Médecine : la révolution ECNi est en marche
Lundi 20 juin 2016, les 8.572 étudiants en sixième année de médecine passaient pour la première fois les épreuves classantes nationales sur tablettes. Après plusieurs tests plus ou moins réussis, l’enjeu était de taille. Reportage à l’université de Créteil.
Comme dans une saison de "Game of Thrones", le suspense sera resté entier jusqu'au bout. Les ECNi (épreuves classantes nationales informatisées), les vraies, pas les tests, allaient-elles fonctionner ? La réponse est tombée lundi 20 juin 2016. La #PromoCrashTest – le nom que se sont donné les étudiants de médecine en sixième année – aura eu plus de peur que de mal. Pour ce premier jour d'épreuves numériques, le dispositif n'a pas buggé. "Pour le moment, cela fonctionne. Nous n'avons pas eu de remontée, ni ici ni au niveau national", assure Jean-Luc Dubois-Randé, le doyen de la faculté de médecine de l'UPEC (université Paris-Est Créteil) et président de la Conférence des doyens des facultés de médecine.
Du courage !
Le soulagement des candidats était à la mesure de la pression qu'ils s'étaient mise avant les épreuves. Sur Twitter, les messages de "bon courage", "bonne chance", "grosse pensée pour les D4" ont fleuri jusqu'au jour J, 14 heures.
Pensées à ceux qui passent les 1ers #ECNi cette semaine ! Nous espérons que les conditions d'épreuves seront optimales pour tous. Courage !
— ANEMF (@ANEMF) 20 juin 2016
Parfois, le vocabulaire emprunté était ouvertement guerrier.
@MedEdFr Bonsoir ! Thomas, étudiant en médecine à moins d'une semaine de l'abattoir#mededfr #promocrashtest
— Thomas Carabin (@Thomas_LyonEst) 14 juin 2016
Trois jours pour une carrière
Devant les portes de l’UPEC, les étudiants semblaient détendus, même si on sentait que ce 20 juin n’était pas un jour comme un autre... "Cela fait cinq ans qu’on nous parle de l’ECN. Nous y sommes", témoigne Augustin, 25 ans. Au-delà du passage à un examen informatisé simultané dans 34 centres – une "première mondiale" –, les 8.572 candidats jouent en trois jours "leur vie", ou tout du moins leur carrière. Selon le classement qu’ils obtiendront le 29 juin, ils choisiront leur spécialité (cardiologie, médecine généraliste, pédiatrie, médecine du travail…) et le lieu de formation où ils effectueront leur internat. La règle : les premiers arrivés seront les premiers servis. "On est à la fois stressé par notre résultat personnel et par le fait que le système puisse planter. Nous devrions alors repasser des épreuves de secours, au lieu de finir mercredi et d’être en vacances", déplore Lilian, 24 ans. Pour Jordan, 25 ans, le stress était moins dû au risque de bug qu’à l’examen lui-même. "Le dernier test a été plutôt rassurant. En revanche, avec le nouveau système, on ne sait pas trop sur quels points les concepteurs des sujets vont le plus insister", explique-t-il. À ses côtés, Augustin renchérit : "ils vont mettre plus de médias, peut-être même des vidéos. On n’est pas habitué à cela". Sur YouTube, certains s’emploient à dédramatiser l’événement...
Un moment historique
Les premiers dossiers cliniques traités, il reste aux candidats deux jours d’épreuves. L’un d’entre eux est notamment consacré à la LCA (lecture critique d’articles). En mars 2016, le dernier test national avait buggé à ce moment-là. Suite à une pétition, le CNG (Centre national de gestion), qui organise les ECNi, avait alors consenti à imprimer les articles sur papier. Si les épreuves 2016 se déroulent comme prévu, de nouvelles évolutions (articles en anglais, vidéos, tests de concordance de script…) seront mises en place pour les prochaines promotions. "Les ECNi représentent toutes un symbole : le passage à l’ère numérique. Le moment est historique", se réjouit Jean-Louis Dubois-Randé. Pas sûr que la #PromoCrashTest partage, pour le moment, sa joie.