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Décryptage

Bac 2024 : les programmes de spécialité en terminale sont-ils trop lourds ?

En 2024, les épreuves écrites se tiendront au mois de juin.
En 2024, les épreuves écrites du bac se tiendront au mois de juin. © Frederic MAIGROT/REA
Par Marine Ilario, publié le 14 novembre 2023
5 min

Avec le report des épreuves de spécialités au mois de juin, c'est la totalité des programmes qui sera évaluable au bac. Des associations d'enseignants alertent sur leur difficulté à les terminer dans les temps et à préparer correctement les élèves pour le jour J.

"Faire 12 chapitres au pas de charge, c'est l’extension d’un bachotage qui n’a pas de sens pédagogique." Pour Benoit Guyon, co-président de l’APSES (l’association des professeurs de SES), la course contre la montre est déjà lancée pour terminer le programme de spécialité à temps pour le bac.

En 2024, les épreuves écrites se tiendront au mois de juin. Quelques semaines de cours supplémentaires qui ne semblent pas suffisantes pour terminer sereinement les programmes dans certaines spécialités. Les associations disciplinaires alertent sur les inquiétudes des enseignants et demandent des aménagements des programmes.

L’entièreté des thèmes évaluables le jour du bac

Pour Benoît Guyon, décaler les épreuves de spécialités ne pouvait se faire sans réfléchir au programme de ces épreuves. Si l’association a proposé des aménagements pour rendre le programme soutenable, c’est finalement l’entièreté des thèmes qui sont évaluables le jour du bac.

"On passe de sept chapitres pour le mois de mars à douze cette année pour le mois de juin, déplore le co-président de l'APSES. C’est quasiment un doublement du programme pour seulement un trimestre en plus."

Une situation ressentie aussi en SVT avec sept chapitres supplémentaires par rapport à l’année dernière. Au total, les élèves doivent étudier 20 chapitres et être capables de les mobiliser le jour de l’épreuve.

Une vraie inquiétude pour Emilie Bacro, membre du bureau national de l’APBG (l’association des professeurs de biologie) qui craint de terminer le programme de justesse. "L'année dernière, j’avais terminé le programme le vendredi et le bac avait lieu le lundi suivant." Si l’enseignante pense pouvoir enseigner toutes les notions, ce timing serré ne laissera que "peu de temps de révision et d’exercices".

Des emplois du temps à flux tendus

Un entraînement pourtant nécessaire pour réussir les épreuves. Sans compter qu’en SVT les élèves en passent deux : l’épreuve écrite et l’épreuve pratique d’ECE (évaluation des compétences expérimentales).

Avec des compétences différentes à mobiliser. "Il faut avoir le temps de digérer le fond du cours pour l'épreuve écrite, mais aussi pouvoir manipuler des logiciels ou un microscope par exemple pour l’épreuve expérimentale", indique Emilie Bacro.

En HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques), si le programme, qui passe de 4 à 6 thèmes, est faisable sur l’année, "aucune marge d’erreur n’est possible", s’inquiète Déborah Caquet, présidente des Clionautes, l’association des professeurs d’histoire-géographie.

"Une simple absence d’une semaine fait déjà perdre six heures de cours, illustre-t-elle. On peut très vite se retrouver dans une situation en tension." Un emploi du temps à flux tendu qui ne permet pas de développer des projets pédagogiques "comme la venue d’un conférencier ou l’organisation d’un voyage ou d’une sortie scolaire".

Et qui ne laisse que peu de place à la préparation du grand oral.

Moins de chapitres pour une meilleure acquisition des savoirs

Face à ces inquiétudes, certaines associations disciplinaires demandent une réduction des programmes. En SES par exemple, l’APSES propose l’étude approfondie de huit chapitres uniquement.

"On préfère traiter moins de thèmes, mais de manière satisfaisante pour que les élèves aient des savoirs plus solides, explique Benoît Guyon. Ils ne passent pas que le bac, il faut aussi les préparer à l’enseignement supérieur."

Même sentiment en HGGSP. Déborah Caquet reconnaît que travailler à "marche forcée ne permet pas une bonne acquisition des savoirs, surtout au milieu de l’année scolaire, lorsque les élèves commencent à révéler des signes de fatigue".

"Éviter le stress et les rétropédalages"

Loin de remettre en cause la qualité des programmes, les associations disciplinaires appellent le ministère à prendre en considération leur demande.

Marie-Thérèse Lehoucq, présidente de l’UdPCC (l’union des professeurs de physique et de chimie), apprécie l’exigence du programme de spécialité mais "les propositions d'aménagement nous semblent sensées pour prendre en compte les disparités des territoires". Car si dans certains établissements, les enseignants arriveront à terminer les programmes à temps, dans d’autres, "on risque de laisser des élèves sur le bord de la route", redoute Benoît Guyon.

Déborah Caquet le rappelle. "Il ne s’agit pas d’une demande de 'tire-au-flanc'. Notre intérêt est de faire en sorte que la note du bac ait un sens et que l’année se passe bien pour nos élèves et leur famille." Selon elle, les demandes des enseignants permettraient également d'"éviter le stress et les rétropédalages". Des conséquences observées régulièrement ces dernières années, chahutées par la mise en place la réforme et la crise sanitaire.

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