Gel de la part collective du Pass Culture : quelles conséquences pour les élèves ?

Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé le gel du budget alloué à la part collective du Pass Culture. Cette décision prend de court les équipes pédagogiques qui craignent de ne pas pouvoir financer les activités et sorties culturelles prévues pour la fin de l’année scolaire.
Mise en place depuis l'année scolaire 2022-2023, la part collective du Pass Culture est utilisée dans les collèges et lycées pour financer des projets culturels et permettre aux élèves d’accéder à une diversité d'activités artistiques et patrimoniales.
Face au contexte budgétaire compliqué, le Sénat a voté, le 17 janvier dernier, une baisse de 25 millions d’euros de la part collective destinée aux collèges et lycées, passant de 97 à 72 millions en 2025. Par conséquent, les équipes pédagogiques des établissements ont découvert que les fonds destinés à la part collective du Pass Culture seraient gelés à 50 millions d'euros, à partir du 31 janvier.
"L’argument invoqué, pour tenter de justifier cette décision brutale est le lissage sur l’année civile des crédits dédiés à la part collective du Pass Culture, afin de garder des fonds disponibles pour le début de la prochaine année scolaire", précisent dans un communiqué les principaux syndicats enseignants.
L’interruption soudaine de la part collective du Pass Culture en milieu d'année scolaire risque d'entraîner l'arrêt des sorties culturelles des élèves, faute de pouvoir trouver une solution de financement alternative.
Sorties culturelles, rencontres avec des artistes… Comment est utilisée la part collective du Pass Culture ?
"La part collective est utilisée pour des projets qui vont de la 6e à la 3e. On a souhaité qu’au moins un projet soit mis en place pour chaque classe, comme une sortie au musée, au théâtre, au cinéma. Cette année, on a des élèves qui se sont rendus à la Comédie Française", explique Marie Tamboura, principale du collège Césaria Evora, à Montreuil (93) et élue du SNPDEN-UNSA.
La part collective est également utilisée pour financer des initiatives au sein même des établissements. "On avait aussi des interventions au sein du collège, des projets ponctuels, comme la projection d’un film d’une thématique travaillée en classe. Tout cela nous a permis de maintenir une offre culturelle et artistique", assure-t-elle.
Robert Delort, professeur de lettres classiques au collège, et président de l'association "Arrête Ton Char !", a créé le Prix Littérature Jeunesse Antiquité, autour de la lecture et de l’écriture, de la littérature jeunesse et de l’Antiquité. "Nous organisons des rencontres entre des auteurs et des élèves pour rendre ce prix un peu vivant. Les auteurs sont rémunérés en étant affiliés au Pass Culture", précise-t-il.
L'enseignant craint que la fin de la part collective entraîne la suppression de ces rendez-vous littéraires dans les établissements. "La grande cause nationale de la lecture n’aura de grande cause que le nom. C’est quelque chose d’assez injuste alors que l’accès à la culture n’est pas homogène sur le territoire."
Une déception partagée par la communauté éducative
À l’annonce de la suspension de la part collective du Pass Culture, les établissements se sont précipités sur la plateforme pour déposer des projets. "Tout le monde a posé des projets, néanmoins il reste un trimestre, et les projets de fin d’année scolaire n’ont pas été déposés", explique Marie Tamboura.
Par conséquent, un grand nombre de projets ne pourront être menés dans les établissements scolaires. "Il y a beaucoup de déception, voire de colère, sur la méthode employée, et sur le fond", continue la principale.
Le dispositif avait pourtant fait preuve de sa pertinence auprès des collèges et lycées. "C’est un dispositif qui fonctionne très bien. Quel est le sens de faire des économies budgétaires sur la culture et la formation de nos élèves ?" s'indigne Marie Tamboura. Il y a aussi beaucoup de colère de la part des institutions culturelles."
La communauté éducative demeure pour l’instant dans l’incertitude sur ce qui va advenir de la part collective. "On est dans le flou le plus total. On souhaite que les crédits pensés jusqu’à la fin de l’année scolaire puissent être assurés, que ce que nous avions programmé jusqu’à la fin de l’année puisse réellement se faire", conclut la principale.