Premiers congés payés : à quoi avez-vous droit ?
Ce n'est pas parce que l'on a été recruté il y a seulement quelques mois que l'on n’a pas droit à des vacances. Voilà ce qu'il faut savoir avant de demander à bénéficier de ses congés payés, dans le cadre de notre série "Mes premiers pas en entreprise".
Les jours qui rallongent, les températures plus clémentes, le soleil qui pointe enfin le bout son nez... Pas de doute, l'été approche. Et les envies de vacances aussi... Mais lorsque l'on a été embauché il y a peu de temps, pas simple d'aborder le sujet. Et s'il suffisait simplement de faire preuve d'un peu de finesse dans la manière de l'évoquer ? "Au préalable, il faut se renseigner sur les us et coutumes en la matière et ne pas en parler trop tôt, avant même que des collègues plus anciens dans l'entreprise n'aient commencé à le faire, recommande Frédéric Adida, coach et fondateur du cabinet de conseil en management Assaté.
Lorsque c'est possible, en discuter directement avec son manager, afin de fixer de dates convenant à tout le monde, constitue la meilleure solution." Reste à trouver le bon moment. "C'est une question de circonstances et de feeling", poursuit Frédéric Adida. Évidemment, mieux vaut éviter de le faire alors qu'il règle en urgence un dossier sensible ou que l'équipe traverse un moment de tension.
Un cumul immédiat des jours de congé
Au-delà du choix du moment pour en parler, il y a des règles du jeu prévues par la législation qu'il vaut mieux connaître. La première constitue une bonne nouvelle pour les embauchés de fraîche date. "Depuis le vote de la loi Travail en 2016, il n'est plus nécessaire d'attendre le 1er juin de l'année suivant son recrutement pour avoir des droits aux congés. Désormais, au minimum, les salariés acquièrent 2,5 jours de congé par mois", explique Nathalie Lailler, avocate à Caen, spécialiste en droit du travail.
Ce nombre de jours de congé peut d'ailleurs être supérieur, en fonction des accords collectifs signés avec les syndicats en interne ou de la convention collective du secteur d'activité. "Pour savoir de quelle convention collective un salarié dépend, il suffit de se référer à son contrat de travail ou à ses feuilles de paie, sur lesquelles elle est mentionnée", précise Nathalie Lailler.
Des dates acceptées... ou pas
Si le cumul débute dès la première semaine de travail, les salariés ne sont pas pour autant libres de poser leur congé totalement à leur guise. Ils peuvent faire part de leur souhait, mais leur employeur n'est pas obligé d'en tenir compte puisque c'est à lui qu'il revient de fixer ce que l'on appelle "l'ordre des départs". "Certains salariés sont prioritaires dans le choix des dates", souligne Nathalie Lailler. Exemple ? "Les collaborateurs mariés ou pacsés avec un autre salarié de l'entreprise", indique Nathalie Lailler. D'autres critères peuvent entrer en ligne de compte, comme l'ancienneté et le fait d'avoir des enfants. Bref, les juniors sont rarement prioritaires…
L'employeur peut aussi imposer la prise des congés lorsque l'entreprise ferme durant la période estivale. Il a aussi toute latitude pour refuser des demandes concernant des jours de congé isolés, permettant par exemple de profiter d'un pont. Concernant la durée des vacances plus longues, la loi prévoit que durant la période d'été qui est comprise entre le 1er mai et le 1er octobre (sauf dispositions différentes de la convention collective), elle doit être au moins de 12 jours consécutifs (et au maximum de 24 jours).
Congés non pris, congés perdus
Une fois fixé, le planning peut encore changer... "Jusqu'à 1 mois avant la date du départ, l'employeur peut modifier les dates, sans avoir à justifier sa décision", souligne Nathalie Lailler. En revanche, ce délai passé, seules des circonstances exceptionnelles, comme la nécessité de remplacer un salarié brutalement décédé ou une commande importante et inattendue de nature à permettre la survie d'une entreprise, peut être invoquée. Des cas heureusement rares... "L''entreprise doit alors indemniser le salarié concerné des frais occasionnés par ce changement de dates", prévient Nathalie Lailler. Enfin, contrairement à ce que certains imaginent, des congés non pris ne peuvent être reportés à l'année suivante. Et pas question, non plus, d'exiger, à la place, une indemnité. Il faut donc les prendre sans culpabiliser et en profiter pour se ressourcer !