Licences sur APB : vœux grippés, pastille verte dure à avaler
Les résultats du bac sont tombés mardi 5 juillet 2016. Un soulagement pour 88,5 % d’élèves de terminale qui ont d'ores et déjà obtenu leur sésame… sauf pour ceux qui n’ont toujours pas de proposition sur Admission post-bac. On fait le point sur la situation.
Lauren, 17 ans, est inquiète. Cette lycéenne en série S au lycée Henri-Matisse de Montreuil (93) vient d’avoir son bac. Elle a même décroché la mention bien. Mais la joie de la jeune fille fraîchement diplômée est gâchée par une ombre au tableau : elle n’a toujours pas de proposition sur Admission post-bac.
15 candidatures, pas de proposition
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir rempli correctement son dossier : Lauren a bien confirmé une quinzaine de candidatures (sur 24 possibles) dans les délais impartis. Parmi ses vœux : des licences à capacité limitée, identifiées par une pastille jaune sur APB, trois BTS (brevets de technicien supérieur, des formations sélectives) et enfin la fameuse licence “à pastille verte”, un choix rendu obligatoire en 2016 pour les élèves de terminale de la filière générale. “En mettant autant de licences, je pensais en avoir au moins une !” s’exclame Lauren.
Victimes de la pastille verte
Et c’est là que le bât blesse : le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche avait annoncé ce système de pastilles en décembre 2015 pour éviter que la situation des bacheliers “sans fac” de l’été dernier ne se reproduise. Or, en obligeant tous les candidats de ES, L et S à choisir au moins une licence à pastille verte, le nombre de candidats a explosé dans certaines filières pour lesquelles il y a “habituellement suffisamment de places pour accueillir tous les candidats de l’académie”. L’adverbe “habituellement” était mis en gras et souligné par le ministère, preuve qu'il avait tout de même envisagé l’effet pervers du dispositif.
La ruée vers la licence
L’association Droits des lycéens n'est pas étonnée par ces conséquences. “Les licences à pastille verte sont celles où il y a le moins de candidats. Là, tout le monde s’est rué sur les mêmes !” Un constat confirmé par les universités, dont certaines ont vu d’importantes hausses de candidatures dans leurs licences d’économie-gestion ou de sciences de la vie.
Pour la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), ces pastilles ne représentent qu’un “rafistolage du système” qui ne masque pas le réel problème. “Faute d’investissement suffisant, nos universités ne sont pas en mesure, pour la rentrée 2016, de proposer une poursuite d’études cohérente et choisie aux bacheliers”, dénonce le syndicat étudiant dans un communiqué.
Encore une phase d'admission
Effectivement, vous êtes encore quelques milliers de candidats en attente d’une proposition à l'université, sans compter ceux qui visent une formation sélective. Les recalés au bac libèreront quelques places lors de la troisième phase d’admission d'APB, qui débutera le 14 juillet à 14 h. Certains d’entre vous sont déjà allés voir du côté de la procédure complémentaire, où ne figurent plus que les formations pour lesquelles il reste des places.
Que faire si vous êtes en attente d’une proposition ?
Le ministère garantit que tout sera fait pour que tous les bacheliers aient une place à la fac d’ici à la rentrée. “Mais même si j’ai mis par obligation une licence LEA (langues étrangères appliquées) à l’université de Villetaneuse, je n’ai pas du tout envie d’y aller !” soupire Lauren, dont le rêve est une licence d'information et communication à Paris 3-Sorbonne Nouvelle, une université en dehors de son académie.
Si vous êtes dans le même cas que Lauren, plusieurs solutions s’offrent à vous. Vous pouvez commencer par contacter le rectorat de votre académie. Si vos démarches n’aboutissent pas, l’UNEF, syndicat étudiant, relance son dispositif SOS Inscription. Autre possibilité : allez sur le site de l’association Droits des lycéens, qui a publié un Guide des recours et peut vous aider dans vos démarches.
Vœux groupés : raté pour STAPS
Plus confidentielle : la possibilité de contacter directement les établissements. Certains attribueraient quelques places au compte-gouttes en dehors de la procédure APB. Benjamin, en terminale S dans un lycée de l’académie de Créteil, va tenter sa chance. S’il a obtenu une proposition pour son quatrième vœu, une licence à pastille verte en sciences de la vie, le bachelier, qui a décroché la mention très bien, espère bien obtenir son premier choix, un vœu groupé “STAPS Île-de-France”. Ce nouveau système de “vœux groupés” a permis, selon le ministère, d’offrir des places en droit, PACES (première année commune aux études de santé) ou psychologie à tous les candidats d’une académie ayant choisi la filière concernée en vœu 1, mais n’a pas suffi à réguler l’afflux de candidats pour les STAPS.
Voie parallèle
Sans même attendre la troisième phase d’admission d’APB, Benjamin envoie des dossiers dans les universités franciliennes, comprenant un CV, une lettre de motivation, des attestations sportives et ses résultats au bac. “Mes professeurs m’ont dit d’aller toquer aux portes de toutes les universités”, précise-t-il. Le bachelier compte sur son excellente moyenne au bac et son 20 en mathématiques pour accéder à la filière de ses rêves. Sans être sûr du résultat.
Droits des lycéens toujours sur la brèche
Après avoir publié un “Guide des recours” destiné aux bacheliers sans place à l’université, l’association Droits des lycéens a épluché les quelque 200 pages de documents fournis par le ministère de l’Éducation nationale sur le fonctionnement d’Admission post-bac. Des documents qui confirmeraient que les formations ont de larges marges de manœuvre pour sélectionner les candidats selon de très nombreux critères, y compris pour les licences cochées comme "sélectives". Une situation illégale, selon l'avocat de Droits des lycéens. “Soit on change l’algorithme d’APB pour le mettre en conformité avec la loi, soit il faut changer la loi pour que la procédure APB soit légale !” dénoncent Clément Baillon et Augustin Ruggieri, respectivement président et vice-président de l'association.