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Décryptage

Etudiants en art, ils investissent massivement les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont une belle vitrine pour les étudiants en art.
Les réseaux sociaux sont une belle vitrine pour les étudiants en art. © Adobe Stock / Blue Planet Studio
Par Mersiha Nezic, publié le 29 novembre 2019
5 min

Se fédérer entre artistes de demain, se faire repérer par des agences artistiques ou des professionnels, développer son audience… Les étudiants en art font connaître leurs œuvres sur les réseaux sociaux.

Ses dessins, partagés des dizaines de milliers de fois, ont emballé Twitter, faisant exploser le nombre de ses followers (passés de 600 à 68.000). Pablo Raison, un étudiant de 19 ans de l’École européenne supérieure de l’image (EESI) d’Angoulême (16), a dessiné à l’encre de Chine et au stylo-plume, une carte de France représentant pour chaque grande ville un bâtiment iconique : églises, cathédrales, châteaux… Les internautes ont pu suivre l’avancée de la carte sur Twitter pendant une semaine, lui faisant parfois des suggestions. Ce sont bien les réseaux sociaux qui ont fabriqué de bout en bout cette "success story", qui s’est soldée par la commercialisation de la carte.

Carte de France
Carte de France © Pablo Raison

Faire connaître une œuvre sur Twitter, poster le teaser de son court métrage sur YouTube, diffuser ses dessins sur Instagram, les artistes de demain investissent la toile, dès l’école. Une pratique naturelle pour cette génération numérisée. "En design, Instagram est devenue un canal incontournable pour la promotion en ligne du travail des étudiants, affirme Frédéric Degouzon, directeur stratégie, recherche & développement à L'École de design Nantes Atlantique (44). Les élèves témoignent des expériences qu’ils traversent, postant croquis, maquettes, images 3D. C’est un moyen d'accrocher le regard des professionnels, si on a un peu de chance et de talent."

Les réseaux sociaux: une belle "vitrine virtuelle"

Bref, mettre le paquet sur la toile, c’est multiplier ses chances de se faire repérer par des agences artistiques et des professionnels, dès la formation. Ainsi, Théo Lancelot, étudiant en master 2 de design graphique, à l’ECV d’Aix-en-Provence (13), alimente régulièrement ses comptes Instagram et Behance, un site web où des artistes postent leurs créations. Ce portefolio en ligne lui a déjà valu des propositions de stage ou d’emploi. "C’est une sorte de vitrine virtuelle énorme qui assure de la visibilité à nos travaux, témoigne l’étudiant de 23 ans. Et sur les réseaux sociaux, on entre en contact avec les professionnels plus facilement et de façon moins formelle."

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Deneuve . . . #portrait #illustration #graphicdesign

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Sa camarade, Jane Mathieu voit également en Instagram la plate-forme idéale pour son book en ligne. Mais également un passage obligé pour interagir avec d’autres étudiants en art ou des artistes du monde entier que fédèrent les réseaux sociaux. "J’aime bien lire leurs commentaires pour savoir ce que leur inspire mon travail. Je regarde également leurs créations", précise la future designer.

Mais pour Christine Petr, chercheuse en marketing à l’Université Bretagne Sud, les étudiants exploitent le potentiel des réseaux sociaux pour, avant tout, toucher un public et massifier leurs audiences. "Si on est davantage vu, on est davantage "liké", davantage apprécié. On crée un effet buzz qui fait ensuite caution auprès des professionnels. C’est une caution par l’audience, pas forcément par des commentaires qualitatifs", explique-t-elle.

Des étudiants critiquent cette pratique

Les artistes en herbe le savent. Leur e-réputation va compter tout au long de leur vie professionnelle. Comme nombre d’élèves d'écoles d'art, Jane a d’ores et déjà fait le choix de cloisonner vie personnelle et activité d’artiste, en créant des comptes distincts.

Certains étudiants, qui portent un regard très critique sur les réseaux sociaux, vont encore plus loin. "Une minorité les boycotte pour des raisons éthiques. Et refuse de nourrir ces plate-formes, explique Loïc Horellou, professeur à la Haute école des arts de Strasbourg et co-président de l'Association nationale des écoles supérieures d’art (Andéa). Pour naviguer sur le web par exemple, ces étudiants se tournent vers des moteurs de recherche qui ne font pas de statistiques sur des données personnelles."

Le 16 janvier 2020, retrouvez dans les librairies le livre "Tout savoir sur la réforme et le DN MADE !" aux Éditions de l’Opportun / L'Etudiant.

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