Prépa : où et comment se réorienter dès la première année ?
Pris dans le tourbillon de la prépa, difficile de s’informer sur les réorientations possibles. Il en existe pourtant et certaines sont mêmes prévues dans les conventions liant votre lycée à l’université. Explications.
Inscrit en prépa économique et commerciale à la rentrée 2015 sur les conseils de ses professeurs de terminale, Gauthier a vite compris que cette voie ne lui correspondait pas. "Contrairement à ce qu'on entend dire sur ces filières, il y avait une bonne ambiance en classe. Mais le rythme était vraiment trop rapide et le programme, très chargé en maths, ne me plaisait pas. J'avais justement choisi un bac ES pour échapper à cette matière qui s'avérait fondamentale, avec un niveau élevé", raconte l'étudiant marseillais. Soucieux de ne pas jouer son avenir sur un coup de tête, il décide alors de persévérer quelques mois mais prépare en parallèle une réinscription en DUT (diplôme universitaire de technologie).
"Lors de forums d'anciens organisés en terminale, j'avais appris que l'IUT d'Aix organisait chaque année des rentrées décalées en gestion des entreprises et des administrations. Une filière avec laquelle j'avais justement hésité sur Admission-postbac". Sur dossier scolaire, lettre de motivation et entretien, Gauthier est admis en février 2016 pour un semestre intensif permettant de rattraper la première année de DUT.
Aujourd'hui en deuxième année, option "comptabilité et finance", il se dit heureux de sa réorientation. "On garde une base d'enseignements généralistes en maths et en économie mais on suit aussi beaucoup de cours appliqués à l'entreprise". Un bon cocktail pour la poursuite d'études que Gauthier envisage à bac+5, soit en école de commerce, soit en IAE (institut d'administration des entreprises), des écoles de gestion internes aux universités.
Profitez de votre statut étudiant
Si les abandons en cours de prépa restent confidentiels, l'exemple de Gauthier montre qu'il est possible de rebondir sans perdre une année. Et sans non plus renoncer à son projet initial. Reste à frapper à la bonne porte. Car si cet étudiant en voie commerciale avait déjà une solution de secours en tête, ce n'est pas le cas d'autres jeunes qui misent tout sur ces antichambres des grandes écoles depuis la seconde. Ils ne sont pas démunis pour autant.
Implantées dans les lycées, les prépas se trouvent certes à l'écart des campus mais leurs élèves peuvent s'y rendre pour rencontrer des conseillers d'orientation, au fait des changements de voie possibles. Depuis la loi sur l'enseignement supérieur de 2013, tout élève de prépa doit en effet s'inscrire aussi à la fac. Il bénéficie donc d'un statut étudiant et d'un accès à tous les services universitaires, dont les SCUIO, les équivalents des centres d'information et d'orientation au lycée, qui disposent d'une documentation très précise sur la fac dont ils dépendent et ses passerelles.
Des conventions lycées-universités
Grâce à leur double inscription (ou "inscription cumulative") en licence, les élèves de prépa peuvent à différents moments de l'année raccrocher avec un programme de fac. "S'ils pensent à une réorientation relativement tôt, entre septembre et début octobre, il leur suffit d'indiquer à l'administration qu'ils suivront la licence 'en présentiel'. Ensuite, ils devront suivre une procédure de réorientation classique, comme les autres étudiants qui veulent changer de parcours en janvier", précise Geneviève Luciani, responsable de la direction des études de Paris-1 Panthéon-Sorbonne.
À l'instar de cet établissement, toutes les facs distinguent les "réorientations précoces" des évolutions possibles au deuxième semestre. Pour savoir dans quelles conditions exactes vous rejoindrez la licence à laquelle vous êtes rattaché, consultez la convention passée entre votre lycée et l'université en question. "Selon les accords, on pourra ou non vous demander de rattraper certaines unités d'enseignement du premier semestre", indique Joanna Kaczynska, conseillère au CIO (centre d'information et d'orientation) Médiacom, à Paris.
Au lycée Gambetta d'Arras, par exemple, les prépas littéraires qui veulent rejoindre une licence de Lille 3 en cours d'année n'obtiendront d'équivalence que s'ils ont validé leurs cours jusqu'au premier conseil de classe de prépa.
Bref, si vous voulez passer d'une prépa scientifique PCSI (physique-chimie-sciences de l'ingénieur) à la licence de physique en convention avec votre lycée, le chemin est relativement balisé. En revanche, si vous voulez vous réorienter en psychologie ou en histoire des arts, tout dépendra des places disponibles et de l'examen de votre dossier.
Des rentrées décalées en écoles et en IUT
Si vous rêvez toujours de devenir ingénieur mais que c'est le cadre de la prépa qui ne vous convient pas, vous pouvez encore bifurquer en janvier vers une école postbac. À condition d'avoir un projet bien déterminé, vu qu'il s'agit souvent d'établissements spécialisés : par exemple, l'EPITA est orientée vers les transports, l'ECE vers l'électronique ou l'EFREI vers les technologies du numérique.
Après une sélection sur dossier, vous suivrez en général un semestre de remise à niveau accéléré qui vous permettra de rejoindre la promotion principale à partir de la deuxième année. Un certain nombre d'écoles de commerce proposent elles aussi des rentrées décalées dans des programmes généralistes – par exemple, le Bachelor de l'INSEEC entre autres – ou dans des cursus axés sur des créneaux plus précis, comme le bachelor en luxe de l'EIML.
Grâce à leur intégration dans des réseaux, certaines écoles comme celles du groupe IGS permettent de retarder un peu l'heure du choix, avec un cycle intensif commun qui peut mener aussi bien à des études en communication qu'en marketing et distribution ou en événementiel. Informez-vous sur les dates, sans oublier les tarifs... Et réfléchissez à votre projet dès le mois de novembre.
Reste enfin la voie des DUT, qui intéresse souvent les élèves de prépas car "ces deux années sont souvent des tremplins vers un bac+5", observe Joanna Kasczynska. Le système de "deuxième rentrée" en février vous permettra là aussi de gagner du temps. Le hic, c'est qu'un panel assez restreint de cursus y participe. Mais si vous visez la gestion, les techniques de commercialisation ou encore le génie électrique et l'informatique industrielle, il y a des opportunités à saisir. Là encore, il faut mener l'enquête assez vite.