Intégrer les écoles de cinéma : un rêve impossible ?
Dans le domaine du cinéma et du cinéma d’animation, les écoles les plus réputées sont souvent très sélectives. Mais pour y accéder, il n’y a pas que la chance qui compte : avec du travail et de la motivation, les portes peuvent s’ouvrir.
Selon l'Office national d'information sur les enseignements et les professions, il existe, en France, une cinquantaine d'écoles préparant aux métiers du cinéma et de l'image. Pour faire simple : la majorité sont privées et souvent coûteuses, tandis que les publiques ont tendance à être plus sélectives.
Une forte sélection dans les écoles de cinéma
Après un an dans une école de cinéma privée, Antoine, 24 ans, a tenté le concours de l'ENS Louis Lumière et deux fois celui de la Cinéfabrique, deux écoles publiques. Dès le premier tour des sélections, "les deux tiers" sont éliminés, se souvient-il. Suivent un mini-tournage en équipe et un exercice de spécialité, avant un dernier tour d'oral. "J'ai mal supporté le stress", admet-il.
Au concours général de la Fémis (publique), même combat : "On garde une promo de 40 sur 1.256 inscrits", note Laurent Moissonnier, responsable des concours et de l'enseignement supérieur. Là aussi, trois tours d'épreuves (dossier d'enquête, analyse de film et épreuves pratiques, oral) et un tri drastique. Mais les jurys testent d'abord "la maturité, la sensibilité artistique, des compétences métier et le rapport au collectif", précise Laurent Moissonnier.
En cinéma d'animation, la sélection dépend des cursus choisis : environ 800 élèves ont par exemple passé le concours de Rubika, pour 48 admis en animation 3D, 48 en 2D et 24 en classe internationale.
Lison Sabiols, intervenante à Emile Cohl et l'ECV, estime que "chaque école vise un certain type d'élèves". Les "travailleurs qui se donnent du mal dans leur dossier" pour les uns, ceux qui proposent "des choses plus créatives" pour d'autres.
Persévérer et élargir ses horizons pour en faire son métier
S'il y a peu d'élus, c'est aussi pour garder une bonne insertion professionnelle. "À un ou deux ans de la sortie, ils travaillent tous dans le secteur", assure Laurent Moissonnier.
Souvent moins sélectif, le privé peut être une option à conditions d'avoir des ressources financières. Jérôme, 27 ans, a travaillé deux ans avant d'entrer, sur concours, à l'école 3iS, en région parisienne. "Dès la deuxième année, je me suis spécialisé en réalisation audiovisuelle", raconte-t-il. Sorti en 2021, il est désormais opérateur régie vidéo.
On peut aussi se présenter plusieurs fois aux concours, même s'il y a souvent un âge limite. Motivé, Antoine, finalement entré en licence et master audiovisuel à Valenciennes, va "retenter la Cinéfabrique, Louis Lumière, la Fémis et l'Insas à Bruxelles".
Et il n'y a pas que réalisateur ou animateur 3D ! "Il est important que les candidats s'intéressent au secteur professionnel, aux différents métiers", fait savoir la Fémis. Ce peut être le montage, l'image, le son… En animation, Roch, 31 ans, en formation d'un an aux Gobelins après une école privée, recommande de "s'exercer sur des logiciels gratuits comme blender".
Travailler dans le cinéma sans passer par une école
Enfin, travailler dans le cinéma et l'animation sans avoir fait d'école est possible. "Cela demande de la rigueur, mais on voit régulièrement des autodidactes", assure Lison Sabiols, même si l'école permet d'avoir "un début de réseau".
"On est un accélérateur de parcours", confirme Laurent Moissonnier, en témoignent les huit prix d'anciens de la Fémis au dernier Festival de Cannes. Mais comme le rappelle Antoine, "on peut aussi entrer dans ce milieu grâce aux stages, et aux concours de court métrage : c'est comme ça que Ladj Ly a réalisé Les Misérables".