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Comment je suis devenue Amélie Nothomb

publié le 18 septembre 2007
5 min

Amélie Nothomb
Amélie nous reçoit dans un petit bureau des éditions Albin Michel, dans le XIVe arrondissement. Elle répond ici aux lettres de ses innombrables lecteurs. Elle nous confirme qu’elle prend le temps d’envoyer un mot à chacun, excepté aux courriers « irrespectueux ». Pour cette femme qui, pendant des années, s’est sentie extrêmement seule, exister aux yeux de tous ces gens relève du miracle. Et la romancière de s’étonner : « Le plus magnifique dans cette histoire, c’est qu’elle dure depuis quinze ans ! » Retour sur le fabuleux destin d’Amélie.

Une enfance nomade

Fille de l’ambassadeur et écrivain belge Patrick Nothomb, Amélie naît le 13 août 1967 au Japon, dans la ville de Kobé. Elle y vivra jusqu’à l’âge de 5 ans et restera à jamais imprégnée par la culture nippone. Plus tard, elle racontera d’ailleurs une partie de son enfance dans son roman Métaphysique des tubes. La famille quitte Kobé pour Pékin, puis New York, séjourne pendant deux ans au Bangladesh, ensuite ce sera la Birmanie, le Laos et enfin Bruxelles. Amélie avoue être encore aujourd’hui très nostalgique de sa petite enfance : « C’est certainement l’âge où l’on ressent les choses dans toute leur plénitude, qu’elles soient atroces ou bienheureuses. » Au Bangladesh, elle découvrira notamment l’extrême misère de la maladie, de la mort. Sa sœur et elle se sentent coupables. Cette horreur les rend malades. Elles deviennent anorexiques et ne se quittent plus.

« À Bruxelles, on me regardait comme une cloche absolue »

Éternelles expatriées, les jeunes filles ressentent un profond sentiment de solitude et se replient sur elles-mêmes. L’arrivée en Belgique est brutale et ne va qu’amplifier ce mal-être. Amélie n’oubliera jamais les propos monstrueux de l’une de ses grand-mères à son arrivée : « J’espère que tu es intelligente, parce que tu es tellement laide ! » Amélie a 17 ans. Elle intègre l’Université libre de Bruxelles. Et raconte : « Les jeunes étaient terriblement conformistes. Je faisais des tentatives pour aller vers eux, mais en vain, j’étais trop décalée. Je portais un pantalon de prisonnier laotien et je n’avais jamais entendu de rock. En fait, c’est la littérature qui m’a sauvée. Un jour, j’ai lu les Lettres à un jeune poète de Rilke. Cela a été une révélation. La question ne se posait plus. Je me suis mise à écrire un roman, sans intention d’ailleurs de le publier ni d’être écrivain. »

« Écrire me donne froid »

De 17 à 23 ans, Amélie écrit donc avec fougue, mais cherche encore sa voie professionnelle. À 21 ans, après avoir réussi l’agrégation, elle retourne au Japon et entre dans une grande entreprise nippone. Après cette expérience difficile qu’elle romancera dans Stupeur et Tremblements, elle rentre en Belgique et publie Hygiène de l’assassin en 1992. Il est vendu à 100 000 exemplaires. C’est le début de la gloire.
Aujourd’hui, Amélie vit de l’écriture, sa passion. Elle y consacre quatre heures par jour, généralement de 4 heures à 8 heures du matin. Et de confier : « J’écris sur des carnets à spirale, toujours emmitouflée dans une couverture ou un pull, car écrire me donne froid. Toute l’énergie de mon corps va vers ma tête, alors je frissonne tout le temps. Et je ne peux pas manger, je ne bois que du thé, mon carburant. » Et de conclure : « Une fois que mon livre est terminé, je me sépare de mon bébé. C’est terriblement émouvant et angoissant. On se réjouit et on a peur aussi pour son enfant. »

Ni d’Ève ni d’Adam, le seizième roman d’Amélie Nothomb, raconte la jolie histoire d’amour entre un jeune Tokyoïte et l’auteur, lors de son retour au Japon, à 21 ans.
« Ni d’Ève ni d’Adam », éditions Albin Michel, 17,90 €.



Bio express


1967 : naissance d’Amélie à Kobé, au Japon.
1979 : elle reçoit en cadeau d’anniversaire un éléphant pour vingt-quatre heures.
1992 : son premier roman, Hygiène de l’assassin, se vend à 100 000 exemplaires.
1999 : elle reçoit le Grand Prix du roman de l’Académie française pour Stupeur et Tremblements.
2007 : sortie fin août de son dernier roman, Ni d’Ève ni d’Adam.
 

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