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Coaching

Master : bien choisir son directeur de mémoire

Elèves coachées par leur professeur
Au seuil du mémoire, le choix du professeur responsable est une étape déterminante. © PlainPicture / Fancy Images
Par Myriam Greuter , publié le 21 mai 2013
1 min

Au seuil du mémoire, le choix du professeur responsable est une étape déterminante. Il existe en la matière des règles et des conseils simples, exposés par Myriam Greuter dans Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, aux éditions l’Etudiant. Extraits.


Le directeur de recherche influencera, souvent fortement, le déroulement de votre travail, à la fois sur le plan de la méthode et sur celui de la réflexion. Il est donc très important de le choisir en connaissance de cause.

Il n’est pas certain que votre futur directeur de mémoire fasse partie des professeurs que vous connaissez déjà. Les établissements tiennent à votre disposition une liste des enseignants qui sont habilités à diriger des recherches.

À l’université, cette liste peut être obtenue dans chaque UFR, à partir du printemps. Elle mentionne la spécialité de chacun des enseignants. Cela peut d’ailleurs vous donner l’envie de travailler sur un sujet auquel vous n’auriez pas pensé.

Les compétences et la personnalité de l'enseignant

Un nom et un domaine de compétence ne suffisent toutefois pas à déterminer si l’enseignant fera un bon directeur de mémoire. « Or, le choix du professeur­ est déterminant », affirme avec force Daniel, professeur de géographie en deuxième et troisième cycles. « Il faut absolument choisir quelqu’un de compétent, en se renseignant au besoin auprès des anciens élèves. »

Connaître le professeur

Pour en savoir plus sur un enseignant, vous pouvez questionner ceux de vos amis qui le connaissent et bien sûr aller assister à quelques-uns de ses cours. Vous aurez ainsi une idée plus précise de ses méthodes et de son style de travail : plutôt novateur ou plutôt classique, dogmatique ou tolérant, autoritaire ou cordial…

La personnalité du directeur de recherche aura un retentissement profond sur votre travail : sa spécialité, l’orientation de sa réflexion, jusqu’à ses préférences politiques, tout cela peut énormément influencer votre mémoire. Le souvenir de votre directeur vous marquera peut-être même au-delà.

fleche-rouge Les tuteurs en porte-à-faux

Le tuteur vous aide dans votre recherche, mais c’est aussi lui, avec ses collègues, qui vous notera à la fin de l’année. Si son influence est trop sensible dans votre mémoire, votre directeur se trouvera dans une situation gênante : obligé de se juger lui-même.

Le cas échéant, ne laissez donc pas le tuteur confisquer votre travail. Le directeur de recherche se sent de toute manière partie prenante de vos efforts : votre note lui tient à cœur et il se réjouira, pour vous et pour lui, d’un bon résultat.

La disponibilité de l’enseignant

Pour l’instant, posez-vous la question centrale : « Ai-je envie d’être très encadré pour mon mémoire ? » et choisissez votre directeur en conséquence.

Certains enseignants ont ainsi pour règle de laisser plus de liberté à leurs élèves : ils interviennent peu dans le choix du sujet, voient rarement leurs étudiants, n’exigent pas de comptes rendus au cours de l’année…

Cette situation n’est pas nécessairement préjudiciable à l’étudiant, si celui-ci en est conscient et l’accepte. Seulement, ne surestimez pas vos forces : lorsque vous vous sentirez perdu ou découragé, votre directeur ne sera peut-être pas là pour vous prodiguer son aide.

fleche-rouge Des spécialistes surchargés

Le type d’encadrement n’est pas qu’affaire de principe : il est aussi fonction de la disponibilité de l’enseignant. Certains professeurs, dont la renommée ou la spécialité sont très demandées, dirigent objectivement un trop grand nombre d’étudiants à la fois. Conseils et rendez-vous seront donc rares.

« Si l’on a besoin d’être encadré et suivi régulièrement, explique Marianne, mieux vaut ne pas choisir un professeur trop surchargé qui fatalement ne pourra pas s’occuper de tous ses étudiants avec une attention égale. En littérature, explorez les XVIe, XVIIe et XXVIIIe siècles, moins visités par les étudiants. » Chaque année, certains directeurs de recherche se retrouvent sans élèves. Sortez des sentiers battus : peut-être est-ce l’occasion de préférer Chateaubriand à Balzac ?

Il est par ailleurs plus facile et plus agréable d’être dirigé par quelqu’un d’ouvert : « Certains enseignants ont un ego surdimensionné et considèrent toute critique et toute divergence comme une attaque personnelle grave. Il est difficile de travailler avec eux, explique Jean-Marc. Soit on fait un mémoire “orthodoxe” en suivant à la lettre leurs recommandations, soit on passe une année de crise, sans résultat. »

Pour beaucoup, l’idéal est donc de choisir un directeur qui connaisse assez bien le domaine concerné, sans être pour autant le spécialiste incontesté de la question ; ainsi y aura-t-il pour lui moins d’implication personnelle.

fleche-rouge Une autre solution : choisir un tuteur extérieur

Étudiante en archéologie, Stéphanie a travaillé avec un tuteur qui n’appartenait pas à son université et n’était même pas enseignant, mais conservateur régional d’un service archéologique. Un cas relativement courant dans sa discipline : pour son mémoire sur l’époque gallo-romaine, une des amies de Stéphanie a même eu un prêtre pour tuteur !

Il est possible de choisir un tuteur extérieur si, au sein de son université, on ne trouve pas de professeur spécialiste du problème concerné. Il faut alors demander aux autres professeurs membres du jury l’autorisation de prendre telle ou telle personne comme directeur de recherche.

« Méfiez-vous des guerres d’écoles ! prévient cependant Stéphanie. Il n’est pas certain que votre demande soit acceptée : ne passez pas outre. En imposant comme tuteur un spécialiste que n’apprécient guère les autres enseignants, vous êtes à peu près sûr d’être mal noté à la fin. »

Sachez enfin qu’un spécialiste peut aussi être inclus dans le jury qui évaluera votre travail.

Les premiers rendez-vous

Que vous ayez ou non en tête un sujet de mémoire précis, il vous faudra très vite demander à un professeur d’être votre directeur de recherche. Il n’est pas nécessaire d’avoir trouvé son sujet définitif pour contacter l’enseignant. Celui-ci est justement là pour aider l’étudiant à définir un sujet faisable, notamment en lui imposant des limites (lire notre dossier : « Définir son sujet de mémoire »).

Aller voir l'enseignant avec un thème ou une liste de sujets

« On rencontre le professeur avec un état d’avancement suffisant du projet », rappelle toutefois Mariane. Pas question de demander un rendez-vous à l’enseignant en ayant seulement choisi un domaine général d’étude. Il faut que vous ayez en tête au moins un thème et un angle d’approche.

Vous pouvez aussi opter pour une liste de sujets, puis les examiner avec l’enseignant.

Que vous choisissiez l’une ou l’autre solution, vous devrez avoir débroussaillé le terrain, par la lecture d’ouvrages de base et la recherche de pistes de travail.

fleche-rouge Avant l’été

Il est préférable que ce premier contact ait lieu avant les vacances d’été : il doit vous permettre de préciser votre sujet. Le professeur vous fournira généralement une bibliographie succincte, de manière à amorcer votre recherche.

À la rentrée, vous reverrez votre tuteur : votre travail devrait être plus avancé (début de problématique, premiers axes de recherche).

Zoom : le mandarinat

En 1968, les étudiants voulaient sa mort, mais le mandarinat a parfois survécu… De quoi s’agit-il ? D’un abus d’autorité intellectuelle : pour schématiser, certains professeurs, spécialistes reconnus dans leur domaine, cherchent à assurer leur descendance en prenant quelques étudiants sous leur aile et en empêchant l’ascension des autres. Le mandarinat est une forme d’élitisme.

Comme le résume Laurent, étudiant en archéologie, il existe ainsi deux catégories extrêmes d’enseignants : les « mandarins » se posent comme les détenteurs de la vérité dans leur domaine et verrouillent leur spécialité. Ils ont peu d’étudiants, qu’ils considèrent en fait comme des disciples et qui leur servent parfois de nègres. « Ils vérifient en permanence que l’étudiant ne représente pas un danger. » Le cas reste toutefois rare en master.

À découvrir aux éditions l'Etudiant :

"Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage", par Myriam Greuter.

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