
Ces deux mondes ne sont pas encore tout à fait apprivoisés. Si le mot "employabilité" n’est plus un gros mot depuis longtemps à l’université, les entreprises ne sont pas encore totalement satisfaites des qualités déployées par les diplômés issus de ces établissements, malgré beaucoup d’efforts entrepris ces dernières années avec la création de nombreuses licences professionnelles et de masters en alternance.
Une méconnaissance du monde universitaire
Selon un sondage OpinionWay réalisé pour le compte de la Conférence des présidents d’université (CPU), 83% des 500 décideurs consultés (420 chefs d’entreprise et 80 élus) estiment que "les diplômés de l’université ne sont pas assez préparés à la vie professionnelle et 64% qu’ils ne sont pas assez préparés à travailler à l’international." Un sentiment plus marqué encore chez les dirigeants d’entreprises de plus de 250 salariés (76%). En sus, selon le sondage, 44% des patrons interrogés estiment que ces diplômés ne sont pas capables de travailler en autonomie.
Au-delà de cette vision des diplômés universitaires, c’est surtout la méconnaissance des chefs d’entreprise pour le monde de l’université qui semble à l’origine de ce sentiment. Seulement la moitié des personnes interrogées (53%) déclare être bien informées des formations proposées par les établissements supérieurs publics, la recherche qu’ils produisent ou les moyens dont ils disposent, alors qu’à l’autre bout du spectre, 12% seulement se disent "très bien informées."
Autre argument plaidant dans le sens de la méconnaissance, les décideurs qui ont fréquenté l’université sont nettement plus positifs sur l’adaptation de ces établissements "aux transformations de la société". Près de 69% d’entre eux trouvent que les universités apportent "de bonnes réponses", tandis que "56% des personnes qui ne sont pas allées à l’université" affichent une opinion favorable en la matière.
Des attentes fortes vis-à-vis de l'université
Malgré ce constat mitigé, le président de la CPU Manuel Tunon de Lara préfère voir le verre à moitié plein puisque, selon ce sondage, 94% des élus et 85% des dirigeants d’entreprise ont une bonne opinion de l’université. "Les élus et chefs d’entreprise ont de fortes attentes vis-à-vis de l’université et de la recherche scientifique, en particulier pour atteindre les objectifs de développement durable, sur l’attractivité des territoires et la formation des compétences de demain. Nous devons donc faire plus et mieux car ces fortes attentes nous obligent. Elles nous indiquent des marges de progression et nous invitent à travailler encore plus, à accélérer nos transformations et à mieux faire connaître nos réussites et nos points forts", analyse-t-il.
Parmi les points d’amélioration à apporter figurent, en bonne place, la facilitation d’accès aux stages en entreprise. Une requête qui rejoint celle plaidant pour toujours plus de professionnalisation dans les formations et les cursus universitaires.