Baromètre Trendence 2015 : pourquoi les filles visent-elles des salaires plus bas que les garçons ?
Les filles et les garçons n'arrivent ni avec les mêmes chances, ni avec les mêmes attentes sur le marché du travail : c'est ce que confirme une enquête de l'institut Trendence, partenaire de l'Etudiant.
Salaires escomptés, équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, intérêt des missions et profil des entreprises recherchées : sur tous ces sujets, les étudiantes n'envisagent pas leur carrière comme leurs collègues masculins. L'institut Trendence a interrogé 20.000 étudiants d'écoles de commerce ou d'ingénieurs sur les entreprises dans lesquelles ils aimeraient postuler et sur leurs attentes quant au monde du travail. En isolant les réponses des hommes et celles des femmes, cette enquête met à jour la persistance de déterminismes de genre au moment d'entrer sur le marché du travail.
Le type d'entreprise recherchée n'est ainsi pas le même entre étudiants et étudiantes en écoles de commerce : banque, conseil et Internet (BNP, Google et Ernst and Young) s'imposent dans le trio de tête pour les garçons. Pour les filles, ce sont des entreprises de l'univers du luxe et de la beauté - LVMH, L'Oréal - suivies de Danone qui emportent la majorité des suffrages. LVMH n'arrive qu'en quatrième position dans les choix des garçons. Autre différence notable : 6,5 % des étudiantes envisagent de postuler à la Commission européenne, alors que l'institution n'est pas représentée dans les 20 premières organisations plébiscitées par les garçons.
Apprenez à ne pas vous dévaloriser
Au-delà du choix de l'entreprise, cette étude révèle des écarts importants en termes d'attente salariale. Toutes écoles confondues, les garçons escomptent un salaire annuel de 35.300 €, quand les filles n'attendent que 30.400 €. Comment expliquer de telles différences ? "Il s'agit d'écarts impressionnants. Nous sommes pourtant ici face à une génération qui a tout pour elle : une mère qui travaille, des parents qui avaient une ambition pour leurs enfants, une connaissance des enjeux de l'égalité professionnelle, après 15 ans de forte mobilisation et communication sur le sujet.." se désole Marie Donzel, dirigeante d'un cabinet de conseil expert des questions d'égalité et auteure du rapport Eve et Donzel sur l'égalité professionnelle.
Pour cette experte, "il reste cette vieille idée que l'argent des femmes a quelque chose de sale, est associé à une forme de rétribution liée à la sexualité comme la promotion canapé... Je crois surtout que l'on n'éduque pas assez les filles à aimer l'argent", souligne-t-elle. Et la consultante d'observer qu'en entretien les femmes sont plus volontiers enclines à justifier leurs salaires par leurs besoins (éducation des enfants par exemple) que par leur diplôme ou leur statut social, ce que font volontiers les hommes. "Si je prends mon cas personnel, j'ai appris à bâtir un CV, à passer des entretiens d'embauche, à activer mon réseau, mais personne ne m'a appris à négocier un salaire !", reconnaît-elle.
En visant des salaires trop bas, les femmes font un mauvais calcul : elles se dévalorisent et peuvent donner l'impression de manquer de confiance ou de pugnacité. Or, vous ne prenez aucun risque à demander un salaire élevé.
Inquiètes et attachées à l'éthique
Dans leur vie professionnelle, les filles se distinguent toutefois par une recherche de sens et de dimension éthique. Interrogés sur la perspective de travailler dans une entreprise ayant une mauvaise image en échange d'un bon salaire, 29,1 % des étudiants se disent prêts à accepter, contre 17,7 % des étudiantes. De la même manière, les filles attachent moins d'importance aux signes extérieurs de réussite (voiture de fonction, carte de crédit, etc.) qu'à une liberté d'organisation (45 % des étudiants d'écoles d'ingénieurs partagent cet avis contre 50 % des étudiantes).
Pour Marie Donzel, il faut se méfier de l'idée d'un leadership féminin plus éthique et plus tourné vers le sens. "C'est un piège pour les femmes et un frein caché car ce ne sont pas les femmes toutes seules qui vont rendre l'économie et les entreprises plus éthiques, mais les entreprises, en étant plus mixtes qui deviendront plus éthiques."
Enfin, les étudiantes se révèlent beaucoup plus inquiètes que les garçons quant à leur avenir professionnel. Plus de la moitié d'entre elles pensent qu'il leur sera difficile de trouver un emploi et, en écoles de commerce, elles sont près de 68 % à être préoccupées par leur avenir, contre 54 % seulement des garçons. Comme si, avant même d'y entrer, les filles avaient intégré les inégalités du marché du travail.
Classement Trendence 2015 des employeurs préférés des étudiants européens en commerce et management (1)
Hommes |
||
Rang 2015 | Top Employeurs 2015 | Rang 2014 |
1 | BNP Paribas | 4 |
2 | 1 | |
3 | EY (Ernst & Young) | 2 |
4 | LVMH | 5 |
5 | Ubisoft | 18 |
6 | KPMG | 6 |
7 | Deloitte | 10 |
8 | Canal+ | 7 |
9 | McKinsey & Company | 8 |
10 | Apple | 15 |
10 | BCG | 9 |
12 | Goldman Sachs | 12 |
12 | Société Générale | 13 |
14 | HSBC | 13 |
14 | Total | 17 |
16 | JPMorgan | 18 |
16 | PwC (PricewaterhouseCoopers) | 10 |
18 | Airbus Group | 15 |
18 | BMW Group (BMW, Mini, Rolls-Royce) | 25 |
18 | NIKE | 21 |
Femmes |
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Rang 2015 | Top Employeurs 2015 | Rang 2014 |
1 | LVMH | 1 |
2 | L'Oréal | 2 |
3 | Danone | 4 |
4 | EU Institutions – EU Careers | 3 |
5 | 7 | |
6 | EY (Ernst & Young) | 9 |
7 | Chanel | 8 |
8 | KPMG | 13 |
8 | Nestlé | 6 |
10 | Air France | 12 |
11 | Canal+ | 5 |
12 | ACCOR | 11 |
12 | Deloitte | 19 |
14 | BNP Paribas | 21 |
15 | Apple | 23 |
15 | Hermès | 10 |
17 | Kering | 16 |
18 | Unilever | 14 |
19 | Total | 21 |
20 | Mondelez | 23 |
Classement Trendence 2015 des employeurs préférés des étudiants européens en ingénierie et informatique (1)
Hommes |
||
Rang 2015 | Top Employeurs 2015 | Rang 2014 |
1 | Airbus Group | 1 |
2 | 3 | |
3 | SAFRAN | 2 |
4 | Thales | 4 |
5 | Dassault Aviation | 6 |
6 | EDF | 5 |
7 | Groupe VINCI | 7 |
8 | Total | 10 |
9 | Dassault Systèmes | 17 |
9 | Ubisoft | 16 |
11 | BMW Group | 13 |
11 | Bouygues Construction | 9 |
13 | CNRS | 8 |
14 | PSA Peugeot Citroën | 24 |
15 | Alstom | 11 |
16 | IBM | 35 |
16 | Microsoft France | 20 |
18 | Apple | 18 |
18 | Areva | 11 |
20 | EIFFAGE | 15 |
Femmes |
||
Rang 2015 | Top Employeurs 2015 | Rang 2014 |
1 | L'Oréal | 1 |
2 | Airbus Group | 2 |
3 | Groupe VINCI | 6 |
4 | EDF | 3 |
5 | Veolia Environnement | 4 |
6 | LVMH | 10 |
6 | SAFRAN | 7 |
8 | Thales | 9 |
9 | Nestlé | 8 |
10 | CNRS | 5 |
11 | Bouygues Construction | 11 |
12 | Suez Environnement | 14 |
13 | Total | 17 |
14 | Laboratoires Pierre-Fabre | 13 |
15 | EIFFAGE | 15 |
15 | 20 | |
17 | Danone | 12 |
17 | sanofi | 16 |
19 | Dassault Aviation | 22 |
20 | Chanel | 24 |
(1) Les étudiants ont répondu à la question suivante : “Chez quels employeurs allez-vous vraisemblablement postuler après votre diplôme ?” Avec la possibilité de choisir jusqu’à 3 entreprises.