Diplômé 2007 de l’
ENSPG (école d’ingénieurs en physique, aujourd’hui
PHELMA)
(1), Renaud Klein a dès ses débuts investi l’un des mastodontes du secteur de l’énergie nucléaire : EDF, pour son stage de fin d’études dans le département des accidents graves. "J’avais trouvé ce
stage par le biais d’une amie, qui était déjà dans l’entreprise et a fait passer mon CV", raconte-t-il. Le jeune
ingénieur a tout de même dû passer par la case «
entretien ».
Une année de physique nucléaire au Japon
"C’était très classique avec des questions sur mon parcours, ma motivation et aussi mon expérience au Japon". En effet, durant son cursus, Renaud a pris une année sabbatique… pour suivre un programme d’échange au Japon.
"Je suis allé faire de la physique nucléaire dans une faculté au Nord du Japon. Cela n’était pas reconnu dans mon cursus mais c’est un point qui m’a permis de me rendre "remarquable" lors de cet
entretien, même si ça ne correspondait pas franchement aux missions du stage", raconte-t-il.
Une expérience aux Etats-Unis chez Areva
Côté
international, il ne s’est pas arrêté là. Renaud a ensuite rejoint Areva – second poids lourd du nucléaire français – cette fois-ci aux Etats-Unis, pour une expérience dans le domaine du combustible nucléaire. Il avait candidaté chez eux lors de sa recherche de
stage de fin d’études.
"J’avais reçu une réponse positive d’Areva quand j’étais déjà en stage chez EDF", raconte-t-il. Finalement, il a donc fait les deux, l’un avant d’être diplômé, l’autre après. "Ce n’était pas vraiment un stage d’ailleurs, j’étais très bien payé, à hauteur d’un salaire de 50 000 dollars par an environ".
EDF le rappelle pour un poste d’ingénieur …
Et pendant ce temps… EDF ne l’avait pas oublié. L’entreprise le rappelle pour lui proposer un CDI dans le service où il était en stage de fin d’études, à compter du 1er janvier 2008. Soit, moins de 10 jours après son retour en France. Sa carrière professionnelle semblait alors toute tracée. "Evidemment, cela ne s’est pas passé comme prévu", sourit-il. En effet, l’entretien d’embauche pour le poste avec le
cabinet de recrutement se passe mal. Résultat : négatif.
… mais il rate l’entretien d’embauche
"J’étais vraiment déçu. On m’a fait comprendre que je n’avais pas un profil de cadre mais de chercheur, à cause de mon émotivité. Ce qui est effectivement important quand on veut faire du management mais ce n’était pas le cas selon moi pour ce poste d’ingénieur d’études en accident grave", estime-t-il.
"Mes collègues de l’unité m’ont proposé d’attendre en CDD avant de réessayer de postuler à un CDI. Ils voulaient vraiment que je reste. C’était au moment où, dans le
secteur du nucléaire, on sentait que ça allait devenir difficile pour le recrutement. La compétition commençait à monter d’un cran".
Résultat : le même poste d’ingénieur, mais chez Areva
Renaud poursuit alors son CDD chez EDF. Et nouveau coup de théâtre ! "Je reçois un coup de téléphone d’Areva France". Le groupe lui propose un CDI sur le même poste d’ingénieur d’études en accidents graves. "Ils ont dû trouver mon profil sur leur base de données suite à ma première expérience chez eux aux USA", explique-t-il. Un entretien d’embauche et cette fois-ci, l’opération est bouclée. Renaud termine son CDD de 6 mois et rejoint Areva, avec un salaire brut de 36 000 euros annuel.
Son conseil : ne pas se griller auprès des deux références du secteur
Que pense-t-il de son parcours ? "Plutôt rocambolesque. Je n’ai jamais eu de période creuse", estime-t-il. Son conseil pour les futurs jeunes diplômés qui arrivent dans le secteur ? "La spécificité du secteur du nucléaire, c’est qu’il existe deux immenses mammouths : EDF et Areva. Si un candidat échoue chez l’un et chez l’autre, il sera un peu démuni. Je conseille donc de bien préparer sa candidature et son entretien lorsqu’on postule chez l’un ou l’autre. Si vous faites l’objet d’un refus, il ne faut pas non plus hésiter à contacter les différents départements de la même entreprise. Ils ne sont pas forcément en lien et un refus chez l’un ne veut pas dire que vous serez refusé chez l’autre." Quand la porte est fermée, n’oubliez pas la fenêtre !
(1) Il est également titulaire d’un master en génie énergétique et nucléaire, de l’université Joseph Fourier (Grenoble), obtenu en parallèle de sa troisième année d’école.
"Ce jeune diplômé a structuré sa démarche de manière intelligente"
Stéphane Rivière, responsable des centres APEC de Grenoble et Valence
"Ce parcours est représentatif du monde des ingénieurs qui sortent des bonnes écoles comme PHELMA. Mais ce jeune diplômé a surtout structuré sa démarche de manière intelligente.Renaud a ainsi suivi, en plus de son école, un master plus large à l’université. Faire une double formation constitue évidemment un point positif. Son année au Japon ensuite, n’est pas vraiment "sabbatique". C’est très stratégique. Avec son expérience aux Etats-Unis, il dispose ainsi d’un profil international, très recherché surtout par de grands groupes mondiaux comme EDF et Areva. C’est d’ailleurs l’archétype de l’ingénieur qui suit une carrière professionnelle dans les grands groupes nucléaires.Mais il ne faut pas oublier qu’il existe également de nombreux sous-traitants dans ce domaine. Les PME recrutent elles aussi dans le secteur nucléaireet peinent parfois à trouver des candidats. Elles proposent souvent des projets très innovants et donnent assez vite des responsabilités. Dans la recherche de stage notamment, il ne faut pas hésiter à creuser vers les petites entreprises ou aller frapper à la porte des pôles de compétitivité.Un autre conseil pour les jeunes diplômés qui souhaitent travailler dans le nucléaire : il faut en permanence rester visible sur le marché du travail, en contact avec son réseau, parce qu’il s’agit vraiment d’une niche."