Trouver un logement à Paris : les JO 2024 empirent-ils la galère ?
Ce n’est pas un secret : trouver un logement à Paris lorsque l’on est étudiant est un chemin semé d’embûches. Ce parcours est-il encore plus dur cette année, à cause des Jeux olympiques ?
Voilà un mois que Léa, qui sera apprentie à l’Académie internationale de la danse à partir de septembre, cherche un appartement à Paris (75). Une galère que subissent chaque année des milliers de futurs étudiants.
Et cette année, la tenue des Jeux olympiques dans la capitale pourrait bien aggraver la situation. "Je vois beaucoup d’annonces 'estivales', qui proposent des logements seulement de début juillet à mi-août", observe la jeune femme.
À Paris, 8.000 logements en moins par an depuis dix ans
Depuis plusieurs mois, nombre d’associations dénoncent les effets collatéraux des JO sur les étudiants d’Île-de-France : hausse des prix, notamment des transports, réquisition de certaines résidences du Crous… Mais la crainte porte aussi sur la diminution du nombre de logements disponibles.
"Depuis plusieurs années, nous observons une baisse continue du parc locatif privé à Paris", explique Pierre-Louis Monteiro, chargé de mission à l’ADIL 75 . En effet, selon Jacques Baudrier, adjoint en charge du logement à la mairie de Paris, la capitale a perdu environ 8.000 logements proposés à la location par an au cours de la dernière décennie.
Des logements qui sont soit repris à titre de résidence principale ou de résidence secondaire, soit mis en location touristique. Ce dernier phénomène pourrait bien affecter particulièrement les étudiants, constate Pierre-Louis Monteiro : "Les étudiants se tournent majoritairement vers des petites surfaces, souvent meublées. Or, ce sont les logements les plus facilement exploitables pour le tourisme."
Difficile à dire si les JO accentuent cette tendance, mais depuis septembre 2023, l’ADIL rapporte un "boom des consultations juridiques" : "Beaucoup de locataires ont reçu des congés bailleurs", détaille Pierre-Louis Monteiro. Traduction : les propriétaires demandent à leurs locataires de quitter leur logement avant l’été, malgré un bail en cours, en invoquant une future vente de leur bien, ou encore une reprise pour eux-mêmes ou un proche.
Mais dans 30% des cas, ces motifs ne seraient pas respectés. Résultat : des étudiants se trouvent contraints de déménager, et peinent à trouver un nouveau logement sur un marché déjà tendu.
Anticiper ses recherches de logement à Paris
Romane sait depuis février qu’elle a sa place en master de management du luxe sur l’antenne de GEM à Pantin (93). L'étudiante a donc décidé de commencer ses recherches dès avril, "avant les résultats de Parcoursup, mais aussi parce que j’avais peur qu’il n’y ait plus rien en juillet et août à cause des JO." Même stratégie d’anticipation pour Anne-Sophie, maman d’un futur étudiant en PASS.
Cependant, ni l’une ni l’autre n’ont finalement eu l’impression de subir un "effet JO". "Je me suis inscrite à un système d’alerte, et je recevais une à deux annonces par jour, rapporte Anne-Sophie. Après avoir trouvé un studio, j’en recevais encore, donc il y avait encore de l’offre."
Une offre toutefois réduite par rapport à la demande, comme en atteste le score de tension élevé de Paris – 3,75 selon la dernière étude de LocService, et 1,44 pour l’Île-de-France.
Un effet JO exagéré ?
"Il y a peut-être eu une 'enflammade' quant à cet effet JO", remarque William Vieillard, directeur général de la plateforme Immojeune, qui met en relation des étudiants avec tous types de bailleurs.
"Les propriétaires qui avaient l’habitude de louer leur bien à l’année à des étudiants, et qui se sont dit qu’ils pourraient le louer plus cher cet été à des touristes, se sont rendu compte que ces annonces n’attiraient personne… Ils préfèrent finalement maintenir leur logement à la location, et ne pas s’asseoir sur dix mois de loyer pour quelques nuits de location cet été", analyse le directeur général.
De la même manière, William Vieillard affirme que les résidences étudiantes n’ont pas été davantage prises d’assaut cette année que les précédentes.
Les places dans ces résidences restent toutefois rares. "J’ai envoyé des demandes partout, et la réponse a été négative dans 90% des cas", se désole Léa. De son côté, Romane a eu "la chance" de décrocher un appartement dans l’une d’entre elles. "Mais je suis obligée de payer les trois mois d’été", regrette-t-elle. Une dépense que certains étudiants ne peuvent pas se permettre.
Mais attendre septembre est-il la solution ? "Le risque, c’est que les étudiants acceptent des habitats indignes, ou sans bail, parce que l’offre est trop faible", présage Pierre-Louis Monteiro.
Son autre point d’inquiétude : que les logements loués à des touristes cet été ne reviennent pas du tout sur le marché locatif. "Ce serait catastrophique, mais on fera en effet le bilan de ces JO en septembre."