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Reportage

"J'avais besoin de faire des choses manuelles" : à l'école Être, ces jeunes décrocheurs qui se forment aux métiers du bois

Métiers du bois
Les formations dispensées par l'école Être sont "un tremplin" pour raccrocher un public jeune, en difficulté de toute sorte : décrochage scolaire, handicap, difficultés psychiques, de logement… © Sarah Nafti
Par Sarah Nafti, publié le 11 avril 2025
5 min

L’école Être Paris propose des formations de trois mois dans des secteurs porteurs de la transition écologique à des jeunes éloignés de l’emploi. Reportage dans la session consacrée à la filière bois.

Dans l’atelier, le bruit de la ponceuse couvre leurs voix. Loan et Max sont affairés à la construction d’un grand panneau en bois, qui encadrera bientôt les affichages de la mairie du 14e arrondissement de Paris. Avec six autres apprenants, ils font partie de la formation "filière bois" proposée par l’École Être Paris jusqu'à mi-avril, au tiers lieu Césure.

Pour Loan, c’est un premier pas vers une reconversion, longuement réfléchie. Après des études de cinéma, il a travaillé en restauration. "Dans l’idéal, je voulais aller vers la construction de décors pour le cinéma et le théâtre", explique-t-il. Mais, alors qu’il cherchait prioritairement des CAP en alternance en menuiserie, le jeune homme de 26 ans ne parvenait pas à trouver d'entreprise : "Je n’avais pas le bagage nécessaire", analyse-t-il. L’école Être sera, il l’espère, un premier pas vers son objectif.

La filière bois, une formation en lien avec la transition écologique

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Cette école un peu spéciale propose des formations manuelles pour des jeunes éloignés de l’emploi, en lien avec la transition écologique. "À Paris, cela concerne l’agriculture urbaine, les métiers du vélo, les énergies renouvelables et la filière forêt bois", détaille Marine Weller, co-directrice de l’école Être Paris, qui fait partie d’un réseau de 29 structures en France.

Chacune porte son projet pédagogique, en lien avec son territoire et les demandes des entreprises. Ces formations sont "un tremplin" pour raccrocher un public jeune, en difficulté de toute sorte : décrochage scolaire, handicap, difficultés psychiques, de logement…  En trois mois, ils peuvent découvrir des nouveaux métiers, rencontrer des professionnels mais aussi "voir si le domaine leur plaît", note Marine Weller.

Pour Max, la filière bois est une révélation

Pour Max, la filière bois est une révélation. Après un BTS technico-commercial, c’est lors de sa recherche d’alternance en école de commerce que le jeune homme de 21 ans constate que le secteur n’est pas pour lui. "J’ai toujours aimé construire, réparer, faire des cabanes… Je préférais repartir de zéro plutôt que de réaliser dans 10 ans que le travail que je fais ne me plaît pas !"  

En cherchant des formations dans le bois sur le site de France Travail, il tombe sur l’école Être. Depuis qu’il a commencé, il ressent un "vrai plaisir" à s'y rendre au quotidien : "Ça me réconforte dans l’idée que c’est ce que je veux faire." Le côté manuel, les résultats concrets des projets menés, le fait de ne pas être dans un cadre scolaire : tout diffère des formations qu’il a connues jusque-là. Désormais, Max envisage de se tourner vers un CAP charpente, avec les Compagnons du devoir.

La démarche a été la même pour Lina. À 21 ans, la seule fille du groupe a commencé par des études d’arts plastiques, qu’elle a arrêtées en L2 : "Je trouvais l’enseignement trop scolaire, j’avais besoin de faire des choses manuelles." Désormais, celle qui aime "être sur le terrain" apprécie "d’apprendre de nouvelles techniques" et "de travailler un matériau noble". Pour son avenir, elle s’interroge encore, et compte tester la prochaine session de la formation "agriculture urbaine".

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Une alternative à l'alternance

L’un des chantiers de la formation est la construction de deux canoës, l’un en bois exotique, l’autre en bois local. Masque sur le nez, Gatien, 22 ans, travaille sur l’étanchéité du bateau. Plusieurs années après avoir décroché en première, il a découvert Être par le biais de la mission locale de Lagny-sur-Marne. Son rêve : associer ses deux passions pour le bois et pour l’histoire en travaillant sur des chantiers de rénovation historique.

Comme Loan, il a déjà cherché, sans succès, des formations en alternance "pour de la menuiserie ou de la coutellerie" : "Je trouvais les écoles, mais, habitant à la campagne, je n’avais pas d’entreprise où faire ma formation."

Avec des groupes de 10 maximum, il est possible "d'accompagner" les jeunes "au mieux et de préparer l'après-formation", explique Marine Weller, qui précise que l'école les suit jusqu'à deux ans après leur sortie. En trois ans d’existence, Être Paris a accompagné 155 jeunes, et affiche 85% de sorties dynamiques un an après l'entrée en formation, (qu'ils soient en emploi, en Contrat engagement jeune (CEJ), ou qu'ils aient entamé des démarches MDPH pour la reconnaissance d’un handicap). Parmi eux, 70% suivent une formation certifiante, qualifiante, ou sont en emploi. "Le but est de leur redonner un lien de confiance avec l’apprentissage", résume-t-elle.

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