Qu'est-ce que le CMI, cette alternative universitaire aux écoles d'ingénieurs ?

Le cursus master en ingénierie, dispensé à l'université, mène aux métiers d'ingénieurs sans passer par une école d'ingénieurs. Deux étudiants racontent comment se passe cette formation en cinq ans.
Saviez-vous qu'il était possible de suivre des études en ingénierie directement à l’université ? Accessible sur Parcoursup, le CMI est une formation universitaire en cinq ans (licence et master renforcés) adossée à un parcours scientifique exigeant.
Mathématiques, géographie, sciences de la terre… il existe au total 18 domaines de formation. Comme en école d’ingénieurs, ce parcours allie cours théoriques, projets et stages pour former des scientifiques spécialisés avec une approche recherche. Deux étudiants en première année de master nous racontent leur parcours à l’université.
Une formation d'ingénierie mais pas une école d'ingénieur
Après avoir envisagé un cursus en école d’ingénieurs, Justine a finalement préféré rejoindre la fac. "Un de mes camarades avait postulé pour un CMI et ce parcours avait l’air d’être intéressant", précise l'étudiante de 21 ans. Aujourd’hui en quatrième année de CMI à l’université de Toulouse (31), elle suit une 1e année de master axé sur le côté vert de la chimie. "On apprend plein de méthodes plus respectueuses de l’environnement, ce sera un grand enjeu dans l’avenir", explique-t-elle.
Et l'étudiante a bien conscience de ne pas préparer un diplôme d'ingénieur. "On ne fait pas le CMI pour partir en école d’ingénieurs, on sait qu’on est là pour un cursus de fac".
Pour sa part, Audric, 21 ans, passionné d’informatique depuis le lycée, est en première année de master Image et 3D et en 4e année de CMI à l’université de Strasbourg (67). "J’étais très intéressé par des études de jeu vidéo. Mais il y a beaucoup d’écoles privées et je n’en avais ni les moyens, ni l’envie. Je me suis donc tourné vers ce parcours dans le public", explique-t-il.
Une licence classique enrichie avec des cours spécialisés et des projets
Dès la première année de licence, les étudiants suivent les cours d'une licence classique, avec un enseignement renforcé dans le cadre du CMI. "Cela correspond à 20% du volume horaire par an en plus. On aborde le management, la gestion de projets… cela n’a presque rien à voir avec la formation initiale, c’est vraiment une ouverture", témoigne Justine.
Audric a eu l’occasion de développer des compétences en imagerie numérique en suivant des cours en infographie 3D et de moteur graphique 3D, des disciplines en lien direct avec sa formation initiale. "Le CMI permet de s’enrichir dans plein de domaines différents. Mais c’est important de bien regarder les programmes, car parfois le fait d’avoir beaucoup de cours sans comprendre pourquoi, ça décourage", conseille-t-il.
Tout au long du parcours, les étudiants travaillent en mode projet. "En deuxième année, j’ai rédigé un article scientifique, cela m’a demandé de contacter des chercheurs de l’université, c’était vraiment intéressant", illustre Justine. "J’ai pu faire de la programmation 3D sur carte graphique, le projet final était de reproduire le système solaire", enchaîne Audric.
Malgré tous les atouts de cette formation, l’étudiant souligne que réussir à l’université requiert une grande autonomie et une capacité à travailler de manière indépendante. "Ça reste la fac, on ne sera pas guidé de bout en bout", précise-t-il.
Des stages en laboratoire qui ouvrent des perspectives
Autre avantage de la formation : les étudiants doivent effectuer des stages, leur permettant d'acquérir une première expérience professionnelle. "En L2, j’ai passé six semaines dans le laboratoire de chimie de coordination de l’université, j’ai participé à la synthèse de molécules organiques et inorganiques, témoigne Justine. Ce stage a répondu à plusieurs questions que je me posais sur le métier de chercheuse."
L'année suivante, Justine s’est envolée pour les États-Unis, direction l’université du Michigan. Pendant trois mois, elle y a travaillé avec une équipe de recherche sur la synthèse de médicaments. "C’était un défi de partir toute seule. J’ai pu développer un nouveau vocabulaire scientifique." En mai, elle partira en stage à l’université de Waterloo, au Canada.
Cette proximité avec le monde de la recherche a également conduit Audric à revoir son projet professionnel. "Au départ, c’est le jeu vidéo qui m’a poussé vers ce CMI, mais c’est compliqué d’avoir des stages dans le secteur, regrette-t-il. J’ai fait un stage dans un labo en L3, où j’ai participé au développement d’une application pour scanner des arbres."
Avant la fin de l’année, l’étudiant se rendra en stage au Centre Inria de l'université de Bordeaux (33) afin de renforcer ses compétences en animation 3D. Forts de ces expériences professionnelles en laboratoire, l’un comme l’autre envisagent se lancer dans la recherche et de suivre un doctorat après le master.
Il ne faut pas confondre le CMI avec le cycle ingénieur qui existe uniquement au sein des écoles d’ingénieurs accréditées par la CTI . Par conséquent, le CMI ne délivre pas le titre d’ingénieur à l’issue de cette formation. Mais les étudiants peuvent s’orienter vers les métiers d’ingénieurs muni de leur diplôme de master.