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Envie de monter votre boîte ? Profitez du statut d'étudiant-entrepreneur !

Adrien créateur de la marque De Rigueur - étudiant-entrepreneur
Grâce à son statut d'étudiant-entrepreneur, Adrien, créateur de la marque d'articles de maroquinerie De Rigueur, bénéficie de locaux gratuits à l'INSA de Villeurbanne. © Photo fournie par le témoin
Par Étienne Gless, publié le 25 septembre 2015
1 min

Lancé fin 2014, le statut d'étudiant entrepreneur permet à tous les jeunes titulaires au moins du bac d'élaborer leur projet entrepreneurial avec un minimum de sécurité. Un statut qui s'accompagne d'un cadre rassurant, le dispositif PEPITE (Pôle étudiant pour l'innovation le transfert et l'entrepreneuriat), pour faciliter le passage à l'acte d'entreprendre. Les clés pour en bénéficier et le retour d'expérience des premiers bénéficiaires.

Près de 700 étudiants-entrepreneurs bénéficie à de jour du dispositif PEPITE (Pôle étudiant pour l'innovation le transfert et l'entrepreneuriat). Pourquoi pas vous demain ? Ce statut permet d'être conseillé et accompagné par des enseignants et des professionnels au sein d'un des 29  PEPITE en France, qui regroupent des établissements d'enseignement supérieur (universités, grande sécoles...), des entreprises, des collectivités territoriales.

Encore peu connu, ce dispositif, lancé en septembre 2014, mérite pourtant d'être envisagé si créer votre boîte vous trotte dans la tête durant vos études : il va vous permettre de sécuriser votre projet, de bénéficier de certaines ressources (locaux, conseils, formations) et de pouvoir concilier votre projet entrepreneurial avec la réussite de vos études. Alors, autant en profiter !

#1 - Garder les bénéfices du statut étudiant

Le statut est ouvert à tout jeune porteur de projet d'entreprise, titulaire au moins du baccalauréat, quelle que soit sa filière d'études. Si vous êtes étudiant, à tout moment dans votre cursus vous pouvez donc demander ce statut. Des "comités d'engagement" se tiennent en général 2 fois par an pendant l'année universitaire et examineront votre dossier de candidature.

Si vous êtes déjà diplômé, le statut peut aussi vous intéresser. Condition à remplir : avoir moins de 28 ans. "C'est super : je reste étudiante 1 an de plus, s'enthousiasme ainsi Olivia, 24 ans, qui a terminé son M2 à l'ESCP Europe en 2015 et lance son agence de street food, GiroMela. "Comme je n'ai pas encore travaillé, je ne peux pas bénéficier de l'indemnistation chômage et, n'ayant pas 25 ans, je ne peux pas toucher le RSA. Or, quand on lance une entreprise, au début, on ne se paye pas. Rester sous statut étudiant est beaucoup plus confortable tant que je ne gagne pas ma vie comme entrepreneure."

#2 - Vous former aux "basiques" de l'entrepreneuriat

"La structure qui m'accompagne – le pôle PEPITE de l'Université Paris Sciences et Lettres va m'apprendre à réaliser une étude de marché et à trouver mon modèle économique. Durant nos études, nous n'avons pas été sensibilisés au business, j'ai tout à apprendre", confie Cyril, qui a décroché le statut pour l'année 2015-2016.

Très créatif et fourmillant d'idées, ce jeune designer de 24 ans diplomé en 2015 de l'ENSAD (École nationale des arts décoratifs) de Paris a lancé un collectif de designers et d'artistes, labelfamille.com qui a déjà réalisé quelques missions de consulting pour un laboratoire pharmaceutique.

Une fois le statut d'étudiant-entrepreneur obtenu,"vous allez gagner du temps et donc de l'argent en vous faisant accompagner", assure Armelle Billon, chargée de mission entrepreneuriat à la direction générale des entreprises à Bercy. "Avec ce dispositif, vous êtes accompagné, bénéficiez de formations dispensées par l'université, l'école ou des professionnels du monde de l'entreprise", ajoute Bénédicte Sanson, directrice du développement du Moovjee, un réseau d'accompagnement de jeunes créateurs d'entreprise.

L'aventure de l'entreprise est en partie "sécurisée". "Si les responsables qui vous suivent voient que votre projet patauge, leur rôle sera de vous éclairer. Ils ne vous feront cependant pas créer votre entreprise si vous n'êtes pas prêt ou si le projet n'a aucune chance d'être viable économiquement, précise Bénédicte Sanson. Le cursus ne dure que 1 an. Vous devez avoir sécurisé votre projet au terme de cette période et pouvoir décider d'un "Go/No Go" éclairé. Si on vous déconseille de vous lancer, ce ne sera pas un échec pour autant !"

#3 - Substituer votre projet entrepreneurial au stage obligatoire

Si vous êtes encore en formation, le statut vous donne droit à un aménagement de vos études, sur le modèle de ce qui se pratique depuis des années pour les sportifs de haut niveau. Vous avez droit à un aménagement de votre emploi du temps afin de pouvoir mener de front études et projet de création d'entreprise.

"En M2, j'ai particulièrement apprécié de pouvoir me consacrer à ma start-up et de ne pas effectuer un nouveau stage obligatoire dans une grande banque à Zurich comme en M1", témoigne Marie, 22 ans, créatrice de "Never eat alone".  Cette étudiante à Dauphine en ingénierie financière partage désormais son temps entre Paris et San Francisco : elle a gagné un prix lors d'un hackathon à Berlin, fin 2014, et bénéficie des services d'un incubateur, Start up house, situé dans la ville californienne. Quand elle est à Paris, Marie bénéficie des services de l'incubateur de Dauphine, D-Start, qui fait partie du pole Pépite PSL (Paris Sciences et Lettres).

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#4 - Être accompagné gratuitement dans votre projet au sein d'un PEPITE

Vous avez droit à un double tutorat, académique et professionnel. "J'ai beaucoup de chance avec les deux tuteurs qui m'ont été attribués", sourit Adrien, 24 ans qui a créé De Rigueur, une société d'accessoires de maroquinerie pour homme à Lyon (69).

"Mon tuteur dans le monde professionnel est le secrétaire général de la CGPME - une organisation patronale - pour le département du Rhône. Un homme qui a le bras long ! Et sur le plan académique, je bénéficie des conseils de la directrice de la filière ingénieur-entrepreneur à l'Insa. Elle m'aide beaucoup pour les les aspects techniques de mon entreprise".

Même enthousiasme chez Cyril Segretain, étudiant ingénieur en sécurité informatique à l'Insa Centre Val de Loire, campus de Bourges (18) : "Le point le plus bénéfique à mes yeux, c'est le réseau de relations dont je peux profiter au sein du pôle PEPITE Centre". Pouvoir échanger avec des professionnels et des académiques permet à Cyril d'améliorer ses façons de travailler.

"Grâce au statut, je peux rencontrer facilement des gens dont les conseils m'aident. Mais attention : cela facilite la réflexion sur le projet entrepreneurial, cela ne remplace pas tout le travail à faire pour mettre en œuvre le projet !" précise Cyril.

Héloïse a pu profiter de conseils gratuits d'avocats grâce aux ressources de son Pole étudiant pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat (PEPITE)

#5 - Bénéficier de locaux gratuits

"C'est génial je bénéficie de locaux gratuits à l'Insa de Villeurbanne. Je suis hébergé jusqu'en novembre", se réjouit Adrien, le créateur de la marque d'articles de maroquinerie De rigueur. "Ma structure n'est pas encore assez solide pour prendre et payer des locaux". Pouvoir travailler sur son projet, recevoir des clients ou des fournisseurs,  se réunir entre étudiants sur le projet…le statut d'étudiant-entrepreneur vous donne automatiquement accès à des espaces de travail communs au sein du PEPITE pour travailler sereinement sans avoir à payer des locaux.

Après une année de rodage, les établissmeents d'enseignement supérieur ont noué des partenariats pour proposer ces espaces à tous les étudiants. L'important est de ne pas rester seul chez soi derrière son ordinateur à monter son projet. L'isolement est le piège qui guette tout créateur d'entreprise, jeune ou moins jeune. Vous devez être au contact régulier et fréquent de vos partenaires économiques potentiels (futurs fournisseurs et clients) et d'autres jeunes entrepreneurs en herbe qui partagent vos difficultés.

#6 - Obtenir un diplôme d'entrepreneuriat, le D3E (ex-D2E)

Si vous êtes déjà étudiant inscrit dans une formation de l'enseignement supérieur, c'est le comité d'engagement de votre PEPITE qui décidera si vous devez ou pas vous inscrire également au D3E (diplôme d'établissement étudiant-entrepreneur).

Tout dépendra des compétences qui sont déjà les vôtres en matière d'entrepreneuriat. "Le planning de formation est sur mesure et nous permet de compléter nos compétences manquantes", témoigne Guillaume, 25 ans cofondateur de Biodegr'AD, un réseau de régies publicitaires éphémères. Le D3E peut vous permettre d'obtenir des crédits ECTS dans le cadre du diplôme que vous préparez à titre principal.

En revanche, si vous êtes déjà diplômé, votre inscription au D3E sera obligatoire. En effet, cette inscription va signer votre maintien ou votre retour dans l'enseignement supérieur et vous permettra de garder une année supplémentaire le statut d'étudiant. À noter, les frais d'inscription à ce diplôme sont variables d'un PEPITE à l'autre mais ne peuvent excéder 500 €.

Sur le fond, le D3E est à géométrie variable, en fonction de vos compétences et de celles qu'il vous manque pour être à même de réussir votre projet. Parfois, les modules de formation peuvent être en ligne (sous forme de MOOC), mais vous pouvez aussi suivre des formations en présentiel, y compris le samedi. 

#7 - Avoir une ligne "Entrepreneuriat" sur votre CV

"Même si je ne lance pas mon entreprise, avoir travaillé 1 an sur mon projet et obtenu le D3E, ce sera toujours un plus sur mon CV", estime Cyril, l'étudiant ingénieur en sécurité informatique à l'INSA Centre Val de Loire. Les recruteurs apprécient les jeunes qui se sont essayés à l'entrepreneuriat.

Même si vous n'êtes pas allé au bout, ou si votre projet n'a pas abouti, cela vous distinguera auprès d'un employeur potentiel. "Vivez le comme une expérience et un regard sur soi intéressant, conseille Bénédicte Sanson, du Moovjee et coauteure de "Jeunes, créez votre entreprise". Le but de ce statut n'est pas d'envoyer les jeunes dans le mur mais de sécuriser leur aventure entrepreneuriale.

En amont, le comité d'engagement du PEPITE peut aussi vous demander de revoir votre copie. La porte n'est pas fermée, vous pourrez revenir plus tard. Ce statut n'est qu'un début : le statut d'étudiant-entrepreneur ne vous apportera pas l'argent, les clients ou vos associés sur un plateau. C'est à vous d'avoir l'énergie, la persévérance requises pour aller au bout de votre projet entrepreneurial."

Et si vous avez obtenu le diplôme d'établissement, ce sera toujours un plus sur votre CV. Rappelez-vous : ne pas avoir lancé son entreprise ne signifie pas que vous avez échoué. Le véritable échec c'est de ne pas avoir essayé !

Comment bénéficier du statut d'étudiant-entrepreneur
Conditions d'accès :
- Avoir moins de 28 ans.
- Être titulaire du baccalauréat ou d'une équivalence en niveau.
- Avoir un projet entrepreneurial.
- Régler des frais d'inscription limités à 500 € par an pour la période 2014-2017.

Délivrance du statut :
- Remplir les 12 pages du dossier de candidature téléchargeable sur le site du ministère de l'Enseignement supérieur et l'envoyer au PEPITE dont vous dépendez (consultez la liste et les coordonnées des PEPITE). Attention : vous devrez remplir un questionnaire d'autoévaluation de vos compétences.
- Satisfaire aux critères du comité d'engagement de votre PEPITE. Il se réunit 1 ou 2 fois par an et décide de vous délivrer (ou non) le statut d'étudiant-entrepreneur en examinant la qualité de votre projet et vos propres qualités. Pour information, durant l'année universitaire 2014-2015, sur quelque 950 demandes, 696 avaient été acceptées par les comités d'engagement.

Bénéfices du statut :
- Maintien de la couverture sociale étudiante.
- Accompagnement par un enseignant et un tuteur externe du réseau PEPITE.
- Accès à des locaux de travail partagés (coworking) du PEPITE.
- Possibilité pour les étudiants en formation de s'inscrire au D3E (diplôme d'établissement "étudiant-entrepreneur"). Possibilité qui devient une obligation si vous êtes jeune diplômé et sorti de l'enseignement supérieur. 

"Ce statut m'apporte un réseau et des conseils gratuits"
nullHéloïse, 23 ans. Créatrice de Déclics et des trucs, kits éducatifs pour 7-10 ans.

S'initier aux fractions avec Van Gogh ou apprendre les multiplications avec Sherlock Holmes, c'est ce que propose Déclics et des trucs. La société, créée par Héloïse en juillet 2014, commercialise des produits via son site, les librairies ou les mairies.

"Je terminais mon M1 à Science po Paris ainsi qu'un M1 en sciences de l'éducation à Paris Descartes", raconte la jeune diplômée chef d'entreprise. Elle a très vite postulé au tout nouveau statut d'étudiant-entrepreneur. Retour d'expérience.
 
Les plus : Le statut m'aide à rompre l'isolement qui guette tout créateur d'entreprise. Je bénéficie d'un réseau de jeunes qui eux aussi montent leur société, rencontrent les mêmes problématiques que les miennes. J'ai pu bénéficier de conseils gratuits d'avocat au moment où 2 associés de départ (sur 4) ont voulu quitter l'entreprise. Un comptable m'a aussi bien "coachée". La responsable de mon PEPITE (Creaj'IDF) est très à l'écoute et réactive : elle nous oriente rapidement vers les bons interlocuteurs et les "bons plans". Je suis ainsi très vite informée dès qu'un événement de networking se prépare. Je bénéficie également d'un peu de formation : par exemple, en septembre, j'ai participé à un séminaire sur le recrutement qui m'a été très utile. Je n'ai pas encore bénéficié du tutorat.”

Les moins : “Ce statut n'apporte pas la garantie aux acteurs financiers (banques, investisseurs, etc.) que la start-up tient la route. Le statut n'a guère de légitimité à leurs yeux. Pour développer la société, j'embauche et je paie deux personnes, mais moi je ne me verse toujours pas de salaire. L'entreprise commence à réaliser du chiffre d'affaires. Mais l'argent gagné, je le réinvestis pour faire grandir l'entreprise. Du coup, je donne encore des cours de maths pour gagner ma vie !

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