Choix des spécialités en médecine : qu’est-ce qui motive les étudiants ?
Devenir médecin : une vocation. Tout du moins, c’est une idée (un fantasme ?) répandue. L’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France) a fait le tour des différentes motivations qui poussent les jeunes vers les études de médecine : “J’ai un parent dans le monde médical”, “j’ai vécu une expérience familiale ou personnelle de la maladie”, “je voue de l’admiration pour un médecin”, “j’ai un intérêt scientifique, un intérêt pour la relation d’aide ou pour le soin”, “je veux relever un défi pour me prouver ce dont je suis capable, pour moi, mes parents, pour mes proches, les autres…”. Des raisons nobles. En bas de liste, l’association cite également “la condition sociale et la sécurité de l’emploi”.
Et pour le choix de la spécialité ? “C’est surtout le vécu qui compte, analyse Pierre Catoire, président de l’ANEMF. “Le premier critère, c’est la ‘modélisation’, le fait d’avoir suivi un maître de stage intéressant. Entre ensuite en considération la renommée de la spécialité. Moins la rémunération. Avec moins d’études, on aurait pu exercer un métier beaucoup plus rémunérateur : faire de l’odontologie, du commerce… On ne serait pas forcément médecin”, insiste-t-il.
L’ophtalmologie, spécialité plébiscitée |
Des spécialités pour la plupart très rémunératrices. Les ophtalmologistes (en moyenne 11.307 € de revenus mensuels net en 2011 en cabinet libéral), les radiologues (12.424 €) et les cardiologues (9.784 €) font partie des médecins qui gagnent le plus, mais loin derrière les anesthésistes-réanimateurs (15.914 €) (2). Un contre-exemple cependant : les dermatologues (6.424 €) gagnent moins que les généralistes (6.572 €).
Qualité de vie + passion + rémunération |
Grégoire, étudiant en deuxième année à l’université Paris-Descartes, tient à nuancer : “Il faut tout de même savoir que même ces spécialités restent très prenantes tant pendant les études que pendant l’exercice par la suite. D’autre part, à l’heure actuelle, tout le monde cherche la sécurité financière et les étudiants en médecine n'y font pas exception.”
Le rythme effréné du généraliste refroidit |
En plus de leurs activités en cabinet, ces patriciens peuvent effectuer des gardes, s’impliquer dans la régulation des appels d’urgence au sein du SAMU, exercer dans une structure type maison de retraite ou crèche, s’occuper de la comptabilité, etc. 14 % entretiennent eux-mêmes les sols de leurs locaux ! Pour autant, la médecine générale ne se révèle pas toujours un choix par défaut chez les étudiants. Toujours selon la DREES, la spécialité recrute à tous niveaux de classement ECN (du 57e au dernier rang en 2011).
Comment changer la donne ? |
Il faut donc diversifier les terrains de stage, par exemple en les formant aussi dans les centres de soins ou les maisons médicales pluridisciplinaires. Autre piste, pour la rémunération : en finir avec le paiement à l’acte au profit d’un salaire ou d’une rémunération en partie forfaitaire. En effet, les actes techniques (les radios, les interventions chirurgicales, par exemple) sont plus rémunérateurs que les actes cliniques (consultations, visites avec examen du patient).
Déserts médicaux : le plan d’action Si certaines régions comptent une densité de médecins plus importante que la moyenne (Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Île-de-France, Languedoc-Roussillon, Aquitaine), d’autres peinent à attirer (Pays de la Loire, Centre, Haute-Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne) (4).
Pour tenter de résoudre le problème des déserts médicaux (qui ne date pas d’hier), l’ANEMF a proposé un plan de démographie médicale en dix points.
De son côté, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la santé, doit détailler courant décembre 2012 son propre plan d’action. La ministre a notamment annoncé la création de 200 postes de “praticiens territoriaux de médecine générale” dès 2013. Il s’agit d’accorder à des jeunes médecins libéraux qui iront s’installer dans des zones isolées et/ou sensibles une aide financière pendant deux ans. Objectif : que tous gagnent au moins 55.000 € par an (environ 4.600 € par mois). S’ils ne parvenaient pas à atteindre ce plafond, l’État leur paiera la différence avec ce qu’ils auront gagné.
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(1) Note de la DREES de mars 2012 sur “Les affectations suite aux ECN 2011”
(2) Source UNASA (Union nationale des associations agréées).
(3) Note de la DREES de mars 2012 sur “Les emplois du temps des médecins généralistes”
(4) Note de la DREES de mars 2012 sur “Les médecins au 1er janvier 2012”.
Décembre 2012