Paris-Dauphine : hausse des frais de scolarité en licence
Fini le prix unique. À partir de la rentrée 2016, l'université Paris-Dauphine revoit à la hausse le tarif de la première année de ses licences d'économie-gestion. Il oscillera entre 0 et 2.200 € selon le revenu des parents, contre 530 € aujourd'hui.
2.200 €. C'est le montant que les étudiants issus des familles les plus aisées devront débourser à partir de la rentrée 2016 pour intégrer en première année l'une des quatre licences d'éco-gestion de l'université Paris-Dauphine, soit quatre fois plus qu'aujourd'hui. Actuellement, une année de L1 coûte 530 €, sauf pour les boursiers, exemptés de frais de scolarité.
11 niveaux de frais d'inscription
La nouvelle grille tarifaire de licence 1 comprend 11 niveaux de frais de scolarité différents qui s'échelonneront entre zéro et 2.200 € selon le revenu des parents. L'augmentation des frais de scolarité s'applique uniquement à partir de 60.000 € de revenus annuels (voir tableau ci-dessous). Au-dessous de ce seuil, "les droits seront réduits par rapport à ce qu'ils étaient avant cette réforme", assure Laurent Batsch, le président de l'université dans un communiqué.
En-dessous de 40.000 € de revenus annuels, tous les étudiants seront exonérés de droits de scolarité, ce qui "devrait permettre à certains qui ne sont pas boursiers d'État de bénéficier désormais d'une exemption", ajoute Sabine Mage, vice-présidente de l'université en charge des formations et de la vie étudiante.
Des réductions pour les familles nombreuses et les provinciaux
Pour faire passer la pilule, l'université a introduit un abattement de 275 € pour les étudiants dont les parents ne résident pas en région parisienne, ou qui ont des frères et soeurs dans l'enseignement supérieur, à partir de 70.000 € de revenus annuels. "Nous aurions voulu que ces deux abattements soient cumulables, mais ce n'est pas le cas", regrette Maxence Bringuier, président du syndicat étudiant Uni Dauphine.
Ceux dont les parents n'habitent pas l'Union européenne sont les grands perdants de cette réforme. Ils devront en effet régler 2.200 €, et ce quel que soit leur niveau social. Choquant ? "Non, c'est une disposition très commune dans les institutions du monde entier. On est tenu sur le plan juridique d'assurer l'équité de traitement des citoyens européens. Au-delà, c'est très compliqué", répond Sabine Mage.
L'université ne s'interdit pas d'étendre aux licences le système d'exonération de frais de scolarité accordé à certains étudiants étrangers de master.
Améliorer l'accompagnement des étudiants de licence
Votée par le conseil d'administration de l'université du 21 mars 2016, la mesure doit permettre de "développer les ressources propres de l'établissement et donc de financer de nouvelles mesures, en conservant la gratuité pour les étudiants boursiers d'Etat, réfugiés ou en situation de handicap", justifie l'université, qui a obtenu, en 2004, le statut de grand établissement, et donc le droit de sélectionner les étudiants et de fixer librement le prix de ses diplômes "maison". La progressivité des frais d'inscription prévaut depuis 2010 pour les masters.
Grâce à l'argent retiré de cette réforme, Dauphine promet de développer les semestres délocalisés à l'étranger – 80 étudiants sont partis cette année à New York ou à Shanghai –, les bourses de mobilité internationale, l'enseignement des langues ou l'accompagnement personnalisé sur les "soft skills". Elle veut aussi étendre le programme "Talents", qui offre un aménagement de leur emploi du temps à une trentaine de sportifs et d'artistes, et aux étudiants entrepreneurs. Il s'agit aussi de développer le programme Égalité des chances de Dauphine, avec comme objectif de faire passer 10 % d'une promo par cette voie.
Les étudiants vigilants sur la réalité des contreparties
Qu'en pensent les étudiants ? L'UNEF, qui "s'oppose à une nouvelle augmentation du coût de la scolarité en premier cycle à l'université", a voté contre la mesure. "Loin d'être un système de frais 'progressifs', comme le présente la direction, le barème retenu se révèle profondément injuste socialement, dans la mesure où il fait proportionnellement davantage contribuer les classes moyennes que les étudiants issus de familles aisées. Il frappe aussi de plein fouet les étudiants hors UE", dénonce Juba Ihaddaden, président de l'UNEF Dauphine. Quant aux contreparties, avancées par l'université elle sont "floues et pas chiffrées", estime-t-il.
"Le 8 février, lors du premier conseil de LSO (licence sciences des organisations), tous les étudiants avaient voté contre la mesure, car il n' avait aucune contrepartie proposée, mais depuis nous avons obtenu de vraies avancées : une classe de langue à Londres, un meilleur suivi des étudiants, un élargissement de la carte des options...", énumère Maxence Bringuier, président de l'UNI Dauphine, dont l'organisation a voté "pour". Mais attention, prévient-il : "On sera attentif à la concrétisation de ces promesses. Et si ce n'est pas le cas, on ne votera pas l'extension des frais d'inscription aux L2 l'année prochaine."
La licence maths-info pas concernée par la réforme
Si vous envisagez de vous inscrire à la rentrée dans l'une des deux licences de maths et d'informatique de Dauphine, vous n'êtes pas concerné par la réforme des frais d'inscription... au moins pour l'instant. "L'écosystème n'est pas le même qu'en économie-gestion, il y a des institutions concurrentes avec des tarifs nationaux ou plus bas comme les écoles d'ingénieurs", avance Sabine Mage, vice-présidente en charge des formations et de la vie étudiante. Les étudiants continueront donc à débourser 530 € en première et en deuxième année et 184 € en L3.