Wintegreat ou comment deux étudiants de l'ESCP accompagnent les réfugiés
LES JEUNES ONT DE L'AVENIR. Eymeric Guinet et Théo Scubla, élèves en deuxième année à l’ESCP, ont lancé un programme d’aide à la réinsertion pour les étudiants réfugiés. Un moyen de conjuguer leur souhait de justice sociale et leur soif d’entrepreneuriat.
Au moment de la médiatisation de la crise des réfugiés, en août 2015, Eymeric Guinet et Théo Scubla décident de passer à l'action. "Nous voulions prendre le contre-pied du misérabilisme en mettant en valeur les talents des réfugiés", raconte Théo, 21 ans. Après deux années passées en classe prépa économique, ces deux élèves de l'ESCP avaient envie "de concret, de s'engager".
Une association de réinsertion
Suite à plusieurs rencontres avec des réfugiés et des personnes du monde associatif, ils lancent Wintegreat en septembre 2015. "Wintegreat vient de l'assemblage entre les mots anglais Win, Integrate, et Great (gagner, intégrer, super). De nombreuses personnes nous disent souvent que cela fait penser à We+Integrate+great ou à Winter+great (le dernier a d'ailleurs un côté plus poétique avec d'un côté l'hiver "Winter", qui symbolise une partie sombre, la dure épreuve que les réfugiés ont enduré, et de l'autre "great" qui annonce le renouveau). L'essentiel avant tout, et ce que nous souhaitions pour notre nom, c'est qu'il véhicule une idée d'optimisme", explique les deux fondateurs.
Leur association a pour objectif de "construire un programme dans les grandes écoles pour permettre aux étudiants réfugiés de rebondir, en reprenant des études ou trouvant un emploi", décrit Théo.
Les participants suivent des cours dans les établissements partenaires, essentiellement de français, mais aussi de l'analyse historique, de l'anglais, ou encore un module "vivre en France" donnant des repères culturels.
Plus de 300 bénévoles à gérer
L'autre partie du programme est un accompagnement personnalisé, par trois personnes : "un mentor, ancien élève de l'école ; un coach, étudiant français de l'école qui aide le réfugié à concrétiser son projet ; un buddy, qui l'intègre dans son groupe d'amis".
Plus de 300 bénévoles sont mobilisés. "Le coach doit aider le réfugié dans son bilan de compétences et ses objectifs, tout en restant réaliste. Il vaut mieux parfois retarder une inscription à l'université si la personne a encore un niveau de français insuffisant", explique Eymeric, 20 ans.
Les réfugiés de plus de 18 ans, ayant déjà eu un parcours dans des études supérieures, peuvent candidater. Si 44 réfugiés ont pu profiter du programme en 2015-2016, répartis entre l'ESCP et Sciences po Paris, 100 places ouvrent à la rentrée 2016, grâce à des partenariats élargis aux établissements de l'ESSEC et l'ICP (Institut catholique de Paris).
Le programme est gratuit pour le bénéficiant, certifiant, mais non-diplômant. Indépendants financièrement grâce à une campagne de crowfunding, mais aussi à des partenariats avec des fondations d'entreprises, Wintegreat utilise la majorité de son budget dans le salaire des enseignants de FLE.
Des projets d'innovation sociale
Si Théo se charge de "la stratégie et la communication", Eymeric s'occupe lui du versant "ressources humaines et partenariats". Parmi les développements en cours : le recrutement d'un directeur des opérations. "Nous allons partir au semestre prochain sur le campus de Berlin de l'ESCP, il faut donc nous assurer que l'association se pérennise", se soucie Eymeric.
Les deux co-fondateurs comptent continuer à s'investir dans l'association, mais ne pas en faire leur métier. Théo souhaite terminer ses études à l'étranger et se lancer dans des projets d'entrepreneuriat, peut-être avec un double diplôme au MIT. Eymeric est quant à lui tenté par "le secteur de l'enseignement supérieur, afin d'essayer de le rendre accessible à un maximum de personnes. J'ai envie d'œuvrer pour une initiative qui a un impact social". Des ambitions qu'ils ont déjà commencé à mettre en œuvre avec Wintegreat.