Les Lab Schools, ces "écoles laboratoires" qui s’adaptent au rythme de l’élève
Ecoles alternatives, les Lab Schools dessinent et expérimentent au quotidien une "école du XXIe siècle", à l’écoute des besoins de chaque élève. Exemple à Paris, dans un établissement pionnier du genre en France, où des collégiens en difficulté reprennent confiance dans un environnement innovant.
À la Lab School de Paris, la journée commence toujours par un rituel. Les élèves filent en fond de salle pour s’asseoir en cercle. L'une d'eux énonce les règles : "Je déclare le 'Quoi de neuf' [un moment de discussion, ndlr] ouvert. On ne se moque pas, on s’écoute. Et je donnerai la parole à ceux qui parlent le moins".
Ce jour là, Samuel se propose pour lire un texte qu’il a rédigé. Rien d’étonnant à ce que l’histoire, écrite par cet élève de 6e, soit en anglais : dans cette école alternative, le bilinguisme est à l’honneur. Puis vient le temps d’éveil : yoga ce jour là, avec la posture - plutôt complexe - de l’aigle. Objectif : permettre aux enfants de se mettre en condition mentale pour bien travailler dès le matin.
Favoriser l'apprentissage de tous
"Le stress est majeur chez les élèves, les professeurs sont souvent en détresse. Peu de choses ont changé dans la manière d’apprendre ces dernières années, car chercheurs et enseignants travaillent chacun de leur côté. J’ai voulu les rapprocher en m’inspirant de ce modèle, très répandu en Amérique du Nord, d’écoles qui mêlent recherche et enseignement. Ici, des chercheurs viennent faire des interventions ou des études, et ils aident les enseignants en leur donnant des clés."
Des classes mélangeant les élèves du CM1 à la 5e
À la Lab School, pas de rangées de tables classiques. Les enfants sont libres de s’asseoir au sol sur des coussins ou de prendre place à une des tables installées en demi-cercle. Surtout, élèves du CM1 à la 5e sont regroupés dans la même salle. "Les enfants ont tous des rythmes différents et le 'multi-niveau' permet de respecter le rythme de chacun, observe Pascale Haag. Un enfant de CM2 plus rapide en histoire pourra suivre le programme des 6e, quand un élève de 6e qui a des difficultés en maths pourra reprendre les bases avec les CM2. Tout cela sans que les enfants aient le sentiment d'être en compétition."
Une pédagogie pour les élèves en difficulté
Elsa, 11 ans, aujourd’hui en 6e, est arrivée en classe de CM2 à la Lab School. Elle avait été harcelée dans son ancienne école et a appris, ici, à retrouver confiance. "Il y a beaucoup de moins de monde dans la classe (11 élèves en 6e, ndlr), c’est bien plus facile pour apprendre et les professeurs sont plus attentifs, souffle la jeune fille. On peut aussi apprendre ce qu’on sait aux plus petits."
Une transmission entre pairs qui est au cœur de l’apprentissage. Celui-ci fait fi des cours magistraux : les cours se vivent sur le mode du dialogue ou du projet et favorisent le développement des compétences socio-émotionnelles - ou "soft skills". Et force est de constater que les collégiens participent sans cesse et n’hésitent pas à partager leurs idées. Au risque de se disperser ?
Dans le sillage de l’école pilote parisienne, le réseau des "écoles laboratoires" se développe dans l’Hexagone. Le lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines (18) a été séduit par la formule et a créé des ateliers sur ce modèle en coopération avec des chercheurs de l’université de Dijon (21). Deux autres écoles laboratoires - au Mans (72) et à Toulouse (31) - sont en cours de création.
Enfin, le modèle se renforce à l’international, via un projet de recherche porté par Erasmus +. Intitulé "LabSchool Europe", il réunit cinq écoles laboratoires européennes à Paris, Bielefeld (Allemagne), Brno (République tchèque), Vienne (Autriche) et Cambridge (Royaume-Uni).