Dimitri, ingénieur à CentraleSupélec : "Mon tour de France à vélo pour faire aimer les usines"
Dimitri Pleplé, étudiant à CentraleSupélec, a réalisé un tour de France à vélo pour rencontrer les hommes et les femmes qui animent les usines du pays. Avec pour objectif de faire changer le regard du public, notamment celui des plus jeunes, porté habituellement sur l'industrie.
3.000 kilomètres parcourus, 33 usines visitées, 80 interviews d'opérateurs de lignes de production, de techniciens et de managers. Étudiant en derrière année à CentraleSupélec, Dimitri Pleplé a consacré quatre mois, de mai à juillet 2017, à visiter des usines et à rencontrer les hommes et les femmes qui y travaillent. "Le matin je visitais les sites industriels et l'après-midi je pédalais comme un fou jusqu'à l'étape suivante", explique le jeune homme qui publie, fin mars 2018, le journal de bord de son aventure baptisé "L'indus'trip, Un vélo, des usines et des hommes", publié aux éditions de La Fabrique de l'industrie.
Il a aussi mis en ligne près de 80 vidéos de ses échanges avec les professionnels : "Je discutais de leur métier, de ce qu'ils aiment faire, des relations qu'ils ont sur leur lieu de travail... Je réalisais ensuite des vidéos, sans jugements ni remarques, en essayant de mettre en avant la richesse et la diversité du monde industriel". Le soir, Dimitri dormait chez l'habitant après avoir réservé sur des plate-formes comme Couchsurfing. "J'ai même été reçu par des employés de l'usine que j'allais visiter le lendemain ! Ça a été une expérience humaine d'une richesse incroyable."
Réhabiliter l'industrie auprès des jeunes
Pourquoi une telle aventure ? "J'ai une passion personnelle pour le secteur. Je suis émerveillé de voir comment se fabriquent les produits qui nous entourent. Sur une ligne de production, on voit le produit se transformer en direct. C'est très concret", confie Dimitri, aujourd'hui chef d'équipe en CDD à l'usine automobile PSA de Poissy.
Autre motivation qui a compté pour se lancer dans l'aventure, ses stages d'élève ingénieur pendant sa formation : "J'ai pris conscience de la fierté au travail qui anime les salariés de la production. J'avais envie d'en savoir plus sur cet aspect humain, trop méconnu, et d'aller à la rencontre des femmes et des hommes qui font l'industrie au quotidien pour qu'ils me parlent de leur métier et pour le partager ensuite avec d'autres".
Avec ce road trip, Dimitri souhaitait aussi porter et transmettre un regard positif – "mais pas naïf" – sur l'industrie. "Chez beaucoup de jeunes subsiste une vision passéiste de l'usine, héritée du siècle dernier : pénibilité, monotonie au travail, peu de créativité ou de responsabilité. Dans le même temps, on entend dire aussi que l'industrie change, se modernise. Je voulais aller voir cela par moi-même".
Un sacré périple
Dimitri a commencé son voyage par la visite d'une blanchisserie industrielle en région parisienne, créée en 1992 au moment de la fermeture de l'usine Renault-Billancourt. "Il s'agit d'une entreprise adaptée qui emploie 90 % de travailleurs en situation de handicap", explique le jeune homme. Ont suivi une usine de frites McCain à Matougues (51), une fabrique de pneus de tracteurs Michelin à La Chapelle-Saint-Luc (51), les biscuits Fossiers à Reims (51), une usine de cosmétiques du groupe l'Oréal à Saint-Quentin (02) ou encore un fabricant de literie à Limoges (groupe Cofel).
Grands groupes, PME et même start-up naissante... Le périple, réalisé en deux boucles de 1.500 kilomètres chacune, a permis à Dimitri de couvrir une grande variété de secteurs d'activités : agroalimentaire, énergie, environnement, métallurgie, mécanique de précision, énergie ou emballage.
Mais, au fait, pourquoi à vélo et pas en TGV ? "L'idée était de découvrir une usine dans son environnement. Passer à vélo à travers les paysages permet de mieux comprendre la fonction de l'entreprise dans sa région", explique Dimitri. "Par exemple, sur mon itinéraire pour me rendre sur le site de Michelin dans l'Aube, j'ai croisé de nombreuses fermes. Or cette usine est justement spécialisée dans les pneus de tracteurs. Pour arriver chez Bonduelle (conserves de légumes), j'ai traversé des champs de maïs : il y a une vraie logique d'intégration des usines dans leur territoire."
Le jeune ingénieur se livre néanmoins à un parallèle entre une journée de vélo et une journée d'usine : "Il y a une cadence à tenir, un calendrier à respecter, des imprévus (crevaison ou panne de machine) et la satisfaction, étape après étape, d'avoir tenu ses objectifs".
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