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Portrait

Cette entrepreneuse de 16 ans a créé une appli pour en finir avec l'appel en classe

Philippine Dolbeau doit sa passion pour les nouvelles technologies à son père.
Philippine Dolbeau doit sa passion pour les nouvelles technologies à son père. © Photo fournie par le témoin
Par Isabelle Maradan, publié le 13 janvier 2016
1 min

Philippine Dolbeau a fait une apparition remarquée sur BFM Business, le 7 janvier 2016. La lycéenne de 16 ans y présentait l’application développée par son entreprise New School, pour remplacer l’appel en cours. Depuis, la polémique enfle. La jeune entrepreneuse répond aux critiques qu'elle met sur le compte de la méconnaissance de son appli.

Philippine Dolbeau n’a que 16 ans. Pour sa première télé sur BFM Business, jeudi 7 janvier, l'adolescente avait tout d'une pro. L’élève de première littéraire du lycée Le Bon-Sauveur, au Vésinet (78), qui doit sa passion pour les nouvelles technologies à son père, est la jeune entrepreneuse de New School. Celle-ci développe une application, installée sur le smartphone ou la tablette du professeur, qui repère automatiquement la présence de chaque élève en détectant une capsule attachée à son porte-clés. Une liste de présence est alors générée automatiquement et transmise à la vie scolaire de l’établissement. Une dizaine de minutes plus tard, "pour laisser le temps aux retardataires d’arriver en classe", explique Philippine, l’application informe les parents de l’absence de leur enfant en classe.

"Les gens qui sèchent, j’en ai rien à faire ! "

Agacée par des titres d’articles présentant l'application de Philippine comme "une appli pour lutter contre l’absentéisme", elle corrige : "lutter contre les gens qui sèchent, j’en ai rien à faire ! J’ai juste réfléchi à une solution pour apporter la sécurité aux élèves. Cet outil permet aux enseignants qui le souhaitent de ne pas perdre du temps en faisant l’appel. "Chaque professeur peut gagner 28 heures par an, un temps conséquent à consacrer au soutien scolaire, par exemple", illustre l’adolescente à l’argumentaire rodé.

Création d’une mini-entreprise en classe de seconde

Passionnée de nouvelles technologies, Philippine avait déjà créé une fourchette équipée d’un ventilateur pour refroidir les aliments dans l’assiette. "Un gadget inventé parce que je me suis brûlée avec ma soupe à l’âge de 12 ou 13 ans", plaisante-t-elle. C’est à 15 ans, dans le cadre d’un cours de seconde consacré à la création d’une mini-entreprise, qu’elle a commencé à imaginer l’application New School. "J’avais entendu l’histoire d’un garçon oublié toute une journée dans un car scolaire et je me suis dit que c’était dingue qu’un truc comme ça puisse arriver à notre époque." Née "avec un iPhone dans les mains", elle juge naturel que les outils de sa génération "connectée et présente sur les réseaux sociaux" soient aussi utilisés dans l’éducation. Le développement de son application bénéficie des "précieux conseils d’Apple". 

"L’appli permet aussi de faire l’appel"

Certains enseignants estiment que la solution de Philippine va déshumaniser le rituel de l’appel en début de cours, considéré par certains comme un premier contact nécessaire avec les élèves. "L’appli permet aussi de faire l’appel, si le professeur le souhaite, sans avoir besoin de transmettre ensuite un papier à la vie scolaire", rassure la lycéenne. Une pratique dont se passent déjà les professeurs qui saisissent ces données sur le site intranet de leur établissement.

"L’appel n’est pas infaillible"

Lorsqu’on lui oppose que l’enseignant ne pourra plus vérifier d’un regard qu’un élève noté présent n’a pas simplement passé sa capsule à un copain pour faire l’école buissonnière, elle explique que "l’appel n’est pas infaillible" et certifie qu’"il arrive régulièrement que des élèves absents soient notés présents". "Il suffit qu’un élève lance un "oui" à la place d’un autre pendant que le professeur regarde sa liste", assure l’adolescente.

"Bracelet électronique pour les élèves"

Aux critiques qui l’accusent d’avoir inventé "un bracelet électronique pour les élèves", elle rétorque que "chaque capsule ne permet pas de géolocaliser l’élève, mais juste de détecter sa présence en classe sur le même mode de fonctionnement que le Bluetooth". La réticence des enseignants ne la décourage pas plus qu’elle ne l’étonne. "La principale de mon lycée m’a raconté récemment comment les enseignants rechignaient lorsqu’il a été question de mettre en ligne les notes des élèves. Maintenant, ils râlent quand le dispositif tombe en panne." Philippine distingue donc les critiques "des gens qui ne prennent pas le temps de connaître le fonctionnement de l’appli" de celles, plus constructives, des personnes qui vont lui permettre de faire évoluer son projet actuel.

"Pas plus de 20.000 €"

Combien ça coûte ? "Rien n'est fixé, mais la solution ne sera pas vendue au-dessus de 20.000 € par établissement pour autant d’années et de classes que l’on veut", évalue Philippine. L'application est actuellement testée dans son établissement privé de région parisienne. Cette application vise-t-elle seulement l'enseignement privé ? "Pas forcément, mais l'avantage du privé, c'est qu'il est plus 'blindé' que le public", lâche la jeune entrepreneuse. L'intrusion du privé dans l'école publique fait partie des polémiques suscitées par l'idée de la lycéenne.

Père dans l’informatique, mère enseignante

Son père, dans l’informatique et l’innovation, et sa mère, enseignante, l’accompagnent dans cette entreprise. En retrait, mais près d’elle pendant l’interview, ils laissent le soin à Philippine de gérer la communication du projet dans les médias. Concise, dynamique et souriante à l’écran, la lycéenne assure ne pas s’être particulièrement préparée à l’exercice et rester naturelle. Elle surfe avec plaisir sur la récente vague de sollicitations médiatiques. Et trouve même cette expérience très enrichissante. "Je rêve de devenir journaliste, même si, en ce moment, on me demande souvent comment je vais faire si New School se développe !"

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