PACES : à l'UPMC, les étudiants souffrent de "novembrose"
IMMERSION EN PACES. Épisode 2. À Paris 6, il ne reste qu'un mois avant la première partie du concours de PACES, qui aura lieu le 13 décembre 2016. Le stress monte. La plupart des étudiants ne vont plus en cours et passent leur journée à réviser.
8 h 30 à l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie). Le cours magistral de PACES (première année commune aux études de santé) sur la synthèse des acides gras commence. L'amphithéâtre est à moitié vide. "En biochimie, les schémas sont vraiment compliqués, donc c'est pas mal d'avoir le commentaire du prof. Mais je ne viens pas systématiquement, avoue Caroline, assise au dernier rang. Dans certaines matières, poursuit-elle, les profs parlent tellement lentement qu'il vaut mieux regarder le cours en accéléré, une fois la vidéo disponible. Cela fait gagner du temps."
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"C'est un peu la panique en ce moment"
À l'extérieur de l'amphi, Rosalie, primante, arrive dans le bâtiment de l'UPMC. Direction la bibliothèque. Souriante, elle ne cache pas ses angoisses à un mois du concours du premier semestre : "C'est un peu la panique en ce moment. J'ai du mal à m'en sortir alors que je travaille toute la journée, de 8 h 00 à 21 h 00. Je vais également aux entraînements proposés tous les samedis par le tutorat et aux sèches [des séances de correction d'exercices]", liste-t-elle.
En PACES, les étudiants ont inventé un mot pour décrire ces angoisses propres au mois de novembre : la "novembrose". "Novembre est un mois vraiment difficile pour les étudiants en PACES, explique Meïdi, étudiante en 3e année de médecine et responsable du tutorat. Ces trois ou quatre semaines avant la première partie du concours, la plupart traversent une grosse baisse de régime. Pour ceux dont les notes ne décollent pas, le moral est au plus bas."
Johann, Claire, Jessica et Khash, des étudiants en PACES, pour leur part, plutôt détendus. // © Aurore Abdoul-Maninroudine
À l'UPMC, 2.400 étudiants étaient inscrits en PACES à la rentrée 2016 pour 300 places offertes au final en médecine, une trentaine en odontologie et en maïeutique et une centaine en pharmacie. "Pour avoir une chance de réussir médecine, il faut être dans les 450-500 en haut de la liste à l'issue du premier concours", fait savoir Meïdi. Pourtant, si l'on a de mauvais résultats, il est encore temps d'inverser la tendance, assure-t-elle. Pour cela, "il faut se remettre en question. Cela ne sert à rien de se dire que ça va aller : si on ne décolle pas dans une matière, il ne faut pas rester dans le déni mais admettre qu'un truc cloche et revoir sa manière de travailler."
"Au pire, je redoublerai"
À la machine à café, Johann, Claire, Jessica, et Khash font une pause, et l'ambiance est plutôt détendue. Seraient-ils immunisés contre la novembrose ? "Quand je discute avec des doublants, j'ai l'impression que je m'en tire plutôt bien", estime Johann, qui a pourtant lancé sur son téléphone un compte à rebours d'ici le concours. "C'est un peu une blague, mais cela me permet de savoir combien de jours il me reste pour réviser." Au final, l'étudiant se dit plutôt serein. "Au pire, finit-il par ajouter, je redoublerai."
Cette seconde chance – la possibilité de faire une deuxième PACES – tous les primants la mentionnent en l'accompagnant d'un "cela aide à relativiser". C'est le cas de Clara, qui se dit également plutôt "calme" à l'approche du concours, même si elle a été "surprise par la densité des cours" : "J’avais l’impression d’avoir commencé l’anatomie depuis deux semaines, et hop, c’était déjà fini, deux mois étaient passés ! "
Dernière chance pour les doublants
Du côté des doublants, le stress s'affiche plus franchement. "C'est notre dernière chance, alors oui, c'est vraiment dur", témoigne Sarah, en train de déjeuner par terre avec Karim, Laetitia et Chloé. Entre midi et deux, pour éviter de perdre du temps en allant au restau U, ils avalent leur repas dans le hall. "On essaie de rentabiliser le moindre moment", racontent ces étudiants qui habitent tous chez leurs parents. Une chance selon eux : "On n'a pas à faire les courses ou à cuisiner." Ce qui ne signifie pas qu'ils les croisent souvent pour autant. "Je travaille tellement que je peux passer deux ou trois jours sans les voir", confie ainsi Chloé.
À l'UPMC, les élèves de PACES préfèrent manger dans le hall pour ne pas perdre de temps. // © Aurore Abdoul-Maninroudine
Au même moment, à la bibliothèque, les tables sont vides mais tout le monde a laissé ses affaires bien en évidence pour garder sa place. "Les étudiants ont accès aux magnifiques bibliothèques de Jussieu, toutes neuves, mais ils n’y vont pas. Situées à deux stations de métro, ils trouvent qu'elles sont trop loin", indique Florence Zehnaker, bibliothècaire. Ne pas perdre de temps : l'obsession n°1 des étudiants de PACES.