Le suivi global de l'étudiant, facteur essentiel de la réussite en licence
À l'échelle nationale, 36% des étudiants français obtiennent leur licence en trois ans, selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur. Ces résultats sont cependant différents selon la licence visée et l'université. Les établissements qui font progresser leurs étudiants ont créé un panel de dispositifs.
Les universités qui affichent les meilleurs taux de réussite en licence sont unanimes : les étudiants de première année ont besoin d’un suivi resserré. "Quand on passe du lycée à l'université, c’est important d'être accompagné", confirme Alexandre Jaud, étudiant en master à La Rochelle Université (17) et tuteur.
Si le tutorat reste le mode d'accompagnement classique des étudiants de première année de licence dans les universités, d'autres actions peuvent être menées pour mieux suivre les étudiants à l'instar des tests de positionnement, des entretiens individuels avec des enseignants ou des parcours individualisés. Le tout afin de déceler les étudiants qui auraient besoin d'aide et éviter le décrochage.
Le tutorat, pilier de l'accompagnement des étudiants
Le tutorat est des outils majeurs pour les universités qui affichent un bon taux de réussite en trois ans. "C'est une question qui a beaucoup progressé depuis le Covid. Nous avions entre 60 et 70 tuteurs à l'époque, contre des centaines désormais", illustre Isabelle Demachy, vice-présidente de la Commission de la formation et de la vie universitaire à l'université Paris Saclay (91).
La session de tutorat se fait en petit groupe d'une dizaine d'élèves pendant une heure à une heure et demie. "Mon tuteur m'a aidé pour l'électromagnétisme, mais il était aussi disponible pour d'autres matières. On lui dit sur quelles notions on a besoin d'aide et il nous explique. C'est vraiment organisé en fonction de nos difficultés", explique Zahra, étudiante en licence de physique à l'université de Saclay.
À l'université d'Angers (49), le tutorat collectif a été doublé d'un tutorat individuel. Il permet de s'adapter aux étudiants qui ont des besoins particuliers : situation de handicap, sportif de haut niveau, étudiant étranger…
Amanda, étudiante en L2, souffre d'une déficience visuelle. "Au cours de ma première année, la référente pédagogique a senti que je rencontrais des difficultés, et elle m'a proposé de suivre un tutorat. Une étudiante en master m'aide pour les devoirs de tous les cours, selon mes besoins. On travaille ensemble une heure ou deux par semaine", raconte l'étudiante de 19 ans.
Un accompagnement personnalisé des étudiants de licence
La réussite des étudiants dépend aussi de la taille de l'université. Les établissements à taille humaine sont plus à même de suivre leurs étudiants individuellement. C'est le cas de l'université de Haute-Alsace, première du classement de la réussite en licence réalisé par l'Etudiant en 2023.
"Les petites promos favorisent la réussite. En moyenne, on ne dépasse pas les 100 étudiants, ils sont donc moins perdus et bien connus des professeurs. Les enseignants sont accessibles après le cours, ils n'enlèvent pas leur costume d'enseignant pour enfiler celui de chercheur", assure Jean-Charles Fontaine, vice-président en charge de la formation.
Mais certaines universités vont plus loin dans l'individualisation des parcours. Ainsi, à l'université de la Rochelle, chaque nouvel étudiant en première année licence est reçu par un enseignant lors d'un entretien individuel.
"C'est un diagnostic qui permet de personnaliser le parcours. Il s'agit d'un dialogue entre l'étudiant et l'enseignant, avec une fiche à remplir. Cela peut aboutir à un contrat pédagogique avec une prescription spécifique vers un dispositif, par exemple le dispositif Reper (remédiation et personnalisation)", explique Stéphane Manson, vice-président chargé de la formation et de la vie étudiante à l'université rochelaise.
Prendre en compte la vie étudiante
À Angers, ce suivi personnalisé prend aussi en compte la situation individuelle des étudiants, essentielle en termes de réussite. Une équipe de douze personnes chargées d'accompagnement rencontrent, à la rentrée, les étudiants par petits groupes pour comprendre leur situation personnelle : job étudiant, enfant à charge ou encore santé mentale fragile.
Ils vont ensuite orienter l'étudiant vers un médecin, un enseignant, ou encore leur donner des conseils concernant leurs méthodes de travail, selon le besoin identifié.
"L'idée, c'est de prévenir les accidents de parcours et d'éviter le décrochage. On a parfois des étudiants qui adorent les cours, mais qui vont mal. Le fait de se confier à la chargée d'accompagnement permet de trouver des solutions pour rompre cet isolement", explique Anna Reymondeaux, responsable du pôle accompagnement à la réussite de l'université d'Angers.
Un constat partagé par Isabelle Demachy. "Si un étudiant a des problèmes de santé ou financiers, il n'est pas en situation d'apprendre. La réussite académique fonctionne quand le reste de la vie va bien", affirme-t-elle.
S'il n'y a pas de recette magique pour faire réussir les étudiants, certains ingrédients la favorisent. "Il faut articuler la prévention en santé, l'accès aux soins, la prévention des violences sexuelles et sexistes, la lutte contre les discriminations, l'ouverture au monde avec des événements interculturels… Il y a une vraie continuité entre ces appuis et la dimension académique pure", conclut Isabelle Demachy.
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