Décryptage

Le ministre de la Santé annonce la hausse du salaire des externes et le respect du temps de garde des internes

Le nouveau ministre de la Santé a fait plusieurs annonces concernant les internes et les externes.
Le nouveau ministre de la Santé a fait plusieurs annonces concernant les internes et les externes. © Witthaya / Adobe Stock
Par Mersiha Nezic, publié le 25 février 2020
6 min

Olivier Véran, le nouveau ministre de la Santé, demande le respect du repos de garde et une meilleure comptabilisation du temps de travail des internes. Le successeur d'Agnès Buzyn annonce également l'augmentation de la rémunération des externes, qui effectuent des stages pouvant se dérouler à mi-temps ou à plein temps par période. Les organisations étudiantes attendent qu'il "passe des paroles aux actes".

Augmentation de la rémunération des externes, coup de pouce financier aux internes en stage ambulatoire "dans les zones sous-dotées, dans ce qu’on appelle les déserts médicaux", strict respect des repos de garde… Olivier Véran, fraîchement nommé ministre de la Santé, a lâché du lest devant les médecins de demain réunis au congrès de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), à Saint-Étienne, le 21 février dernier.

La prime passe de 200 à 300 euros pour les internes en stage dans les déserts médicaux

Le successeur d'Agnès Buzyn confirme ainsi les engagements de sa prédécesseure. Il promet la revalorisation de 100 euros de la prime réservée aux internes en médecine générale qui doivent prioritairement réaliser des stages dans les déserts médicaux. "J’ai bien conscience que [ceux-ci] peuvent représenter un surcoût financier pour les internes, voire parfois demander un véritable engagement, a expliqué le ministre. En 2018, une prime de 200 € avait été mise en place pour ces stages éloignés. […] Je souhaite que cette indemnité soit revalorisée à 300 € et la condition kilométrique soit supprimée [30 kilomètres], les déserts médicaux sont souvent plus proches qu’il n’y paraît". Pour l'ISNAR-IMG, "ce geste, que nous saluons par ailleurs, n’est pas suffisant. Nos salaires n’ont pas été revalorisés depuis 2012", rappelle Marianne Cinot, présidente du syndicat des internes.

L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) demande de son côté que "cette indemnité d’hébergement soit étendue aux étudiants hospitaliers auprès desquels on prône une diversification des terrains de stages avec une découverte des territoires", réagit Roxane Hellandsjö-Prost, la présidente de l’organisation étudiante.

"Tout le temps de travail effectué devra être comptabilisé"

Olivier Véran a également annoncé une meilleure comptabilisation du temps de travail des internes. Selon le Code de la santé publique, celui-ci ne peut dépasser 48 heures hebdomadaires. Mais dans les faits, ces étudiants en formation sont mobilisés bien au-delà, a reconnu le ministre. "Cette limite n’est toujours pas respectée. Cela n’est plus acceptable. Il y a eu trop de drames."

Le nouveau locataire de l'avenue de Ségur a également estimé que "tout le temps de travail effectué devra être comptabilisé : les demi-gardes devront ainsi être reconnues et incluses dans le temps de travail hebdomadaire et donc rémunérées".

Marianne Cinot déplore que l'examen des tableaux de service en commission médicale d'établissement (CME) ne soit pas systématisé. "Il s'agit d'un tableau rempli par les internes et leurs chefs et qui sert à mesurer le temps de travail. Y sont notées les heures passées en service, en cours, en garde, en repos… Or, selon nos enquêtes, plus d’un interne sur deux ne le remplit pas. Il faut renforcer l'examen de ces tableaux de service et faire un bilan annuel en commission médical d’établissement. Si des manquements sont constatés, il faut effectivement appliquer des sanctions financières aux établissements qui ne respectent pas la réglementation". Le ministre s'y est engagé mais le syndicat des internes attend qu'il "passe des paroles aux actes".

La rémunération des externes va également évoluer

Olivier Véran a également confirmé l'augmentation de la rémunération des externes. Lors de leur externat, les étudiants hospitaliers effectuent des stages qui peuvent se dérouler à mi-temps ou à plein temps par période. Ils sont rétribués à hauteur de 129.60 € bruts mensuels en DFASM1 (première année du second cycle), puis de 251.40 € bruts mensuels en DFASM2 et de 280 € mensuels en DFASM3.

Une rémunération largement insuffisante pour l’ANEMF qui demande une rémunération identique à celle dont sont gratifiés les étudiants en alternance. Mais jusqu’où ira le ministre qui n’a pas encore dévoilé le montant de la hausse ? "J’ai demandé à mes services la publication, d’ici la prochaine rentrée, d’une instruction sur les droits des étudiants hospitaliers. Ce texte devra naturellement être travaillé avec les représentants des étudiants", a affirmé Olivier Véran.

Un diplôme d'études spécialisées en quatre ans au lieu de trois

Le ministre de la Santé approuve également l’allongement du cursus menant au diplôme d'études spécialisées (DES) à quatre ans

. Destiné aux étudiants ayant opté pour la médecine générale, la durée de celui-ci est fixée actuellement à trois ans. "La médecine générale n’a pas à être une spécialité à part, qui serait moins distante que d’autres en termes de compétences à acquérir. […] L’année 2020 doit être mise à profit pour aller au terme des travaux nécessaires au passage à un DES à quatre ans. La montée en charge du nombre de terrains de stage ambulatoires constitue une condition sine qua none à cette évolution", affirme Olivier Véran.

L'ISNAR-IMG, ne s'oppose pas à l'allongement mais estime que les conditions ne semblent pas encore réunies pour le lancement de ce chantier. "Le ministre reconnaît lui-même qu'il est encore nécessaire d'augmenter les moyens de formation", insiste Marianne Cinot.

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