Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues
On était une quinzaine de potes étudiants à Brest et accessoirement pions dans les lycées de la région. On organisait, chaque année, un repas pour fêter la fin des examens et on invitait les copains des copains, qui invitaient à leur tour, la copine de la copine. On s’est vite retrouvé à 500 personnes. Durant l’été 1992, il y avait la première édition du grand rassemblement des Vieux Gréements à Brest et Douarnenez [manifestation présentant d’anciens voiliers venus du monde entier, NDLR]. Alors on s’est dit que nous qui habitions les terres, on allait appeler notre rassemblement les Vieilles Charrues.
Votre rassemblement prend de l’ampleur...
Cela restait une fête de copains, organisée dans une petite commune, à Landeleau, près de Carhaix. Chacun d’entre nous amenait modestement son instrument pour jouer. En 1993, on s’est retrouvé à 2 000, puis 5 000 en 1994. Cette année-là, nous organisions un concert avec, entre autres, Dolly&Co et Les Satellites : notre première scène ! Devant un tel succès, on s’est dit qu’il faudrait peut-être songer à prendre une sécu pour éviter d’avoir à dormir toute la nuit sur la scène pour surveiller le matos ! Et puis, en 1995, on est venu s’installer à Carhaix avec l’envie de monter cette fois un véritable festival de musique.
Vous vous êtes très vite investi dans ce projet...
À l’époque, j’étais étudiant en histoire à la fac de Brest. J’avais du temps et j’étais surtout passionné de musique. Tout naturellement, j’ai commencé à m’occuper de la programmation du festival. Je m’éclatais comme un fou ! Parallèlement, après la fac, j’ai enchaîné avec un BTS action commerciale. Quand j’ai décroché mon diplôme, je me suis dit qu’il fallait que je trouve un boulot qui ne me prenne pas trop de temps pour pouvoir continuer à m’investir dans ce festival qui remportait chaque année un vif succès.
Pour quel job avez-vous opté ?
Vous allez rire, mais je suis devenu visiteur médical à mi-temps en 1997. Ça payait pas mal, les journées étaient courtes : un super bon plan pour continuer à faire partie de l’équipe des Vieilles Charrues. Puis, j’ai enchaîné avec un autre mi-temps au Poher hebdo [hebdomadaire du centre Bretagne, NDLR] dont le fondateur et directeur était l’un de mes potes de fac, mais aussi le président de notre festival, Christian Troadec, aujourd’hui maire de Carhaix. Je m’y occupais des ventes.
Puis vous devenez le premier salarié des Vieilles Charrues...
Le 1er janvier 2000, je suis effectivement embauché à plein-temps en tant que responsable de la programmation du festival. Aujourd’hui, grâce à ce poste, je voyage pas mal pour rencontrer les agents et pour découvrir de nouveaux artistes. L’équipe compte désormais sept permanents attachés au festival. Et au-delà de ces emplois, les Vieilles Charrues ont créé dans la région l’équivalent de 100 postes à l’année.
Comment a évolué votre métier de programmateur depuis dix ans ?
C’est vrai que le disque s’est un peu cassé la gueule et donc la musique live a pris une autre dimension économique. Il y a de plus en plus de festivals qui poussent un peu partout, en Pologne, au Japon, avec des grosses têtes d’affiche, mais qui pratiquent des gros tarifs. À nous d’essayer d’attirer les groupes à travers autre chose que l’argent…
BIO express 1966 : naissance à Carhaix (29). 1992 : à l’origine de l’association les Vieilles Charrues avec Christian Troadec. De 1992 à 1996 : bénévole responsable de la programmation artistique du festival. Depuis 1997 : devient salarié à temps partiel de l’association les Vieilles Charrues en tant que programmateur et responsable du dispositif "les Jeunes Charrues en Concert" (tremplin). 2008 : Dix-septième édition du festival des Vieilles Charrues du 17 au 20 juillet. |