Écoles d'art : ce qu'il faut savoir avant de choisir la vôtre
La vie d’artiste fait rêver, mais les études pour accéder aux métiers de la création demandent beaucoup de travail et un investissement personnel. L’imagination, la ténacité et une bonne culture artistique sont les meilleurs atouts pour réussir dans ce secteur.
Dessinateur de BD, illustrateur, illustrateur, réalisateur de dessins animés, architecte d'intérieur, directeur artistique dans la publicité, designer, graphiste, styliste… Les débouchés des écoles d'art sont variés mais choisir sa formation n'est pas aisé, d'autant que les établissements sont nombreux et les plus réputés très sélectifs. À l'ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs), à Paris, par exemple, le taux de réussite des candidats est de 4 %.
Quelles sont les qualités pour ces cursus ?
Contrairement aux idées reçues, ces études nécessitent une grande capacité de travail. Les dilettantes n'iront pas bien loin. Et même si c'est une évidence, il est bon de rappeler qu'une bonne pratique du dessin est essentielle. Pas besoin d'être un crack, mais un bon coup de crayon vous servira dans toutes les sections. Ensuite, il faut enrichir ses connaissances en histoire de l'art, en lisant des livres spécialisés et en allant visiter des expositions.
La plupart des écoles recrutent à partir d'une épreuve de dessin, d'une épreuve de culture générale artistique et d'un oral au cours duquel le candidat devra défendre son dossier artistique, comprenant dessins, peintures, photos, etc. Il ne faut pas se décourager : les écoles cherchent des profils très variés.
Le choix de l'établissement est capital. Mais même s'il est judicieux pour votre avenir professionnel de vous spécialiser, ne le faites pas trop rapidement, afin d'avoir une bonne culture artistique de base.
Existe-t-il des formations gratuites ?
Oui. Une cinquantaine d'écoles supérieures d'art – qu'on appelait avant les beaux-arts –, réparties dans tout l'Hexagone, proposent des formations à bac+3 ou bac+5 (conférant le grade de master). Certaines sont gratuites, même s'il faut toutefois compter 550 € de frais de scolarité annuels.
D’autres établissements, également publics, préparent au DNMADE (diplôme national des métiers d’art et du design) – le nouveau diplôme d’État qui remplace les BTS en arts appliqués et certains DMA – et au DSAA (diplôme supérieur d’arts appliqués). La scolarité y est gratuite, mais certaines écoles font payer des frais d’inscription s’élevant jusqu’à 380 €. Comme dans tout établissement public, vous pouvez faire une demande de bourse sur critères sociaux.
Sachez aussi que les écoles privées ont mis en place des aides financières lorsqu’elles sont exclues du dispositif des bourses sur critères sociaux. L’ECV (École de communication visuelle, à Aix-en-Provence, Bordeaux, Lille, Nantes et Paris) accorde par exemple une remise d’un montant annuel maximal de 2 000 € sur les frais de scolarité à des étudiants ayant des difficultés financières, s’ils sont assidus et obtiennent de bons résultats. Les écoles de Condé (Bordeaux, Lyon, Nancy, Nice et Paris), quant à elles, délivrent chaque année une cinquantaine de bourses d’excellence à leurs étudiants les plus méritants.
Faut-il suivre une option arts en terminale ?
L'option arts vous donnera une certaine avance et elle montrera aux jurys que vous vous intéressez au dessin, à l'esthétique, au design et à l'image depuis au moins un an. Cela peut être précieux à l'entrée en DNMADE ou en école supérieure d'arts, même si vous passez ensuite par une prépa artistique. Outre l'option, les jurys regardent si vous avez une pratique artistique personnelle, si vous êtes porté sur l'histoire de l'art. Il faut bien envisager ces critères comme un tout : l'un n'est pas plus important que l'autre. C'est leur conjonction, dopée par une motivation argumentée, qui fera votre force.
Puis-je intégrer une école d'art sans le bac ?
Oui, mais ce n'est ni la règle ni la majorité des admissions. Plusieurs écoles d'art, parmi les plus prestigieuses, autorisent des candidats non titulaires du bac à se présenter à leur concours, comme l'ENSAD, l'ENSCI-Les Ateliers (École nationale supérieure de création industrielle) et l'ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts). C'est le cas également de plusieurs écoles régionales supérieures d'art, comme celle de Montpellier, qui fixe chaque année un quota de 8 à 10 % d'étudiants sans le bac. "Mais en général on est très en dessous, car peu de candidats se présentent", constate Christian Gaussen, le directeur artistique et pédagogique. Si vous n'avez pas le bac, l'accès à l'école se fera sur dérogation (une demande spéciale par lettre argumentée et motivée) ; ce qui ne vous privera pas de passer le concours d'entrée au même titre que les autres candidats.
Les écoles privées hors contrat (et certaines publiques) proposent généralement une admission à "niveau bac". Traduction : avoir été inscrit en classe de terminale ou avoir eu au moins 8/20 au bac selon les établissements. Vous serez alors convoqué à un entretien : vous serez jugé sur votre motivation et évalué grâce à des tests (et non recruté par concours). Un conseil toutefois : redoublez de vigilance sur la qualité de l'école !
Existe-t-il des formations universitaires ?
Vous trouverez trois grandes filières artistiques à l’université : arts du spectacle (cours d’analyse filmique, d’histoire de la mise en scène…), arts plastiques (histoire de l’art, analyse d’œuvres d’art, esthétique) et histoire de l’art (histoire de la création artistique, peinture, sculpture, architecture…).
Ces études, plus ou moins théoriques selon les universités, mènent essentiellement à l’enseignement. Encore faut-il décrocher le concours : le taux de réussite au CAPES (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) d’arts plastiques était de 16 % en 2017.
Après le bac, il existe plusieurs voies pour se former à l'art. // © l'Etudiant
Mais des cursus plus professionnalisants se développent progressivement. Ainsi, l’ESAV (École supérieure d’audiovisuel), au sein de l’université Toulouse-Jean-Jaurès, dispense une formation alternée aux pratiques et à la recherche en audiovisuel. L’université Lyon 2 propose, quant à elle, une licence professionnelle métiers de la mode, en alternance.
Qu’est-ce qui fait la qualité d’une école ?
Pour une école, il existe plusieurs degrés de reconnaissance. Les écoles publiques possèdent tous les degrés. Les écoles privées, quant à elles, doivent en faire la demande et répondre à de nombreuses exigences.
Tous les établissements peuvent faire la demande d’une reconnaissance d’État. Ce dernier contrôle le fonctionnement de l’école, ses formations et ses enseignants. L’école peut ainsi accueillir des boursiers, recevoir des enseignants détachés du secteur public et percevoir des subventions. Parmi les établissements reconnus, les écoles Camondo à Paris ou Émile-Cohl à Lyon…
Il existe une deuxième reconnaissance pour les écoles d’art : celle du ministère de la Culture. Elle atteste de la qualité de l’école mais ne lui permet pas d’accueillir des boursiers. Seules trois écoles supérieures sont reconnues par le ministère de la Culture : ICART, LISAA (Institut supérieur des arts appliqués) et Esmod.
À un grade supérieur de reconnaissance, il y a le contrat. Une école sous contrat est assimilée à un établissement public et les enseignants sont rémunérés par l’Éducation nationale. Dans le domaine des formations artistiques, une trentaine d’établissements privés sont sous contrat, la plupart étant des lycées.
Comment connaître la qualité d’un diplôme ?
Différents indices vont vous aider. Commencez par vérifier si le diplôme est inscrit au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Si c’est le cas, vous êtes sûr que le diplôme vous apportera bien les compétences professionnelles nécessaires à l’exercice du métier (designer, graphiste, etc.).
Autre garantie : le grade de master. L’État (donc les universités et les écoles publiques) est le seul à délivrer des masters, mais il peut autoriser certaines écoles à délivrer des masters, qui ouvrent droit à la même poursuite d’études pour les étudiants.
Enfin, la plus haute garantie pour un diplôme est le visa. On dit ainsi d’un diplôme qu’il est visé. Fréquent en BTS, il vaut comme diplôme national (donc offrant des équivalences).
Peut-on suivre les études en alternance ?
L'apprentissage n'est pas courant dans les écoles d'art. Il tend toutefois à se développer, mais les étudiant auront parfois du mal à trouver une entreprise. Citons le CFA (centre de formation d'apprentis) Com, spécialisé dans la communication visuelle et le multimédia, à Bagnolet (93), qui propose des formations allant de la classe prépa au mastère (bac+4/5).
Il existe aussi des CFA en audiovisuel et même en comédie musicale ! Vous trouverez la liste dans notre annuaire des formations.
Existe-t-il des labels de qualité ?
Il n'existe pas de label propre aux écoles d'art. Le ministère de l'Enseignement supérieur délivre un visa pour une durée variable (de un à six ans). Cette reconnaissance finalise un processus de contrôle complet, de l'admission des élèves aux enseignements. Parmi les écoles qui en bénéficient : Camondo, l'École de design Nantes-Atlantique, l'école Émile-Cohl et l'Institut français de la mode, à Paris.
Mais l'attribution du visa aux écoles d'art n'est pas une pratique habituelle. Les plus prestigieuses comme l'ENSAD, l'ENSBA (École nationale supérieure des beaux-arts) ou l'ENSCI-Les Ateliers (École nationale supérieure de création industrielle-Les Ateliers), à Paris font partie de la CGE (Conférence des grandes écoles).
L'intégration de l'école à une association professionnelle est également un bon signe. On peut citer l'UNAID (Union nationale des architectes d'intérieur, designers), le RECA (Réseau des écoles françaises de cinéma d'animation), le réseau France design éducation, ou encore le CFAI (Conseil français des architectes d'intérieur). Ce dernier évalue, à leur demande, les établissements proposant un cursus d'architecture. Camondo, l'ENSAAMA (Olivier-de-Serres) et l'ESAT (École supérieure des arts et techniques), à Paris, font ainsi partie des écoles reconnues.