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Bancs d’essai

Jeux vidéo : des études à fond les manettes

Banc essai_Animation_jeux video_CNAM-ENJMIN © Yohan Bonnet/Hans Lucas pour l’Etudiant_PAYANT
Les élèves du CNAM-ENJMIN suivent une formation de haut niveau et sont très souvent nominés à des prestigieux concours, tels les FLIP ou les PING Awards. © Yohan Bonnet/Hans Lucas pour l'Etudiant
Par Martin Rhodes, publié le 10 avril 2018
10 min

Les écoles de jeu vidéo ne se ressemblent pas. Si elles ont bonne réputation auprès des studios, c’est pour leurs spécificités, variant d’un établissement à l’autre. L'Etudiant vous aidera à passer de gamer du dimanche à game designer ou programmeur professionnel...

Les lycéens et les étudiants qui intègrent ces écoles sont des passionnés qu’il faut encadrer. "Ils ne sont pas là pour jouer aux jeux vidéo, mais bien pour en créer et apprendre un métier. Dans un premier temps, beaucoup d’entre eux ont tendance à l’oublier", constate Arnaud de Pischof, directeur pédagogique à Isart digital. Un temps d’adaptation surtout dû à la singularité des enseignements et de la pédagogie.

Chaque établissement présente des particularités en termes de pédagogie et de débouchés. Isart digital a opté pour un rythme alterné de la deuxième à la cinquième année d’études. ENJMIN (Angoulême) délivre un diplôme d’ingénieur en sciences et technologies des médias numériques, accessible après un bac+2 et accrédité par la CTI (Commission des titres d’ingénieur). Cette même école propose aussi un master dédié aux jeux et aux médias interactifs numériques, c’est-à-dire aux newsgames (jeux pour le journalisme), jeux politiques et thérapeutiques, serious games et autres webdocumentaires.

Les écoles de jeux vidéo préférées de pros

Écoles

Nombre de points

Nombre de citations "écoles préférées"

Supinfogame Rubika, Valenciennes

42

20

CNAM-ENJMIN, Angoulême

40

21

Isart Digital, Paris

38

18

LISAA animation et jeu vidéo, Paris

20

6

Gobelins, l’École de l'image, Paris

15

9

IIM, Paris-la-Défense

15

4

Ci-dessus le top 5 des écoles de jeux vidéo les plus citées par les professionnels.

Supinfogame sous les projecteurs

Le programme par cycle ou année d’études varie donc fortement d’une école à l’autre. Prenons l’exemple de Supinfogame, la filière jeu vidéo de l’école Rubika (Valenciennes) qui occupe cette année la première marche de notre palmarès.

Les trois premières années de ce cursus en cinq ans comportent une part importante d’enseignements communs à l’ensemble des étudiants de Rubika. Évidemment, beaucoup de ces cours ont un caractère artistique, comme : analyse filmique, réalisation de jeux de plateaux, dessin anatomique, modelage, photographie et graphisme 2D (logiciels Photoshop et Illustrator). Le programme se compose aussi d’enseignements plus généralistes. Citons par exemple : sociologie et anthropologie, culture générale, conception de site Web, ou encore techniques d’expression orales et écrites.

En quatrième et cinquième années, les étudiants de Supinfogame ayant opté pour la spécialisation game art suivent des cours de graphisme traditionnel, de maîtrise des logiciels 2D et 3D, d’effets spéciaux, d’anglais professionnel. Ils sont également formés au management, c’est-à-dire "aux méthodes de pilotage d’un projet et à l’encadrement d’équipe".

Dans ce cadre-là, ils apprennent toutes les étapes d’un projet, la gestion de conflits au sein d’une équipe et des notions de droit (propriété intellectuelle et droit d’auteur dans le jeu vidéo). Pluridisciplinarité et ouverture d’esprit ne sont pas propres à Rubika. On les retrouve dans la plupart des programmes. Alors non, les écoles de jeux vidéo ne forment pas des geeks asociaux !

Des pros en cours pour connaître les tendances

Dans la majorité des écoles, les cours sont dispensés par des enseignants et des professionnels du secteur du jeu vidéo. Les professeurs, qui sont sur les campus à plein-temps, suivent de près la progression des élèves. Certains établissements font uniquement appel à des spécialistes issus des studios français. Tel Supinfogame, qui renouvelle chaque année entre 20 et 30 % de ses intervenants "afin de coller au plus près des tendances".

Si Supinfogame opte pour une formation à temps plein, certaines écoles, comme Isart digital, ont choisi un rythme alterné. Quand les Isartiens ne sont pas en cours, ils réalisent des projets personnels ou professionnels, cherchent des stages ou le graal, un contrat de professionnalisation. Précisons toutefois que ce type de contrat rémunéré n’est pas facile à trouver. "En explorant les studios, divers métiers et types de jeu, nos étudiants élargissent leur réseau et s’orientent en connaissance de cause, selon leurs préférences et leurs compétences", explique Arnaud de Pischof, de l’école Isart digital.

En mode management de projets

Les écoles de jeux vidéo ne raffolent pas de théorie pure. Celle-ci va toujours de pair avec des exercices pratiques, plus ou moins longs, qui sont une aubaine pour apprendre de manière concrète et enrichir son book.

Les projets sont à la fois nombreux et divers. Prenons, cette fois-ci, l’exemple de Gobelins. L’école parisienne renommée dans le monde entier propose, en partenariat avec CNAM-ENJMIN, un seul et unique cursus en jeu vidéo : un Mastère Spécialisé (bac+6) baptisé Interactive Digital Experiences. "Autrement dit, les expériences ludiques, artistiques ou numériques nouvelles pouvant éventuellement recourir à des technologies comme la réalité augmentée ou virtuelle", traduit Pauline Gomy, la responsable de la formation.

Ce cursus inclut trois miniprojets collectifs (ou "jams") d’une durée de dix jours chacun, et un grand projet développé sur trente jours. L’occasion pour les étudiants de créer un jeu hybride mêlant objet physique et outil numérique, comme un jeu de cartes et un casque de réalité virtuelle. Cette année, trois grands thèmes proposés par les élèves ont été retenus. Ils portent sur : la méditation, l’autisme et le monde de l’entreprise.

Allier bout de ficelle et réalité virtuelle

Pour leur premier projet de l’année, les étudiants du master jeux et médias interactifs numériques du CNAM-ENJMIN ont quatre mois pour créer, en équipe, une "expérience interactive originale" d’une durée maximale de dix minutes. "Ils sont libres d’utiliser les matériaux et les outils qu’ils souhaitent : un ordinateur, un casque de réalité virtuelle, mais aussi des bouts de bois et de la ficelle, énumère Stéphane Natkin, le directeur de l’école. Le résultat peut être un jouet, un jeu ou encore un instrument de musique."

L’an dernier, le prix du meilleur jeu étudiant, remis à San Francisco (États-Unis) dans le cadre du prestigieux Independent Games Festival (équivalent des Oscars du jeu vidéo), a été attribué à des étudiants de ce master.

Cliquer sur "Entrer"

Les écoles accessibles après le bac sont en général ouvertes à tous les bacheliers. C’est le cas de Supinfogame, où le concours d’entrée en première année n’est pas de tout repos… Ce dernier comporte des épreuves écrites de culture générale, d’anglais et de rédaction (synthèse portant sur une question de société, par exemple), puis des épreuves de dessin d’observation (nature morte) et de spécialisation (dessin pour le game art ; le concept d’un jeu pour le game design), suivies d’un entretien d’une durée de vingt minutes.

Lors de ce dernier, le jury prête attention à la personnalité, à la motivation et au book des candidats. "Ceux qui viennent les mains dans les poches ont toutes les chances de repartir comme ils sont venus, c’est-à-dire sans rien, prévient Franck Letiec, directeur pédagogique chez Rubika. L’entretien se prépare en famille ou entre amis, et le book, point de départ des échanges, doit être en accord avec la spécialisation choisie, soit game art, soit game design, en première année."

Le bac ne suffit pas toujours

Deux prestigieuses écoles, présentes dans notre top 5, ne sont pas directement accessibles après le bac. Il s’agit de Gobelins et CNAM-ENJMIN. Cette dernière propose trois formations initiales : un diplôme d’ingénieur, un master et un Mastère Spécialisé. Le recrutement se fait respectivement après deux, trois et cinq ans d’études. Concernant le master JMIN (jeux et médias interactifs numériques), par exemple, le concours d’entrée dépend du parcours choisi, à savoir conception visuelle, conception sonore, ergonomie, game design, management de projet et programmation. Les étudiants en programmation sont majoritairement titulaires d’une licence informatique. Les game designers sont, quant à eux, issus d’un cursus en cinéma ou en audiovisuel, en programmation, en sciences humaines ou en science politique.

Quoi qu’il en soit, même les meilleures écoles de jeux vidéo sont ouvertes à des profils très variés. Ainsi, les 100 étudiants admis depuis 2012 (promotions de 20 élèves) dans le Mastère Spécialisé Interactive Digital Experiences de Gobelins proviennent de 84 établissements différents, dont des écoles d’art et de design, des écoles d’informatique, d’ingénieurs… En d’autres termes, tout le monde a sa chance et il serait dommage de ne pas la tenter, de ne pas être un peu joueur !

Choisir son école de jeux vidéo

"Se renseigner sur les métiers, puis sur les écoles", c’est le conseil que donne Julien Villedieu, le délégué général du SNJV (Syndicat national du jeu vidéo). Vous trouverez, sur le site Internet du syndicat (rubrique "Les publications"), le descriptif d’une quarantaine de métiers répartis en cinq grandes familles. "Choisissez un type de métiers [management, design, technologie, etc.] selon vos envies et le marché de l’emploi. Le game design attire beaucoup, mais recrute peu", précise Julien Villedieu. Vous pourrez aussi vous rendre aux journées portes ouvertes des établissements qui forment aux métiers visés. Pour les identifier, aidez-vous du moteur de recherche du Réseau des écoles du jeu vidéo. Mis en place par le SNJV, il répertorie 13 écoles publiques ou privées situées un peu partout en France.

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