MyArtMakers : la start-up qui met en relation artistes et clients
Tout juste diplômé d'HEC, Adrien Saix, 26 ans, crée MyArtMakers : une plateforme de mise en relation d'artistes contemporains avec des commanditaires. Il est l'un des dix lauréats de la première édition des prix PEPITE – Tremplin pour l'entrepreunariat étudiant –, un concours d'aide à la création d'entreprise lancé par le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui récompense les innovations des étudiants entrepreneurs.
"Ces 10.000 € vont bien nous aider. Ils vont soulager notre trésorerie et nous permettre de tenir quelques mois de plus", déclare Adrien Saix. Ce jeune homme de 26 ans est le fondateur de MyArtMakers, une plateforme Web 2.0 de mise en relation d'artistes contemporains avec des commanditaires, qu'ils soient particuliers ou entreprises. Avec ses deux associés - Bertrand (le directeur de création), âgé de 22 ans, et Yohan (le directeur technique), âgé de 25 ans - ils ont mis 10.000 € dans le projet. Le business model de la start-up repose sur une commission de 15 % net prise sur chaque transaction réalisée et facturée à l'artiste exclusivement.
Le trio vient donc d'être récompensé par les prix PEPITE qui soutiennent les projets de création d'entreprise par des étudiants ou des jeunes diplômés. Les 50 lauréats de ce concours, lancé par le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, se partagent 300.000 € et les 10 premiers empochent 10.000 € chacun. De quoi amorcer le financement de l'activité et tenir durant les premiers mois de la création.
Un parcours d'étudiant entrepreneur
Novice sur le marché de l'art contemporain, Adrien a toujours été animé d'une volonté farouche d'entreprendre. Et cela se voit dans son parcours d'études : "Dès ma première année à l'Université de technologie de Compiègne, à 18 ans, j'ai suivi le cours de création d'entreprise innovante." Plus tard, à HEC, Adrien suit également les enseignements dédiés à l'entrepreneuriat.
"Je n'ai pas fait la célèbre majeure HEC Entrepreneurs. J'ai opté pour le mastère spécialisé conduite de grands projets car je devais mettre, pendant quelque temps, mes rêves de création d'entreprise entre parenthèses pour gagner de l'argent comme salarié. Mais à HEC, le réseau est omniprésent, et j'ai retrouvé le courage de lancer ma propre activité." Durant son mastère, Adrien se frotte quand même à la création d'entreprise durant trois mois sur un projet de franchise de boulangerie innovante.
Une stratégie marketing "Océan Bleu"
Durant ses études, Adrien a ainsi découvert les vertus de la stratégie marketing dite "Blue Ocean" (ou Océan Bleu) qui lui a permis de mettre au point le positionnement unique de MyArtMarkers. Selon la théorie Ocean Bleue (mise au point par des chercheurs de l'Insead), mieux vaut créer une offre nouvelle dans un espace non encore soumis à la concurrence que de se battre dans un espace très concurrentiel avec une offre similaire à celles déjà existantes.
"Nous avons deux types d'offres. Nous proposons des galeries virtuelles qui mettent à la vente des œuvres d'art existantes : une activité identique à beaucoup de sites (même Amazon s'y est mis). Mais nous proposons également de commander des œuvres que réaliseront les artistes après un brief du client. Cela, nous sommes les seuls à le faire", se réjouit Adrien, qui entend bien miser sur son offre "Blue Ocean" pour se distinguer de ses concurrents et éviter de se battre sur leur terrain.
Une activité encore embryonnaire
MyArtMakers a été lancé en mars 2014. En quelques mois, le site a réussi à créer une communauté de 310 artistes (fin juin 2014) et enregistre une fréquentation de 5.000 visiteurs uniques par mois. Mais l'activité est encore embryonnaire avec une quinzaine de commandes passées et trois transactions réalisées. Comme toute jeune entreprise, MyArtMakers a besoin de fonds pour tenir le temps de se faire connaître et de développer son activité.
Les aides au démarrage - comme la dotation du prix PEPITE - sont donc importantes pour la survie de l'entreprise. Mais l'équipe de MyArtMakers compte aussi sur de nouvelles aides comme celles de Bpifrance (Banque publique d'investissement) à travers, par exemple, sa bourse French Tech ou le récent crédit d'impôt innovation (20 % de réduction d'impôt).
Les lauréats du prix PEPITE à l'Elysée, le 20 juin 2014. // © DR
Déjeuner avec François Hollande
Le 20 juin 2014, Adrien et neuf autres lauréats du prix PEPITE, tous jeunes diplômés ou étudiants et créateurs d'entreprise, ont déjeuné à l'Élysée en compagnie du président de la République, François Hollande, de Benoît Hamon, le ministre de l'Éducation nationale, et de Geneviève Fioraso, la secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche. "François Hollande nous a posé quelques questions. Il voulait notre retour sur les difficultés que nous rencontrions", raconte Adrien.
L'entrepreneur et les autres lauréats ont alors fait valoir le trop-plein de structures d'accompagnement à la création d'entreprises en France. "Quand on est jeune entrepreneur, on a beaucoup de choses à gérer. L'accompagnement est crucial pour multiplier ses chances de réussite. Mais ce qui manque c'est une structure d'accompagnement de référence. Ce serait moins chronophage".
Comme tout entrepreneur, le fondateur de MyArtMakers a besoin de se concentrer sur l'essentiel : développer son projet et passer le moins de temps possible en formalités. Les semaines et mois à venir seront déterminants pour le succès ou l'échec de la start-up.
"Une des grandes difficultés de la création d'entreprise consiste à savoir bien faire évoluer notre produit pour mieux répondre aux attentes du marché avant de ne plus avoir de trésorerie disponible. Pour cela nous devons très rapidement prouver la pertinence de notre projet, l'efficacité de notre produit avant d'aller solliciter des investisseurs", déclare Adrien. En bref, assurer le décollage et la mise en orbite avant d'avoir brûlé tout le carburant financier.
Entrepreneuriat étudiant : les nouveautés en septembre 2014
Un prix, des formations, un diplôme, un statut… Les pouvoirs publics ont décidé d'aider les étudiants qui souhaitent se lancer dans l'aventure de la création d'entreprise.
Les prix PEPITE. Récompensant des étudiants ou des jeunes diplômés (moins de 28 ans), les prix PEPITE - Tremplin pour l'entrepreneuriat étudiant – ont été créés en 2014 pour soutenir la création d'entreprise par des jeunes dans tous les secteurs d'activités. Ces prix sont intégrés au concours national d'aide à la création d'entreprises technologiques innovantes créé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette année, pour sa première édition, 300.000 € ont été attribués à 50 lauréats. Les dix premiers lauréats touchant chacun 10.000 €.
Un statut protecteur. Pour développer une culture de l'entrepreneuriat parmi les 2,4 millions d'étudiants en formation dans l'enseignement supérieur, les pouvoirs publics ont créé un statut d“'étudiant entrepeneur”, qui entrera en vigueur dès la rentrée de septembre 2014. Il permettra aux jeunes diplômés de bénéficier encore des avantages étudiants, notamment la couverture sociale, les transports et la restauration à tarif réduit. Avec ce statut, les entrepreneurs en herbe pourront aussi bénéficier d'horaires aménagés pour leurs études, de la reconnaissance de leur projet d'entreprise comme une composante à part entière de leur parcours de formation (avec éventuellement attribution de crédits ECTS). Ils pourront également bénéficier d'espaces de travail collaboratif et de l'appui de deux tuteurs (un enseignant, un professionnel).
Un diplôme. Un DE (diplôme d'établissement) "étudiant entrepreneur" sera créé au sein de chacun des 29 PEPITE (pôles étudiants pour l'innovation le transfert et l'entrepreneuriat) dans les territoires.