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Portrait

Les débuts de Sandie, jeune infirmière diplômée

Par Virginie Bertereau, publié le 07 décembre 2009
1 min

"Je ne connais pas d’infirmière débutante au chômage. Ou alors c’est qu’elles ne veulent pas travailler !, déclare de but en blanc Sandie Mury. Seul problème : on n’est pas toujours recruté dans un service que l’on aime… ". Ce qui n’est pas le cas de cette jeune infirmière. À 26 ans, Sandie travaille à Marseille, à l’hôpital Saint-Joseph, "le premier hôpital privé de France". "Je suis affectée au pool . Cela signifie que je tourne dans tous les services "adultes", pédiatriques et néonatologie".

Une formation directement liée à l’emploi


Après une prépa vétérinaire et un échec au concours de médecine ("à 0.01 point !"), l’étudiante originaire de la région parisienne intègre l’IFSI (institut de formation en soins infirmiers) de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (94). "Je ne regrette rien car ce qui me plaît le plus, c'est d'être auprès des gens, leur apporter au maximum du réconfort, de l'écoute, de l'humanité", explique-t-elle. Grand et réputé, l’hôpital Henri-Mondor lui permet de réaliser des stages intéressants, dans les services qu’elle vise. "Au cours de notre formation d'infirmier, nous devons en effectuer 16, dont un de "pré-professionnalisation" de trois mois, juste avant d’être diplômés. En général, c’est là que nous sommes ensuite embauchés. Nous ne pouvons pas les choisir, mais le formateur fait en sorte de s’adapter au projet des élèves. Pour ma part, j’étais attirée par la pédiatrie". Très volontaire, Sandie s’investit beaucoup, y compris dans des services qui l’intéressent moins comme la gériatrie. "J'ai demandé à être encadrée, à pratiquer en technique, bref à être au maximum une future professionnelle tout en respectant ma place de stagiaire". En octobre 2007, la jeune diplômée entre dans la vie active avec de l’expérience et une belle motivation.

Un CV enrichi par de petites expériences


Sandie ne rencontre aucun problème pour trouver son premier emploi. "J’avais une promesse d’embauche dès le mois d’avril, avant de sortir de l’IFSI". Pas à Créteil, mais à Marseille, à l’hôpital de la Timone. "Je voulais quitter ma région parisienne pour trouver le soleil. La Timone avait un service pédiatrie très réputé. J’ai envoyé mon CV et une lettre de motivation en candidature spontanée". Sandie passe également un entretien et une visite médicale. Elle est embauchée en pédiatrie générale. "La procédure de recrutement est identique à celle pratiquée dans les autres métiers. Mais on est sûr d’avoir un boulot à la clé, même si certains services (comme la pédiatrie) requièrent plus d’expérience. Étudiante, j’avais effectué des petits boulots, notamment aide-soignante. Cela m’a servie".

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Au bout d’un an, Sandie démissionne à cause des conditions de travail difficiles. Emploi du temps surchargé ("comme je n’avais pas d’enfant, on me réquisitionnait chaque fois"), salaire mensuel insuffisant par rapport à l’investissement demandé (1490 € brut), ambiance "moyenne" ("tout le monde n’était pas bosseur")…, l’infirmière préfère postuler dans un autre hôpital. Celui où elle travaille aujourd’hui. "J’ai contacté la directrice des soins. J’ai passé un entretien poussé et j’ai bénéficié de la recommandation de ma première cadre supérieure qui se révèle être la meilleure amie de ma cadre actuelle !". Sandie travaille à présent deux ou cinq nuits par semaine, de 19h à 7h, et deux week-ends par mois minimum. Le tout pour un salaire de 1650 €. Ce qui peut paraître maigre pour le rythme, les compétences, les responsabilités intrinsèques au métier… "Parfois, je travaille en plus dans d'autres hôpitaux pour arrondir les fins de mois", avoue l’infirmière.

Tenir jusqu’à la retraite


Dans le futur, Sandie aimerait devenir soit cadre, soit formatrice. "Néanmoins, j'aime tellement mon métier que je ne sais pas si je ne resterai tout de même pas infirmière !", confie-t-elle, tout en ne sachant pas si elle "tiendra jusqu’à la retraite". La facilité d’accès à l’emploi à un prix.


"Je trouve Sandie relativement clairvoyante"

L’avis de Stéphane Volleau, responsable marketing et communication d’Appel médical, entreprise de recrutement et de travail temporaire dans le milieu médical et paramédical (groupe Randstad).

"Le parcours de Sandie est commun à la plupart des infirmiers débutants. Tout ce qu’explique la jeune diplômée est très révélateur. Tout d’abord, elle exprime bien l’importance des stages. Durant leur cursus, les étudiants infirmiers passent dans des services très divers. Ces expériences sont primordiales pour tester leurs goûts et envisager leur début de carrière. Le diplôme est commun à tous les infirmiers mais le panel de spécialités possibles est large. Pour compléter leur formation et faire de nouvelles découvertes, certains passent également par l’intérim. Effectuer des petits boulots dès la deuxième année d’études est aussi très profitable. L’essentiel reste de ne pas se précipiter.

Par la suite, Sandie énonce une vérité : très peu d’infirmiers débutants connaissent le chômage. Ils trouvent rapidement du travail. C’est d’autant plus vrai pour la jeune femme qui s’est montrée mobile. Sandie a été recrutée comme tout salarié, sur la base d’un CV et d’une lettre de motivation. Les infirmiers passent ainsi un "vrai recrutement" car ils intègrent un projet de soin, une équipe. Cela limite le turn over. Dans son premier emploi, elle s’est retrouvée face à la pression et l’intensité de sa fonction. Mais, forte de cette expérience, elle a pu trouver un autre établissement et commencer à s’orienter ainsi vers un profil de carrière.

Si le chômage est rare, les réorientations sont fréquentes. Sandie, clairvoyante, le dit à la fin de son portrait : il est difficile dans ce métier d’aller jusqu’à la retraite. À 40-45 ans, le "burn out" est courant chez les professionnels de santé. Devenir cadre, comme le souhaite Sandie, est une promotion tout à fait envisageable et encouragée dans les établissements. On peut aussi s’orienter vers la médecine du travail, les maisons de retraite pour creuser davantage la relation avec le patient, etc. Ces évolutions de carrière renforcent encore la pénurie de personnel. Infirmier n’est décidément pas un métier qui connaît la crise. Malheureusement, la rémunération reste faible."

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