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Précarité : plus d'1,5 million d'étudiants mal logés

Selon l'enquête de l'Union étudiante, 18% des étudiants interrogés considèrent que leur logement a un impact négatif ou très négatif sur leurs études.
Selon l'enquête de l'Union étudiante, 18% des étudiants interrogés considèrent que leur logement a un impact négatif ou très négatif sur leurs études. © Francois HENRY/REA
Par Clémentine Rigot, publié le 05 décembre 2023
4 min

Dans sa grande enquête publiée fin novembre sur le mal-logement, l’Union étudiante alerte sur les conditions délétères dans lesquelles vivent encore de trop nombreux jeunes en France.

"87.000 étudiants ont entamé leur année universitaire sans logement et plus d’un étudiant sur deux, soit plus d’1,5 million d’étudiants, est mal logé", annonce l’Union étudiante en préambule de son enquête.

Selon la Fondation Abbé Pierre, la problématique "semble toucher durement les étudiants et parmi eux particulièrement les femmes, les étudiants étrangers et les boursiers", qui ont davantage de difficultés à trouver un logement correct.

Des étudiants sans domicile fixe

L’organisation syndicale alerte aussi sur un phénomène qui, s’il n’est pas nouveau, tend à s’aggraver et à se répandre davantage : le sans-abrisme étudiant. "Au mois de novembre, 2,9% des étudiants étaient encore sans solution de logement durable. Si nous étendons cette analyse à la population étudiante globale, cela concernerait donc pas moins de 87.000 étudiants", explique l'Union étudiante.

Parmi eux, plus de la moitié est logée chez des amis, et plus d’un quart chez des membres de la famille. Des solutions temporaires auxquelles tous n’ont pourtant pas accès. En effet, "3,55% des étudiants dorment dans leur voiture et près de 5% en Airbnb", liste l’Union étudiante dans son étude, entre deux photos de jeunes en tentes.

Des aides financières qui n’endiguent plus la précarité

Et les aides au logement semblent aujourd’hui ne plus suffire. Si près des deux tiers des étudiants interrogés par le nouveau syndicat étudiant bénéficient des APL, ce coup de pouce financier ne parvient pas à absorber le coût des loyers, élevés dans les métropoles et notamment en Île-de-France, ni la nette augmentation dans les Outre-mer et dans de plus petites villes, comme Le Havre, Dunkerque, Annecy ou encore Nanterre.

Pourtant, le coût du logement reste le facteur numéro un pris en compte par les étudiants pour se loger. L’organisation syndicale réclame une "hausse de 10% des APL" afin de mieux soutenir les étudiants quel que soit leur statut.

L'impact négatif du mal-logement sur les études

Et ce phénomène de mal-logement a, de facto, un effet sur les études. Ainsi, "18% des étudiants interrogés, [qu’ils vivent chez leurs parents ou non] considèrent que leur logement a un impact négatif ou très négatif sur leurs études", précise l’enquête, pointant du doigt la "corrélation entre les conditions matérielles d’existence et de bonnes conditions d’études".

Une conséquence particulièrement visible chez les boursiers : "Parmi les échelons 6 et 7, 23% jugent que leur logement a un impact négatif ou très négatif sur leurs conditions d’études". Aujourd’hui, plus de 63% des étudiants n’ont d’ailleurs, toutes situations de logement confondues, pas d’espace de travail personnel.

D’autres facteurs influent aussi négativement sur la réussite académique des jeunes : logements de très petite taille, passoirs thermiques, mauvaise isolation phonique, nuisibles… Ainsi, un étudiant sur dix vit avec des nuisibles et six sur dix souffrent du froid dans leur logement, à l’heure de l’explosion des coûts de l’électricité et de la crise énergétique.

150.000 nouveaux logements nécessaires urgemment

Face à cette crise du logement étudiant, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a rappelé la feuille de route du gouvernement avec la construction de 35.000 nouveaux logements étudiants pour l'horizon 2027 et la rénovation de résidences vétustes. Ceux-ci viennent s’ajouter aux 60.000 promis par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat, dont seulement la moitié a aujourd’hui vu le jour, notamment à cause des retards apportés par la crise sanitaire.

Une goutte d'eau pour l'Union étudiante qui réclame la création de "150.000 logements Crous ou à caractère social dans l’urgence, avec un objectif de 600.000 pour l’horizon 2035".

Le syndicat demande aussi l’extension du système de bourses aux étudiants étrangers, le gel des loyers et des charges et l’investissement de cinq milliards d’euros pour la rénovation des passoires énergétiques. Le syndicat continue par ailleurs de militer pour la mise en place d’un "revenu d’autonomie de 1.158 euros par mois", allocation soutenue par une partie de la classe politique ainsi que par plusieurs présidents d’universités.

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