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Décryptage

La philosophie en terminale, à quoi ça sert ?

Pour Nayizid Saïd-Hachim, professeur agrégé de philosophie, "le cours de philo a vocation à être digéré par l’élève pour s’en servir dans la vie de tous les jours".
Pour Nayizid Saïd-Hachim, professeur agrégé de philosophie, "le cours de philo a vocation à être digéré par l’élève pour s’en servir dans la vie de tous les jours". © Adobe Stock/stasnds
Par Raphaëlle Orenbuch, publié le 15 septembre 2022
4 min

Depuis la réforme du bac, la philo est désormais l’unique épreuve sur laquelle tous les élèves de séries générale et technologiques planchent en même temps. Sorte de rite initiatique pour les bacheliers, elle demeure donc une matière incontournable du programme de terminale.

"Si c’est pour servir à quelque chose alors ça ne sert à rien", voilà ce que répondait le philosophe Vladimir Jankélévitch à la question : "À quoi sert la philosophie ?", en 1980, dans l’émission "Apostrophe". Une réplique culte mais aussi une formule qui permet d’entrevoir toute l’ambiguïté de cette matière qui ne ressemble à aucune autre.

Utile dans la vie de tous les jours

Avec ses quatre heures hebdomadaires et son coefficient 8 au bac général, la philosophie occupe une place importante dans le tronc commun de terminale. "Il y a déjà un but purement scolaire et professionnel : réussir en philo peut permettre de voir ses vœux acceptés sur Parcoursup mais aussi de se préparer à un entretien", explique Benjamin Ifrah, professeur de philosophie au groupe scolaire Sainte-Anne à Verdun (55). Romain, étudiant en deuxième année d’école de commerce, constate que les cours de philo l’ont effectivement aidé à se préparer aux entretiens pour ses stages : "J’ai l’impression que ça m’a appris à savoir argumenter".

Nouveauté de l'année de terminale, la philo ne ressemble pas vraiment à ce que le lycéen connaît déjà en termes d’apprentissage. Bien qu’il existe un socle de connaissances et des définitions à apprendre, "le contenu du cours a vocation à être digéré par l’élève pour s’en servir dans la vie de tous les jours", analyse Nayizid Saïd-Hachim, professeur agrégé de philosophie au lycée Camille Sée de Colmar (68).

Étude des problématiques et de l'argumentation

Un cours différent des matières scientifiques et de leur approche pratique évidente, mais aussi du français, pourtant souvent comparé à la philosophie. "Dans les cours de français, on s’attache plus aux effets stylistiques du texte, alors qu’en philo, ce sont plutôt les problématiques que l’auteur soulève qui nous intéressent", commente Nayizid Saïd-Hachim.

Des problématiques autour de thèmes universels comme la religion, le bonheur ou encore la justice ou l’art. Grâce à l’étude de textes, les professeurs attendent de l’élève qu’il s’approprie ces notions et émette sa propre réflexion. "On ne va pas noter les opinions du lycéen mais son argumentation, sa technique de réflexion", explique l’agrégé de philosophie.

Apprendre à réfléchir et à mieux se connaître

Réfléchir par soi-même pour notamment apprendre à mieux se connaître, c’est l’essence même de la célèbre phrase "Connais-toi toi-même", attribuée à Socrate. "La philosophie, c’est surtout un moyen de mieux penser, mieux vivre, mieux agir", abonde Benjamin Ifrah.

Valentine, étudiante à Sciences po Bordeaux (33), se souvient par exemple que la lecture du "Contrat Social" de Rousseau l’a profondément marquée en terminale : "Ca a été une révélation sur le fonctionnement de notre société, sur les raisons pour lesquelles il faut accepter des règles, des lois".

La philosophie est donc une matière loin des carcans scolaires, où le par-cœur n’a pas sa place. "Un élève qui recrache le cours dans sa dissertation, je lui mettrais 'trop scolaire' en commentaire. Il faut réfléchir par soi-même pour faire de la philosophie", témoigne Benjamin Ifrah. Et c’est une des raisons qui justifie que la philo ne soit enseignée qu’en terminale : la discipline nécessite une certaine maturité pour réussir à se détacher du cours et "se défaire du dogme de l’utilité, apprendre juste pour le plaisir", conclut le prof de Verdun.

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