGE…), des tests d’anglais (TOEFL, TOEIC, IELTS…) et/ou une épreuve de spécialité.
Quel est le coût d’un MS ?
De 2.000 à plus de 30.000 € selon l’école, la spécialité et le statut du postulant (étudiant ou professionnel).
Les Mastères Spécialisés en chiffres
• 400 spécialités dispensées par 101 écoles.
• Entre 7.000 et 8.000 diplômés par an.
• 73 MS ayant au moins un semestre à l’international.
• Près de 120.000 diplômés depuis la création du diplôme.
Consultez l’annuaire sur le site de la CGE, rubrique “Nos labels”.