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Témoignage

Phobie scolaire : "Au début, je ne savais pas ce qui m'arrivait"

Selon Santé publique France, 4 à 10% des élèves sont atteints de phobie scolaire.
Selon Santé publique France, 4 à 10% des élèves sont atteints de phobie scolaire. © Adobe Stock/Rido
Par Rachel Rodrigues, publié le 18 septembre 2023
1 min

Pour certains élèves, la rentrée représente le retour des nœuds au ventre et d’un stress intense à l'idée d'affronter les bancs du collège ou du lycée. Plusieurs familles racontent à l'Etudiant leur combat contre la phobie scolaire.

Quand Magali emmène sa fille Maely consulter un médecin pour la première fois en 2021, à la sortie du troisième confinement, elle n'a aucune idée de ce qu'on va lui apprendre. "Elle avait des tics nerveux, elle bougeait la main et la tête sans arrêt : je ne savais pas ce qu'elle avait", se remémore sa mère. Au début, la collégienne est hospitalisée pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'une maladie neurologique. "On m'a expliqué, finalement, que tout était psychologique".

Le lien avec l'école est fait assez rapidement par un psychothérapeute. "Les premiers symptômes étaient survenus au moment où elle recommençait à aller au collège", détaille Magali. Aujourd'hui, Maely a 15 ans et malgré plusieurs séances, passer les grilles du collège est toujours aussi difficile pour elle : "Depuis la rentrée, il n'y a qu'un seul jour que j'ai réussi à faire en entier".

Un "refus scolaire anxieux"

Comme la jeune collégienne, de nombreux élèves français (4 à 10% selon Santé publique France) sont atteints de phobie scolaire. Cette pathologie est définie en psychiatrie comme un "refus scolaire anxieux" et peut se traduire chez l'enfant ou l'adolescent par des manifestations de plusieurs types : maux de ventre, diarrhées, voire des crises d'angoisse et de panique.

Chez Mélanie, élève de 12 ans dans le Puy-de-Dôme, cette peur s'est d'abord manifestée par des maux de ventre, "un lundi soir, la veille d'un jour de classe". Le mal-être l'a rongée jusqu'à ce que, devant le portail du collège, le lendemain, elle soit prise de panique. "J'ai commencé à pleurer, à faire une crise d'angoisse. Je n'arrivais pas à entrer", raconte-t-elle.

Reconnaître les symptômes de phobie scolaire

Avertie par sa fille par SMS, sa mère sait tout de suite ce qu'elle a à faire. "Une de mes filles aînées avait eu le même problème, quelques années auparavant. J'ai donc reconnu les symptômes assez vite", confie Marina, qui se presse alors de l'emmener voir un psychologue. Mais elle l'admet : "Sans l'expérience passée de ma fille, j'aurais été perdue".

Tous les parents interrogés expliquent s'être sentis démunis face aux premiers symptômes de leur enfant. "Je pensais qu'elle voulait sécher les cours", raconte Chrystelle, mère d'une fille de 15 ans, atteinte de phobie scolaire dans l'Ain. De son côté, Maely n'arrivait pas non plus à mettre des mots sur ses symptômes. "Au début, je ne savais pas ce qui m'arrivait. Je me demandais si je ne devenais pas folle", explique-t-elle.

"Il faut consulter au plus vite"

Certains parents peuvent avoir le réflexe, dans un premier temps, de "croire à un caprice" et de forcer leur enfant à aller à l'école : une réaction dangereuse qui peut accentuer la phobie scolaire, prévient Thierry Delcourt, pédopsychiatre. "Le pousser risque d'aggraver son angoisse", décrit-il. Nicole Catheline, pédopsychiatre spécialiste des troubles de la scolarité, explique que certaines familles peuvent aussi avoir tendance à "banaliser" les symptômes d'anxiété et à ignorer "les signes avant-coureurs", créant le risque qu'à terme, "la pathologie s'aggrave".

La pédopsychiatre est catégorique : "Il faut consulter au plus vite", de préférence dans le mois suivant l'apparition des premiers symptômes. Consciente du manque de disponibilité des professionnels de santé, Nicole Catheline ajoute qu'à défaut de voir un psychologue, le médecin généraliste peut aussi être consulté, en situation d'urgence. "Il peut commencer à travailler sur certaines choses et convenir d'un suivi régulier avec le patient", explique-t-elle.

Des aménagements "rassurants"

Il est aussi important de se tourner vers les interlocuteurs appropriés au sein de l'établissement, à savoir le psychologue de l'Éducation nationale (psyEN) ou le médecin scolaire, s'il en dispose. "Lorsqu'un enfant m'est adressé avec le motif de phobie scolaire, je demande absolument à ce qu'il y ait une prise en charge, au mieux auprès d'un CMP (centre médico-psychologique)", explique Guénola Baleige, médecin scolaire en Charente-Maritime.

Une fois qu'un entretien a été effectué avec l'enfant, Guénola Baleige propose des ajustements. Dans tous les cas, "l'idée est de garder un lien avec l'école", assure la praticienne. Une des pistes pour y parvenir est de s'accorder, avec l'enfant, sur des aménagements de l'emploi du temps. C'est ainsi que Mélanie a pu s'arranger pour n'aller en cours que le matin, l'année dernière : "C'était rassurant, ça m'a beaucoup aidé", admet-elle.

Quand le lien avec l'école a déjà été rompu, Guénola Baleige propose un APADHE (accompagnement pédagogique à domicile à l'hôpital ou à l'École), "initialement destiné aux élèves qui ont été déscolarisés pour maladie grave par exemple", précise la professionnelle. L'idée est de faire venir l'enfant au collège ou dans un lieu neutre, qui n'est pas le domicile, quatre à six heures par semaine, pour des cours particuliers avec un enseignant de la classe volontaire. "Au moins, on aide l'enfant à sortir un minimum de chez lui."

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