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Reportage

Le Parlement des Étudiants : des députés en herbe qui apprennent "l'art oratoire" en "respectant l'avis d'autrui"

Ce soir au Parlement des Etudiants, les "députés" discutent d'une proposition de loi sur la dette.
Ce soir au Parlement des Étudiants, les "députés" discutent d'une proposition de loi sur la dette. © DR
Par Léa Fournier, publié le 08 avril 2025
5 min

Des étudiants ont participé à une simulation parlementaire à l’université de Valenciennes. Organisé par le Parlement des Étudiants, cet exercice leur permet d’apprendre à défendre leurs idées et à se familiariser avec les rouages de la politique… de façon théâtrale.

Une petite trentaine d’étudiants se retrouve dans l’amphi A du campus des Tertiales à l’université de Valenciennes. Cravates ajustées, chaussures de ville, chemisiers… Certains sont tirés à quatre épingles. Et pour cause, ce mercredi 26 mars, ils participent à une simulation de débat parlementaire.

L’évènement est organisé par le Parlement des Étudiants, une association de promotion du débat démocratique. Ce soir, les "députés" discutent d'une proposition de loi sur la dette. Au programme : amendements, discours au perchoir, votes… Comme à l’Assemblée nationale. 

Au Parlement des Étudiants on apprend à débattre avec respect

"On a des opinions qui divergent, c’est important de savoir les défendre", sourit Adil, le président de la branche valenciennoise du Parlement des Étudiants. Étudiant en deuxième année de licence pro d’intervention sociale, il a participé à toutes les simulations parlementaires organisées à Lille lors de l’année 2023-2024.

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À l'image des députés qui garnissent les bancs de l'Assemblée nationale, les étudiants se concertent en vue de défendre leur projet politique. DR

"Je me suis dit : ‘Pourquoi ne pas développer une branche à Valenciennes ?’”, explique-t-il. "Normalement, on est beaucoup plus. Mais pour une première, on se disait que 35 députés maximum c’était déjà bien. L’idée, c’est surtout de faire connaître l’association et faire en sorte qu’elle puisse grandir." Lors de la dernière simulation parlementaire lilloise, qui s’est déroulée à Sciences po, une centaine de jeunes avaient participé.

Se familiariser avec les outils du débat démocratique

Avec plus de 2.000 adhérents, l’association compte une vingtaine de sections, réparties sur tout le territoire : de Valenciennes et Lille à Reims, en passant par Paris, jusqu’à Lyon, Rennes ou encore Bordeaux. "Une centaine de bénévoles organisent des simulations parlementaires, des conférences et des visites d’institutions", précise le Parlement des Étudiants sur son site internet. Objectif : permettre aux jeunes "de s’exprimer, d’échanger dans de bonnes conditions et de se familiariser avec les mécanismes législatifs et politiques".

Tandis que les étudiants s’installent de part et d’autre de l’amphithéâtre – en fonction de leur orientation politique du jour – Adil monte sur l’estrade, en tant que président de l’Assemblée. "Chers étudiants, on l’a fait ! On a monté cette nouvelle section", déclare-t-il fièrement. "Ici, c’est le moment de prendre la parole. Peu importe d’où tu viens et ce que tu penses !" Quelques règles cependant : l’ouverture et la tolérance.

Art oratoire, enrichissement du CV et rencontres

Le 30 janvier dernier, à Lille, les débats se sont plutôt clos par des esclandres : un élève de l’ESPOL (l’école de sciences politiques de l’Université Catholique) a fait des saluts nazis. S’en est suivie une plainte des directeurs de Sciences po et de l’ESPOL, pour apologie de crime contre l’humanité. Un acte isolé, qui ne représente pas l’état d’esprit du Parlement des Étudiants. 

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L'objectif du Parlement des Etudiants ? Permettre aux jeunes "de s’exprimer, d’échanger dans de bonnes conditions et de se familiariser avec les mécanismes législatifs et politiques". DR

Justine, 20 ans, étudiante en sciences politiques à l’université de Lille, est venue exprès pour cette première simulation valenciennoise. Grâce à l’association, la jeune femme a fait "plein de rencontres" : "On se fait des potes, c’est super !" Surtout, pour elle, il s’agit "d’apprendre l’art oratoire et le respect des arguments des autres !"

"Je trouve même que respecter l’avis d’autrui, c’est un pré-requis pour participer", abonde Lylou. À 17 ans, cette lycéenne participe à ce type de simulations depuis deux ans. En s’impliquant dans les événements du Parlement des Étudiants, elle se "sensibilise à l’écriture de textes juridiques". De quoi, aussi, enrichir son CV et son dossier pour intégrer la filière qu’elle souhaite l’année prochaine, en sciences politiques ou relations internationales. "C’est l’occasion d’acquérir de nombreuses connaissances et qualités", confirme Edgar, le coordinateur national de l’association.

Une association de théâtre parlementaire

La séance parlementaire s’ouvre. Le thème du jour : la dette. L’un des députés du groupe fictif La Droite Pragmatique ouvre les débats avec une proposition de loi. Ici, pas question d’évoquer des personnalités de la vie politique réelle – sous peine de se voir infliger un rappel au règlement par le président de l’Assemblée.

Dans l’hémicycle, les étudiants surjouent leur rôle de députés, se lancent des piques et ironisent. "Je compte sur vous pour être dignes de votre mandat et écouter les élus d’opposition", dit une députée de droite. "Votre article est anticonstitutionnel !", réplique-t-on à gauche. "Vous préférez cacher la vérité et votre gestion catastrophique de la dette !", clame un autre. À chaque intervention, le groupe applaudit démesurément les joutes verbales de son député.

"L’idée, c’est aussi de faire du théâtre", précise Hugo, depuis l’aile gauche du parlement. Ainsi, les étudiants ne choisissent pas forcément de s'asseoir là où penchent leurs idées dans la réalité… "Ça rajoute de l’enjeu", s’amuse l’étudiant. De quoi cultiver l’amour du débat.

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