Bac : quel prénom pour une mention ?
Dis-moi ton prénom, je te dirai si tu auras une mention ? Les travaux d’un sociologue de l'université Paris 8 rapprochent, chaque année, les résultats du bac aux prénoms des lauréats. Verdict : les "Joséphine" ont plus de chance de décrocher une mention très bien que les "Dylan". Explications.
En 2015, près de 22 % des Joséphine ont obtenu le bac avec mention TB (très bien) contre 2 % des Dylan. Les Alban et les Camille, quant à eux, sont dans la moyenne avec 11,5 %. Depuis quatre ans, Baptiste Coulmont, sociologue et professeur à l'université Paris 8 scrute les résultats du bac à la loupe à travers le filtre du prénom.
Joséphine contre Dylan
Si certains prénoms sont surreprésentés parmi les meilleurs lauréats au bac, de là à en conclure qu'il suffit de choisir "le bon prénom" pour décrocher une mention TB, il y a un pas à ne pas franchir trop vite. "Les copies sont corrigées anonymement. Si toutes les Joséphine s'appelaient Banane, elles obtiendraient les mêmes résultats", prend soin de souligner Baptiste Coulmont. Alors pourquoi tant de Joséphine avec une mention TB et si peu de Dylan ?
Le prénom est un marqueur social fort. Joséphine est ainsi plus souvent donné dans les milieux favorisés, tandis que Dylan l'est plutôt dans les milieux modestes. Or il existe une corrélation entre origine sociale et taux de réussite au bac.
Si cette étude est intéressante, il faut néanmoins la considérer avec précaution. Elle porte en effet uniquement sur les bacheliers qui acceptent que leurs résultats soient rendus publics. Or Baptiste Coulmont reconnaît qu'il n'a pas d'estimation du nombre d'élèves qui refusent la publication de leurs résultats ni de l'éventuelle surreprésentation des mentions TB parmi ceux-ci. Mais, à écouter le sociologue : "Ces biais ne sont pas suffisants pour remettre en cause l'opposition entre prénoms bourgeois et prénoms de classes populaires."
Plus que le prénom, le milieu social
Les travaux du sociologue interpellent chaque année, notamment parce que le choix du prénom est perçu comme très personnel. Or Baptiste Coulmont prend le contre-pied de cette conviction et insiste sur le caractère socialement déterminé du prénom. "Plutôt que d'adopter comme critère concluant les professions des parents, comme c'est généralement le cas, j'ai choisi de montrer l'influence du milieu social sur la réussite scolaire à travers le prénom, mais l'objectif est le même." En évoquant les Jean, Kevin et Éléonore, il s'agit de personnaliser des données sociologiques.
Mesdemoiselles Joséphine, n'espérez donc pas que votre prénom seul vous garantisse le succès...