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Décryptage

Pourquoi partir étudier à l'étranger ?

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À l'heure où l'activité est mondialisée dans presque tous les secteurs, les jeunes diplômés dotés d'une expérience internationale sont favorisés. © plainpicture/OJO/Adam Gault
Par Sophie Collet, avec la collaboration de Morgane Taquet, publié le 29 janvier 2017
1 min

Les jeunes Français partent de plus en plus se former hors de l'Hexagone. S'expatrier n'est pas un passage obligé pour réussir ses études, mais cela permet de découvrir d'autres cultures, d'apprendre d'autres langues… et d'enrichir son CV. Tour d'horizon des motivations possibles, extrait de l'ouvrage “Partir étudier à l'étranger” de Sophie Collet.

La plupart des grandes écoles ont fait du séjour à l'étranger un passage obligé, mais, à l'université, il reste en général facultatif. Et partir réclame souvent une forte motivation : temps de préparation élevé, coûts supplémentaires… Même si une expérience hors de nos frontières n'est pas indispensable pour obtenir un diplôme, elle constitue une occasion unique de découvrir une autre culture et d'apprendre une nouvelle langue. En outre, un séjour à l'étranger effectué pendant les études facilite souvent l'insertion professionnelle.

Une expérience indispensable dans certains secteurs

Depuis que les séjours à l'étranger sont devenus monnaie courante, leur valeur a changé. Annabelle Vercammen-Cuif, chasseuse de têtes, explique : “Il y a dix ans, une expérience à l'étranger était bien à avoir sur un CV. Aujourd'hui, c'est devenu un ‘must have’, un passage obligé, en tout cas sur le marché du travail des dirigeants.”

Certains domaines économiques sont plus internationalisés que d'autres. Annabelle Vercammen-Cuif les énumère : “Citons la finance, le commerce bien sûr, l'énergie, l'industrie, où l'on délocalise la production dans des pays à bas coût, l'agroalimentaire, notamment avec la conception de produits ‘glocaux’ qui sont les mêmes partout mais dont le marketing est adapté à la population cible. Même dans la banque, pour laquelle les marchés étaient jusqu'ici encore assez locaux, les profils internationaux deviennent à présent recherchés.”

Vous devez donc mettre en place une véritable stratégie pour vous démarquer grâce à cette expérience. Votre séjour à l'étranger doit s'insérer logiquement dans votre parcours d'études mais aussi dans votre projet professionnel. Combien de temps partir ? Dans quel cadre ? Pourquoi dans tel pays en particulier ? Il faut que vous soyez capable de justifier vos choix. Cette expérience doit apparaître comme une partie intégrante de votre parcours, et non comme une année sabbatique.

Erasmus, le champion de la mobilité internationale

Parmi les 62.416 étudiants français qui étudiaient à l'étranger en 2012-2013, 26.740 bénéficiaient d'Erasmus. La France est le troisième pays qui envoie le plus d'étudiants à l'étranger grâce à cette bourse, derrière l'Espagne et l'Allemagne. Lancé en 1987, ce programme d'échanges européen regroupait initialement 11 pays. Aujourd'hui, il en comptabilise exactement 33, soit les 28 pays de l'Union européenne plus l'Islande, le Liechtenstein, la Macédoine, la Norvège et la Turquie.

Le principe d'Erasmus est simple : l'étudiant ne paie pas les frais de scolarité de l'université du pays d'accueil et son séjour d'études à l'étranger est reconnu par l'établissement d'origine. De plus, une bourse d'études lui est en principe attribuée, pas de manière automatique cependant. Cela dépend de la politique de l'université, qui peut décider librement de la façon d'allouer les sommes. Les critères sont en général sociaux, mais parfois aussi académiques. Le montant varie chaque année entre 250 et 300 € par mois, en fonction du nombre d'étudiants participants.

Quelles compétences acquiert-on vraiment ?

Parler anglais, allemand, espagnol, chinois... c'est disposer d'un moyen de communication supplémentaire. Et rien ne remplace la pratique quotidienne d'une langue. Les Français doivent souvent lutter avec une peur du ridicule bien ancrée dans la culture. Adeline, étudiante à Sciences po partie en Allemagne, se rappelle : “Les autres étudiants étrangers avaient moins peur que nous de faire des erreurs. Cela m'a beaucoup décomplexée et je me suis lancée !” À la fin d'une année universitaire, si les étudiants devenus bilingues restent rares, tout le monde parvient à s'exprimer avec fluidité. C'est le fameux niveau “courant” si prisé dans le monde professionnel.

Manier une nouvelle langue reste le premier bénéfice d'une expérience à l'étranger. Mais vous vous enrichirez de bien d'autres façons. De retour de l'étranger, la maturité des étudiants fait l'unanimité. À l'EPITA, école d'ingénieurs informatique, tous les étudiants doivent passer au moins six mois dans un autre pays. “Le numérique est le secteur international par excellence et c'est l'une des raisons pour lesquelles les séjours internationaux sont une étape incontournable de la pédagogie de l'école, explique Nazima Canda, directrice des relations internationales de l'école. Cette expérience permet à nos étudiants de s'enrichir non seulement sur le plan académique, car elle leur apporte une nouvelle perspective sur les sciences de l'ingénieur enseignées dans un contexte différent, mais également sur le plan personnel et humain.”

Une étape vers une vie professionnelle plus internationale

Quelle banque n'a pas de bureaux à l'étranger ? Quelle entreprise ne travaille pas avec des fournisseurs dans un autre pays ? Quelle collectivité ne noue pas des partenariats en Europe et ailleurs ? Aujourd'hui, dans presque tous les domaines, il est devenu impossible de faire l'impasse sur l'international.

Caroline, 27 ans, travaille au service marketing d'un cabinet de recrutement. Son poste a beau être basé à Paris, elle parle anglais tous les jours. Sa voisine de bureau est singapourienne et elle-même rédige toutes ses présentations en anglais. “Même avec mon supérieur, qui est français, nous nous écrivons la plupart du temps en anglais, au cas où un e-mail devrait être transféré au reste de l'équipe”, raconte-t-elle. Sans son MBA (master of business administration) à La Nouvelle-Orléans, Caroline sait qu'elle n'aurait pas décroché cet emploi. Cette expérience lui sert aussi lors de ses déplacements professionnels à l'étranger : “Aux États-Unis, j'ai pu me familiariser avec d'autres manières de travailler”, explique-t-elle.

Pierre, lui, est expatrié en Inde pour un groupe bancaire. Pour convaincre son employeur de le laisser partir dans ce pays si éloigné de la France, tant géographiquement que culturellement, il a insisté sur un précédent stage effectué au Guatemala. “Là-bas aussi, les conditions de travail étaient difficiles. Mais je m'étais bien adapté à ce contexte. Cela a plu aux ressources humaines de ma société”, nous explique-t-il. Si vous souhaitez démarrer votre carrière à l'étranger, notamment en VI (volontariat international), une expérience préalable à l'international s'avère quasiment indispensable.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
Partir étudier à l'étranger”,
par Sophie Collet.

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